Budget 2021 : Julien Denormandie veut défendre la « souveraineté agroalimentaire »
Auditionné ce mercredi par la commission des affaires économiques du Sénat, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a présenté le budget de son ministère dans le projet de loi de finances 2021. Avec un objectif : la « souveraineté agricole ».

Budget 2021 : Julien Denormandie veut défendre la « souveraineté agroalimentaire »

Auditionné ce mercredi par la commission des affaires économiques du Sénat, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a présenté le budget de son ministère dans le projet de loi de finances 2021. Avec un objectif : la « souveraineté agricole ».
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Par Pierre Maurer

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« Ça a commencé ? Vous avez de l’image vous ? Ah bah oui ça a démarré ! » L’audition de Julien Denormandie par la commission des affaires économiques du Sénat a démarré d’une humeur badine ce mercredi 18 novembre, la faute à des problèmes de connexions en visioconférence pour certains sénateurs. Très souriant, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a présenté le budget de son ministère dans le projet de loi de finances 2021, insistant sur l’accent mis sur la « souveraineté » agricole.

Du reste, avec 4,8 milliards d’euros pour 2021, c’est un budget stable par rapport à 2020 que le ministre a détaillé. S’ajoutent les enveloppes du plan de relance pour l’agriculture et la forêt - 1,2 milliard d’euros sur deux ans -, de la Politique agricole commune (PAC) - 9,5 milliards - et des dispositifs fiscaux et sociaux, pour 7 milliards d’euros. « On arrive à des investissements cumulés de l’ordre de 20 milliards d’euros par an », a résumé le ministre. Julien Denormandie a insisté sur le caractère « massif » des crédits du plan de relance, au sein desquels 200 millions iront aux forêts. « 50 millions d’arbres vont être replantés », a-t-il promis. Et d’insister encore : « De mémoire de sénateur, je crois que vous n’avez jamais vu 200 millions pour les forêts. 150 millions d’euros seront consacrés au reboisement.

Le volet compétitivité et durabilité de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de la forêt, de la pêche et de l’aquaculture obtient la plus belle enveloppe avec 36 % du budget proposé, soit 1,74 milliard d’euros.

De leur côté, les crédits budgétaires attribués à l’enseignement agricole technique et supérieur augmentent de 14 millions d’euros afin « d’accompagner la croissance démographique » et de « promouvoir et rénover l’enseignement technique ». « L’enseignement agricole est une spécificité et un joyau français. Mais on a un déficit d’apprenants. Il faut convaincre l’ensemble de la jeunesse de France qu’il y a des opportunités incroyables », s’est-il fixé pour objectif.

Comment regagner en souveraineté ?

Le ministre qui considère que « c’est la politique qui doit guider le budget », veut donc placer la « souveraineté agro-alimentaire » au cœur de son action. Comment ? D’abord par la transition « agroécologique ». « Nous allons renforcer les moyens dans le plan de relance : 135 millions d’euros iront pour du financement d’équipement, 100 millions pour lutter contre les changements agro-climatiques… », a-t-il détaillé.

Deuxième axe : « La souveraineté vis-à-vis des risques sanitaires ». « Il y a une approche holistique que nous devons avoir entre le monde animal et l’espèce humaine », selon lui, dont la Covid est « la quintessence ». Il estime que l’on observe « aujourd’hui que ces passerelles sont parfois très inquiétantes ». En plus de l’épidémie de coronavirus, un premier cas de grippe aviaire a été détecté ces derniers jours en France, dans une animalerie située en Haute-Corse. Pour répondre à ce défi, 250 millions d’euros dans le plan de relance seront dévolus aux élevages et abattoirs.

Enfin, Julien Denormandie entend répondre au « défi démographique » auquel est confronté le monde agricole. La dépendance démographique est « incroyablement élevée », s’est-il alarmé. Pour y répondre, le ministre estime qu’il faut revoir la rémunération des agriculteurs. Il a également répété son souhait d’investir « massivement » dans la recherche. « Aujourd’hui l’enjeu est de mettre en œuvre toutes les mesures de soutien efficacement », a-t-il conclu.

Inquiétudes autour de l’avenir du CasDAR

Si dans l’ensemble, le budget présenté a été accueilli avec bienveillance de la part des sénateurs, plusieurs points de désaccords irréversibles ont été dégagés, dont le principal : les inquiétudes sur l’avenir du Compte d’affection Spécial au Développement Agricole et Rural (CasDAR). Le fonds est alimenté par une taxe payée par les agriculteurs sur leur chiffre d’affaires. Il finance l’appui à l’innovation et au développement agricole et rural.

« Je me suis battu pour faire en sorte qu’on maintienne le CasDAR » a rétorqué Julien Denormandie. « On ne touche pas à la débudgétisation, par contre il y a la diminution de 10 millions d’euros », a-t-il concédé. « La meilleure des politiques possibles dans cette période est de rester sur nos fondamentaux », a estimé le ministre, en guise de conclusion.

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