Selon Nicolas Baverez, « Trump et Bolsonaro considérent « qu’une fois élu, on a tous les pouvoirs » »
Pour l’historien Nicolas Baverez, Alexis de Tocqueville avait pensé le populisme et son risque : celui de « la démocratie despotique ». Avec ses invités, Guillaume Erner tente d’éclairer sur un phénomène qui souffle à nouveau sur les démocraties de tous continents, sur le plateau de Livres&Vous.

Selon Nicolas Baverez, « Trump et Bolsonaro considérent « qu’une fois élu, on a tous les pouvoirs » »

Pour l’historien Nicolas Baverez, Alexis de Tocqueville avait pensé le populisme et son risque : celui de « la démocratie despotique ». Avec ses invités, Guillaume Erner tente d’éclairer sur un phénomène qui souffle à nouveau sur les démocraties de tous continents, sur le plateau de Livres&Vous.
Public Sénat

Par Louis-Marie Le Béon

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

À l’heure où l’Europe comme les Amériques connaissent une vague déferlante de populismes, c’est autour de l’ouvrage « Le monde selon Tocqueville » de Nicolas Baverez que les invités de Livres&Vous se questionnent sur le rapport qu’entretiennent démocratie et dictature.

Pour répondre à cette question, serpent de mer de la philosophie politique, c’est naturellement que l’auteur Nicolas Baverez nous invite à replonger dans l’œuvre du penseur de « De la Démocratie en Amérique » :

« Pour Tocqueville, il y a ce risque de la démocratie despotique […] le suffrage universel ne résume pas la démocratie. Il faut un État de droit, il faut de l’esprit de modération […]. Et c’est tout ce qui est en train d’exploser avec des gens comme Trump, Bolsonaro et les autres, qui disent : l’élection est tout ; une fois élu, on a tous les pouvoirs ! ».

Livres & Vous - Nicolas Baverez "Pour Tocqueville, il y a ce risque de la démocratie despotique"
01:02

Cette notion d’État de droit, qui pourrait être une réponse d’influence tocquevillienne aux populismes, est toutefois mise à mal chez les jeunes générations en France. C’est ce que note Ariane Chemin, journaliste au Monde et co-auteur de la BD « Benalla & Moi » :

« On vit aujourd’hui dans un moment où par exemple, quand on 20 ans, on voit des images partout de gens en train de se faire tabasser. Ça interroge quand même ! je comprends qu’il puisse y avoir une forme de défiance à l’égard de la démocratie. […] À partir du moment où l’on voit ces images, il y a forcément une défiance. »

Livres & Vous - Ariane Chemin "les images relayées induisent une défiance"
00:35

Le sénateur Philippe Bas voit dans ce malaise générationnel un éloignement de la démocratie. Il met en cause une trop forte centralisation et cela depuis de longues années :

« Grands cantons, grandes communautés de communes, grandes régions, plus de pouvoir de décision à cause des normes s’appliquant aux élus locaux, financements qui dépendent intégralement et de plus en plus de l’État : La démocratie locale se dessèche. […] Alors il ne faut pas s’étonner que ce soit une sorte de désert démocratique qui se crée, ouvert aux vents mauvais. »

Livres & Vous - Philippe Bas "il ne faut pas s'étonner qu'un désert démocratique se crée"
00:57

À la tentation du populisme et du despotisme, la Deuxième République avait cédé et basculé en 1852 dans le Second Empire de Louis-Napoléon Bonaparte. Nicolas Baverez nous rappelle que Tocqueville, alors député de la Manche, avait assisté au naufrage républicain :

« Le premier risque pour la démocratie est intérieur et contrairement à ce que l’on peut croire, ce n’est pas le risque de trop de faiblesse, mais le risque de trop de force [qui doit inquiéter] : pour des raisons de sécurité, pour des raisons de protection … et même désormais pour des raisons écologiques, puisque certains expliquent que les mutations à accomplir pour la transition écologique sont tellement importantes […] que seul un pouvoir autoritaire pourrait les conduire. »

Livres & Vous - Nicolas Baverez "le premier risque pour la démocratie est intérieur"
00:37

Livres&Vous - "Faut-il avoir peur du populisme ?"

Partager cet article

Dans la même thématique

Selon Nicolas Baverez, « Trump et Bolsonaro considérent « qu’une fois élu, on a tous les pouvoirs » »
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Selon Nicolas Baverez, « Trump et Bolsonaro considérent « qu’une fois élu, on a tous les pouvoirs » »
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le