Pollution, sang contaminé, Distilbène…ces scandales qui nous empoisonnent

Pollution, sang contaminé, Distilbène…ces scandales qui nous empoisonnent

Les scandales sanitaires peuvent-ils conduire l’État sur le banc des accusés ? C’est en tout cas ce qu’espère Clotilde Nonnez en déposant une requête contre lui devant le tribunal administratif de Paris pour son inaction contre la pollution de l’air, dont elle serait l’une des victimes. Mais pour faire reconnaître la responsabilité des autorités publiques le chemin est souvent long et l’issu incertaine. Retour sur 70 ans de scandales sanitaires.
Public Sénat

Par Béatrix Moreau

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1976 : l’amiante, tout casser pour tout refaire

Depuis les années 40, les risques encourus par l’inhalation de l’amiante sont connus. En 1976, une conférence du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe l'amiante comme « cancérigène avéré » pour l'homme, mais son utilisation ne cesse pas pour autant. Il faut attendre 1997 pour que son usage soit totalement interdit, notamment dans le bâtiment, « ce qui veut dire tout casser pour tout refaire » souligne le professeur Jean-Noël Fabiani, historien de la médecine et chef de service de cardiologie à l’hôpital Georges Pompidou. « Cela pose des problèmes, ne serait-ce par rapport à l’organisme payeur » finalement « cette question de l'intérêt financier revient dans tous les scandales médicaux ».

 

1985 : le traumatisme du sang contaminé

Venir se faire soigner, repartir empoisonné, l’affaire du sang contaminé tourne au sordide. Dans les années 80 en effet, des milliers d'hémophyles sont transfusés à partir de prélèvements infectés par le virus du SIDA ou par des hépatites, alors même que le centre national de transfusion sanguine est au courant. « C’est un véritable scandale » réagit maître Lavaur, avocat de l’Association française des transfusés, « en France, plus de 600 000 personnes sont atteintes de l’hépatite C et quasiment la moitié l'a été, lors de ces transfusions ! ». Pour ces victimes, la question de l’indemnisation n’est arrivée que très tardivement voir « beaucoup trop tard, avec 20 ans de retard » ajoute  l’avocat « alors que les premières plaintes datent de 1988 ».
Pour le professeur Fabiani la révélation du scandale « a été un traumatisme terrible, tout a changé dans les rapports avec les patients, un climat de suspicion est né, la confiance (entre patients et médécins) a été rompue ».

Jean-Noël Fabiani : avec l'affaire du sang contaminé un lien de confiance s'est rompu entre patients et médecins
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2009 : maigrir mais à quel prix ?

En février 2007, le docteur Irène Frachon, pneumologue à l'hôpital de Brest, tire la sonnette d’alarme et prévient Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) des risques liés à la prise de Médiator. Elle accuse le médicament, prescrit notamment comme coupe-faim, d’être responsable de cas de valvulopathie. Déjà interdit en Suisse depuis 1998 et en Espagne depuis 2003, le Médiator n’est retiré de la circulation qu’en novembre 2009 en France. Dans cette affaire, le problème est intimement lié « à la pharmacovigilance et au fait que les instances soient mouillées » avance maître Lavaur.

2012 : Scandale du Distilbène, justice n’est toujours pas faite

De 1955 à 1977, 200 000 femmes se sont vues prescrire du Distilbène pendant leur grossesse, dans le but de prévenir d’une éventuelle fausse couche. Si des doutes sont émis sur l’efficacité du médicament, ses effets secondaires, eux, ne tardent pas à se manifester. Cancers, malformations génitales, les enfants nés d’une mère sous Distilbène sont victimes des effets pervers de ces médicaments et peinent pourtant à faire reconnaître sa causalité. Leurs avocats « se doivent d’être jeunes car les dossiers sont longs » sourit amèrement maître Lavaur. En 2012, l’avocate de deux « filles du Distilbène » continue de porter l’affaire devant les tribunaux, interpellant également sur la procédure judiciaire : « lorsque vous êtes nés entre 1950 et 1977, que vous êtes susceptibles d’avoir été exposé au DES, que votre mère encore vivante dit qu’elle en a pris et que les médecins évoquent chez vous un syndrome post DES, c’est au laboratoire nom d’un chien de prouver que leur produit n’est pas en cause ! » se révolte-t-elle devant les caméras. Preuve s'il en fallait du parcours du combattant mené par les victimes, face à des laboratoires qui bénéficient de cabinets juridiques puissants.

Interrogé sur le principe nécessaire de précaution ,en matière de médicament, le professeur Fabiani de conclure : « Soyons clair, un médicament ne sera jamais un bonbon(...)  il y aura toujours des effets secondaires, négatifs, voir pervers ».

 

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1er diffusion vendredi 16 juin à 23h

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