Budget 2020 : la droite sénatoriale veut reculer l’âge de départ à la retraite à 64 ans

Budget 2020 : la droite sénatoriale veut reculer l’âge de départ à la retraite à 64 ans

Le prochain projet de loi de financement de Sécurité sociale n’échappera pas à la règle. Le groupe LR proposera, cette année encore, un recul de l’âge légal de départ à la retraite, en allant toutefois plus loin que lors des exercices précédents.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

À l’initiative du groupe LR, le dossier des retraites s’invitera dans les discussions sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), programmées du 12 au 16 novembre au Sénat. Des débats précipités, voire inutiles, à quelques mois de la réforme des retraites ? C’est tout le contraire, jugent les sénateurs LR, qui entendent faire des propositions rapidement pour redonner des couleurs à la branche vieillesse de la Sécurité sociale.

 Il faut dire que le mois de décembre s’annonce explosif pour le gouvernement, confronté à une menace de mouvements de grève protestant contre la réforme annoncée des retraites. Après deux ans de consultations, le haut-commissaire à la réforme, Jean-Paul Delevoye, est reparti pour plusieurs mois de consultations avec les partenaires sociaux. L’exécutif veut avancer avec prudence : il faut « prendre le temps », martèle le Premier ministre, à longueur d’interventions médiatiques.

Les dernières hésitations dans la Macronie, sur l’opportunité ou non de limiter le futur système universel aux futurs entrants sur le marché du travail, ne sont d’ailleurs pas de nature à rassurer la droite sénatoriale. « Sur les retraites, on ne sait plus on en est, on ne peut pas attendre 2021 ou 2022 pour prendre une décision […] on ne pourra pas attendre 2025 », met en garde le président du groupe LR, Bruno Retailleau.

La droite sénatoriale refuse de baisser les pensions de retraite : reste l’âge de départ

Selon le sénateur de la Vendée, la dégradation des comptes est « préoccupante ». Limité à 1,9 milliard d’euros en 2018, le déficit des régimes de base et du Fonds de solidarité vieillesse devrait s’aggraver cette année à 4,6 milliards d’euros, comme en 2020. Avant de se creuser davantage les trois années suivantes, pour atteindre 6,6 milliards d’euros en 2023. Soit 23 milliards de dette cumulée sur les quatre prochaines années, si rien n’est fait. « Il est plus que nécessaire que des mesures soient prises », défend Alain Milon, président (LR) de la commission des Affaires sociales du Sénat, peu rassuré de la « confusion la plus totale » dans ce dossier.

En conséquence de quoi, la majorité sénatoriale proposera de repousser l’âge légal de départ à la retraite. Selon l’amendement déposé par le rapporteur de la branche vieillesse, René-Paul Savary (LR), la proposition est de repousser l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans actuellement, à 64 ans au 1er janvier 2025, pour les personnes nées à partir de la génération 1963.

Budget 2020 : la droite sénatoriale veut reculer l’âge de départ de la retraite à 64 ans
00:18

Images : Samia Dechir

Les arguments n’ont pas changé. « Il ne faut pas se cacher. Si on ne recule pas l’âge de départ à la retraite, on sera obligé de baisser les pensions, ce sera moins de pouvoir d’achat, et nous, nous voulons garantir le pouvoir d’achat des retraités », explique Bruno Retailleau.

L’an dernier, le groupe LR avait fait adopter un amendement, retiré par la suite par les députés, qui prévoyait une trajectoire un peu différente : il était question de repousser l’âge de départ à 63 ans, avec effectivité au 1er mai 2020 (relire notre article). À l’époque, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait fait part de sa plus grande opposition, dénonçant une « pratique ancienne » visant à changer « brutalement les paramètres ». Elle avait aussi rappelé l’engagement du président Emmanuel Macron : maintenir l’âge légal à 62 ans. Depuis, Jean-Paul Delevoye a recommandé l’instauration d’un « âge pivot » de départ, autour duquel un système de décote et de surcote s’appliquerait aux nouveaux pensionnaires. Cet âge est, lui aussi, fixé à… 64 ans.

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le