600 millions d’euros non affectés au budget de l’écologie : « Ne cédons pas à la démagogie », demande Gérald Darmanin
Le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a justifié, mardi au Sénat, la décision de transférer 577 millions d’euros de recettes de la taxe écologique sur les carburants pour les réaffecter au budget général en 2018. Il dénonce des critiques démagogiques.

600 millions d’euros non affectés au budget de l’écologie : « Ne cédons pas à la démagogie », demande Gérald Darmanin

Le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a justifié, mardi au Sénat, la décision de transférer 577 millions d’euros de recettes de la taxe écologique sur les carburants pour les réaffecter au budget général en 2018. Il dénonce des critiques démagogiques.
Alexandre Poussart

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« Nous, qui connaissons les mécanismes budgétaires, nous ne devrions pas céder à la démagogie ». Le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a justifié, mardi au Sénat, la décision de transférer 577 millions d’euros de recettes de la taxe écologique sur les carburants pour les réaffecter au budget général en 2018.

Ces 577 millions d’euros faisaient partie du compte d’affectation spéciale « Transition énergétique » mais les dépenses de l’Etat dans ce domaine étant plus faibles que prévues en 2018, ces recettes ont été réaffectées au budget général.

« Il faut aussi payer l’école, les armées et l’intérêt de la dette » Gérald Darmanin

Le ministre a expliqué aux sénateurs que ces recettes de la taxe sur les carburants pourraient financer « l’école, les armées, l’intérêt de la dette ». « Si toutes ces recettes sont affectées (à la transition énergétique en l'occurrence), comment couvrira-t-on les besoins dans les secteurs qui ne dégagent pas de recettes et qui n'en sont pourtant pas moins essentiels ? » s’est défendu le ministre.  

Les sénateurs socialistes proposent de maintenir les crédits affectés à la transition énergétique

600 millions d'euros non affectés au budget de l'écologie : les sénateurs socialistes demandent d'augmenter les aides à la transition énergétique
01:38

Le sénateur socialiste Claude Raynal a déposé un amendement pour maintenir 412 millions d’euros dans le fameux compte d’affectation spéciale de la Transition énergétique. Ces crédits pourraient selon lui renforcer les dépenses en matière de transition énergétique « pour développer les aides incitant à la production d'énergies renouvelables ou la distribution de biométhane, par exemple. » Même si cet amendement n’a pas été adopté par la majorité sénatoriale, le sénateur voulait alerter le gouvernement « pour prendre des risques et soutenir les entreprises innovantes écologiques. » Gérald Darmanin lui a rappelé « que les crédits du ministère de l’Ecologie ont baissé de 6% sous le ministère de Ségolène Royal ».

« Supprimer l’aide pour rénover ses fenêtres est une erreur » estime la droite sénatoriale  

Hausse des taxes sur les carburants : la droite sénatoriale demande des mesures d'accompagnement
01:18

La rapporteur (LR) de la commission des Finances Albéric de Montgolfier a estimé par exemple que « le retrait par le gouvernement de l’aide pour rénover ses fenêtres, auparavant comprise dans le Crédit d’impôt pour la transition énergétique est une erreur. Nous demandons des mesures d’accompagnement supplémentaires » de cette hausse des taxes sur les carburants, a expliqué Albéric de Montgolfier. 

« 600 millions d’euros en plus pour la Transition énergétique » rappelle François de Rugy

De nombreux députés La République en Marche ont tenu à expliquer cette décision de transférer ces 577 millions d’euros de la taxe sur les carburants vers le budget général en 2018. Le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy a même réagi sur les réseaux sociaux en rappelant qu’il s’agissait de crédits de ce compte d’affectation spéciale « Transition énergétique » qui n’avaient pas été utilisés. François de Rugy a rappelé que pour 2019, les crédits de la transition énergétique augmenteront de 600 millions d’euros « pour financer davantage de primes à la conversion et des projets visant à baisser la consommation d’énergie de certains territoires. »

Notons que si ces crédits ne sont pas épuisés d’ici à novembre 2019, le gouvernement pourrait décider, comme cette année, de les réaffecter au budget général…

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L’inspection générale des finances chiffre à 53 milliards d’euros le financement public alloué aux associations en 2023. -17,6 % sur la mission Sport, jeunesse et vie associative La mission Sport, jeunesse et vie associative finance de très nombreux dispositifs : la politique en faveur du sport, des Jeux olympiques de 2030, de la politique en faveur de la jeunesse mais aussi de la vie associative. D’autres missions budgétaires participent à ce financement, comme l’Aide publique au développement. Or, ces deux missions voient leurs crédits diminuer dans le projet de budget pour 2026. Dans le tiré à part, le document qui liste les dépenses prévues pour chaque mission budgétaire, présenté le 15 juillet, les crédits de la première sont prévus à 1,2 milliard d’euros pour 2026, contre 1,5 milliard en 2025, soit une baisse de 300 millions d’euros. Pour l’APD, c’est une baisse de 700 millions d’euros. Pour Éric Jeansannetas, sénateur PS de la Creuse et rapporteur des crédits de la mission Sport, jeunesse et vie associative au Sénat, cette baisse est « extrêmement inquiétante ». « C’est une baisse de 300 millions d’euros sur un budget de 1 700 millions, la plus petite mission du budget. On la sacrifie, c’est elle qui perd le plus de crédits en proportion », juge-t-il. Cela inquiète les associations. « 300 millions d’euros, c’est -17,6 % », s’inquiète Pauline Hery, chargée de plaidoyer à France Générosités, « cela montre un recul du financement de la solidarité ». Mais à ce stade, il est difficile pour elle de savoir à quoi s’attendre, le budget n’en est qu’au début de son parcours. Elle n’est pas très optimiste : « On s’attend à des baisses, on sait qu’il y aura des efforts à faire partout ». Lors de son audition devant le Sénat le 16 juillet dernier, Amélie de Montchalin l’a pourtant sous-entendu : ces 300 millions d’euros de baisse ne toucheront pas directement les associations. « 100 millions concerneront l’unification des guichets d’aides aux collectivités territoriales en matière d’équipements sportifs », a-t-elle expliqué. Elle a également assuré que le Service national universel ne serait « pas pérennisé dans sa forme actuelle ». Une explication qui n’a pas convaincu Éric Jeansannetas. « L’année dernière, nous étions tous d’accord au Sénat pour maintenir les crédits de la mission, l’engagement associatif, ce n’est ni de droite ni de gauche », justifie-t-il. 6 % du financement des associations provient d’une niche fiscale Le point d’attention principal du secteur associatif se trouve sur la niche fiscale dont il bénéficie. Pour toutes les associations reconnues d’utilité publique en France, les dons ouvrent le droit à une réduction d’impôts de 66 % du montant donné, dans la limite de 20 % du revenu imposable. Une autre disposition existe pour les associations d’aide aux personnes en difficulté ou victimes de violences, la niche « Coluche » : la réduction d’impôt s’élève alors jusqu’à 75 % du montant, dans la limite de 1 000 €, après quoi le dispositif à 66 % s’applique. Ces deux dispositifs fiscaux représentent 6 % du financement des associations françaises. L’inspection générale des finances a publié, le 16 juillet dernier, un rapport de revue des dépenses publiques en direction des associations. Il pointe une forte augmentation de celles-ci, de 44 % entre 2019 et 2023. S’il reconnaît que « les associations du secteur social, […] paraissent fragilisées par l’inflation et l’augmentation de leur masse salariale », il propose néanmoins de faire un à trois milliards d’euros d’économies. 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Les subventions des collectivités, fortement contraintes budgétairement depuis l’augmentation rapide de l’inflation, ont déjà été coupées dans certains cas. « Nous avons beaucoup d’exemples de collectivités qui ont drastiquement coupé les financements des associations dans le secteur de la culture, par exemple. Quand on demande de l’effort aux collectivités territoriales, les associations sont en première ligne sur ces coupes », raconte-t-elle. « Si les financements de la vie associative baissent, cela se répercutera sur les missions d’intérêt général qu’elles mènent » La morosité budgétaire ambiante inquiète. Les coupes budgétaires, combinées à l’année blanche annoncée par le Premier ministre font craindre une augmentation de la pauvreté et des besoins d’aide, par exemple alimentaire. « Si les financements de la vie associative baissent, cela se répercutera sur les missions d’intérêt général qu’elles mènent, et elles devront être remplies par l’Etat, ce qui coûtera plus cher et risque de détruire le tissu social », regrette Pauline Hery, « on a du mal à comprendre que les associations soient mises en première ligne des économies ». Éric Jeansannetas abonde : « Il y aura un retrait des collectivités territoriales des associations d’insertion sociale. Les politiques en direction des jeunes vont être sacrifiées dans ce budget qui va nous être présenté. Cela met en péril nos politiques publiques ». A l’heure où nous écrivons ces lignes, tout reste encore ouvert. La version finale du budget, s’il est voté en temps et en heure, a rarement été aussi imprévisible.

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