Au Sénat, réactions de soutien « exigeant » après l’allocution présidentielle

Au Sénat, réactions de soutien « exigeant » après l’allocution présidentielle

Durant toute la soirée et la matinée suivante, les sénateurs ont salué l’intervention d’Emmanuel Macron et ses mesures prises pour contenir l’épidémie, et accompagner l’économie. Quelques critiques émises dans la mise en œuvre concrète des décisions.
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Comme après la première allocution, une très large majorité de sénateurs a témoigné dès lundi soir au président de la République leur soutien, dans cette crise sanitaire majeure, sans précédent depuis des décennies. Dans l’ensemble, le durcissement des mesures imposées par le gouvernement pour combattre la progression rapide du coronavirus au sein de la population, est approuvé. Tout comme les réponses économiques et sociales.

Les sénateurs veulent tendre la main au gouvernement pour traduire les annonces. « Mon groupe au Sénat va faciliter les choses pour que les annonces soient facilement retranscrites dans les lois. La clarté est une nécessité pour que les Français suivent les consignes », a prévenu Bruno Retailleau, le président du groupe Les Républicains. Et d’ajouter : « Nous nous devons d'être derrière le président de la République, de façon exigeante, bien sûr. »

« Nous saurons prendre nos responsabilités au Sénat »

Même ambiance au sein du deuxième groupe au palais du Luxembourg. « Les parlementaires français feront leur travail au service du pays dès jeudi », a promis Patrick Kanner, le président du groupe socialiste, en référence aux deux projets de loi à examiner en urgence (lire notre article). « Les assemblées doivent aider le gouvernement, lui faciliter les choses. Ce n’est pas un chèque en blanc, mais la nécessaire unité de la nation face à une situation comme celle-ci », a prévenu Jean-Marc Gabouty, le vice-président RDSE (à majorité radicale). « Nous saurons prendre nos responsabilités au Sénat », a témoigné le sénateur de la droite « constructive » Emmanuel Capus (Les Indépendants). Et pour le centriste Pierre Louault, c’est « soutien total aux annonces du président ».

Dans les rangs de la droite sénatoriale, les réactions à chaud étaient presque laudatives sur les réseaux sociaux. « L’État met le paquet dans ce que le Président appelle à juste titre une guerre. Bravo. Maintenant à nous toutes et tous d’être à la hauteur », s’est enthousiasmé Philippe Dallier, le vice-président LR. « Bon discours », a appuyé Sébastien Meurant, même si ce dernier aurait préféré entendre ce discours « il y a 15 jours ».

Les messages d’appel au civisme ou à la « discipline républicaine », selon les mots du socialiste Martial Bourquin, se multiplient. « Il est indispensable de redoubler de vigilance et de respecter les mesures de confinement annoncées par le président de la République », a précisé avec gravité le sénateur LREM Dominique Théophile. Moins médiatisés, les Outre-Mer ne sont pas épargnés par le coronavirus. Dans son département, la Guadeloupe, 18 cas de Covid-19 ont été recensés. Même encouragement au respect des consignes chez les sénateurs représentants les Français de l’étranger. « Stop à l’égoïsme. Restez chez vous », a imploré la sénatrice LR Jacky Deromedi.

« Le Sénat restera vigilant »

Fidèle à ses principes de défenseur des libertés publiques, le Sénat dans toutes ses composantes exprime, à travers diverses prises de position, qu’il sera attentif à ces mesures de confinement historiques en temps de paix, entrées en vigueur ce midi. « Le Sénat restera vigilant pour que la vie démocratique reste intacte », met en garde le sénateur LR Alain Houpert. « Si nous sommes en guerre, ces restrictions ne doivent bien sûr pas échapper au contrôle du Parlement », a estimé l’écologiste Esther Benbassa, toujours surprise par les annonces économiques et sociales d’Emmanuel Macron. « Il fallait une grave épidémie pour que le logiciel ultralibéral de Macron switche au point de nous recommander de devenir plus humains, plus solidaires. »

Quant au sénateur LREM Julien Bargeton, il y a la satisfaction de constater que le Parlement reste associé aux décisions, malgré le recours annoncé aux ordonnances pour certaines mesures. « La délibération démocratique est maintenue dans cette crise du Covid-19 mais elle doit prendre des formes nouvelles pour rester cohérent avec les mesures annoncées. Les parlementaires pourraient voter à distance, par exemple », a-t-il suggéré.

« Alors, on est en guerre ou pas ? »

Après une polémique ce week-end sur le maintien du 1er tour des élections municipales, la décision de reporter le second tour est applaudie. « Le report que j'ai appelé de mes vœux est juste et légitime », a déclaré le sénateur LR Alain Joyandet. Son collègue Marc-Philippe Daubresse, vaincu à Lille, reste prudent sur le principe. « Attendons l’avis du Conseil d’État. De nombreux juristes nous disent qu'on ne peut pas conserver les résultats du premier tour, ce serait inconstitutionnel ! » La date de dépôt des listes inquiète en revanche la majorité sénatoriale (lire notre article).

Car les déceptions concernent bien souvent les détails. Ou la mise en application concrète de la volonté du président de la République. Ainsi, lorsque la porte-parole Sibeth Ndiaye annonce que les verbalisations à 38 euros n’auront pas lieu pour les personnes en infraction au premier jour du confinement, la droite peine à comprendre. « Alors on est en guerre ou on ne l’est pas ? », se demande Bruno Retailleau. « C’est irresponsable ce genre d’annonce », renchérit sa collègue Marta de Cidrac.

« Pourquoi n’a-t-il pas dit les choses clairement ? »

Il n’aura pas non plus échappé à certains que le mot « confinement » était absent du discours présidentiel. « Le président de la République n’a pas eu le courage de le prononcer. Toujours le en même temps [...] Pourquoi n’a-t-il pas dit les choses clairement ? » se désespère la sénatrice Catherine Deroche

D’autres demandent des détails sur des aspects jugés « flous » de l’intervention élyséenne. « J’ai bien entendu que le gouvernement nous donnerait des précisions, mais quand même », s’interroge la sénatrice communiste Céline Brulin. « Il faut alors dire clairement que plus personne ne prend les transports en Île-de-France pour aller bosser demain, sauf pour les professions indispensables. Beaucoup ne comprennent pas s’ils y vont ou pas », alerte Philippe Dallier (LR).

Le sénateur Rachid Temal résume les choses : « J’attends maintenant beaucoup, comme les Français, du Premier ministre pour préciser, expliciter et compléter les annonces du Président de la République. » Comme un vœu exaucé, le chef du gouvernement sera en duplex ce soir sur France 2 pour s’exprimer.

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