Avec la vaccination obligatoire, Bernard Jomier propose « d’être plus clair, plus franc et plus direct » que le passe sanitaire
Invité de Parlement Hebdo, Bernard Jomier a défendu sa proposition de loi sur l’obligation vaccinale, pourtant rejetée mercredi au Sénat. Le sénateur socialiste y voit une alternative moins contraignante et plus claire au pass sanitaire.

Avec la vaccination obligatoire, Bernard Jomier propose « d’être plus clair, plus franc et plus direct » que le passe sanitaire

Invité de Parlement Hebdo, Bernard Jomier a défendu sa proposition de loi sur l’obligation vaccinale, pourtant rejetée mercredi au Sénat. Le sénateur socialiste y voit une alternative moins contraignante et plus claire au pass sanitaire.
Louis Mollier-Sabet

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« La question c’est comment faire dans notre pays pour transformer cette épidémie définitivement dans un bruit de fond et rien d’autre. » Là-dessus, tout le monde est d’accord. La solution proposée par Bernard Jomier et le groupe socialiste, en revanche, a provoqué plus de réticences. Des parlementaires socialistes ont en effet été menacés et des plaintes ont été déposées. L’action de minorités agissantes pour le rapporteur de la proposition de loi socialiste, puisque d’après lui les Français « souscrivent à l’obligation vaccinale » [voir notre article et un sondage Elabe]. Ainsi Bernard Jomier reste droit dans ses bottes et défend le dispositif d’obligation vaccinale imaginé : « Le pass sanitaire a incité à la vaccination mais ça ne marche plus : 30 000 personnes vont se faire vacciner tous les jours, à ce rythme-là il faudra 8 mois pour arriver à vacciner tout le monde. »

Or, d’après le sénateur de Paris, « il faudra vacciner 90 % de la population pour arriver à une protection collective. » À cet égard, le pass sanitaire a produit des effets, mais bute actuellement sur un plafond de verre. « Nous proposons d’être plus clair, plus franc, plus direct en passant par une obligation collective. En démocratie ce n’est pas la même chose d’avancer masqué. » D’après Bernard Jomier, une telle annonce suffirait à débloquer la situation : « Quand le Président de la République annonce sa décision en juillet [sur le passe sanitaire], immédiatement les gens se sont inscrits, c’est comme ça que l’obligation vaccinale marche. »

Pour revivre les débats autour de l’obligation vaccinale au Sénat, voir notre article sur la séance de mercredi soir.

Prolongation du passe sanitaire : « Un calcul politique lié à la présidentielle »

D’autant plus que même au niveau des restrictions de libertés que ces mesures sanitaires impliquent, « les contraintes avec le passe sanitaire sont beaucoup plus importantes que la contrainte de devoir faire un vaccin. Actuellement on prive des gens de leur travail et le gouvernement entend inscrire une infraction passible de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende dans la loi. Nous proposons une contravention de 135 euros. » Par cohérence, le sénateur socialiste annonce qu’il ne votera pas la prolongation du passe sanitaire – pour le moment en vigueur jusqu’au 15 novembre – jusqu’en juillet, comme le propose le gouvernement : « Nous ne voterons pas le passe sanitaire parce que ce n’est pas un outil efficace pour freiner la circulation du virus et ce n’est plus un outil efficace pour inciter à la vaccination. »

La méthode de l’exécutif sur le sujet a irrité bien au-delà du groupe socialiste et des partisans de l’obligation vaccinale [voir notre article]. Les sénateurs y voient un énième déni du Parlement : « Ce serait la prolongation la plus longue depuis le début de la crise alors que la situation est nettement meilleure. La longueur de cette prolongation n’a rien à voir avec l’épidémie, c’est un calcul politique lié à la présidentielle. S’il y avait un minimum de respect du Parlement, le gouvernement reviendrait devant les parlementaires » accuse Bernard Jomier. D’après le sénateur de Paris, le gouvernement « demande de lui donner les pleins pouvoirs pour faire ce qu’il veut avec le passe sanitaire, ce n’est pas acceptable. » Le texte sera débattu la semaine du 25 octobre au Sénat, nul doute que la version des parlementaires reverra grandement la copie du gouvernement.

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