Budget de la Sécu : la majorité sénatoriale s’inquiète de la trajectoire financière pour 2022

Budget de la Sécu : la majorité sénatoriale s’inquiète de la trajectoire financière pour 2022

Les acteurs clés des débats sur le financement de la Sécurité sociale au Sénat s’interrogent sur la soutenabilité des dépenses de santé et de protection sociale.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. La majorité sénatoriale avait vertement réprouvé les orientations du projet de loi de finances. Elle ne devrait pas faire preuve d’indulgence non plus, s’agissant du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022. Le texte adopté ce 7 octobre en Conseil des ministres, prévoit un déficit de la Sécurité sociale à 21,6 milliards d’euros l’an prochain. C’est bien moins que celui à 34,6 milliards prévu pour 2021, et le plongeon de 38,7 milliards en 2020, année du début de la pandémie. Dans ce tableau où la dette se creuse nettement, et où de nouvelles dépenses sont engagées, le contexte ne rassure pas la commission des affaires sociales du Sénat. « Le carnet de chèque est sorti. On a le sentiment qu’après cette pandémie, on n’a pas d’esquisse de trajectoire d’extinction de la dette », constate Élisabeth Doineau (Union centriste). Bercy anticipe un retour à un déficit de 13,3 milliards à l’horizon 2025. Encore très loin des déficits inférieurs à 2 milliards d’euros constatés en 2019 ou 2018.

La nouvelle rapporteure générale de la commission des affaires sociales aborde le dernier PLFSS du quinquennat avec inquiétude. « Il n’y a pas d’esquisse de dégrisement, alors qu’il faudrait revenir à une trajectoire plus soutenable », demande la sénatrice de la Mayenne. L’ancien président de la commission des affaires sociales, Alain Milon (LR), ne prend pas de gants et déplore un texte « totalement irresponsable ». « Ce que j’aimerais savoir, c’est comment on finance tout cela. On ne peut pas continuer sur un déficit permanent. » Le sénateur du Vaucluse travaille actuellement à des contre-propositions. En seulement trois exercices budgétaires, la dette sociale progresse de près de 100 milliards d’euros.

« Est-ce que ça se concrétise dans nos hôpitaux, dans nos territoires ? On n’a pas toujours ce sentiment-là »

Certes, les dépenses exceptionnelles liées à la crise – principalement les vaccins et les tests – devraient refluer en 2022, passant de 14,8 milliards en 2021 à 4,9 milliards en 2022. Et les rentrées de cotisations sociales ont été plus importantes que prévu cette année, portées par le rebond de l’économie. La majorité sénatoriale épingle surtout la hausse des dépenses ordinaires. « La dette structurelle s’est creusée par le Ségur », notait la présidente de la commission, Catherine Deroche (LR), le 23 septembre. En face, le gouvernement « assume » ses choix. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal a défendu un texte qui « conjugue ambition et responsabilité ». « Pour la première année depuis bien longtemps, nous ne ferons pas d’économies sur l’hôpital ».

Prudente, Élisabeth Doineau jugera sur les actes. « On regarde les effets sur nos territoires. La montée de l’Ondam [l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie] est forte : est-ce que ça se concrétise dans nos hôpitaux, nos territoires ? On n’a pas toujours ce sentiment-là », s’inquiète la sénatrice. L’avenir d’un centre hospitalier, dans le nord de son département de la Mayenne, fait actuellement l’objet de plusieurs préoccupations.

Si elle salue un engagement en faveur du développement de la chaîne du médicament par exemple, la sénatrice relève plusieurs trous dans la raquette. « On n’a rien sur la prévention dans ce PLFSS. Or c’est peut-être un moyen moderne d’agir sur les futures dépenses. »

Autre déception : la cinquième branche de la Sécu, introduite en 2020 pour prendre en charge l’accompagnement du grand âge. « Comment finance-t-on cette cinquième branche ? Il n’y a pas de perspective réelle ».

Le PLFSS pour 2022 sera débattu en séance publique au Sénat du 8 au 13 novembre.

Dans la même thématique

Brussels Special European Council – Emmanuel Macron Press Conference
3min

Politique

Élections européennes : avant son discours de la Sorbonne, l’Élysée se défend de toute entrée en campagne d’Emmanuel Macron

Ce jeudi 25 avril, le président de la République prononcera un discours sur l’Europe à la Sorbonne, sept ans après une première prise de parole. Une façon de relancer la liste de Valérie Hayer, qui décroche dans les sondages ? L’Élysée dément, affirmant que ce discours n’aura « rien à voir avec un meeting politique ».

Le

Budget de la Sécu : la majorité sénatoriale s’inquiète de la trajectoire financière pour 2022
8min

Politique

IA, simplification des formulaires, France Services : Gabriel Attal annonce sa feuille de route pour « débureaucratiser » les démarches administratives

En déplacement à Sceaux ce mardi dans une maison France Services, quelques minutes seulement après avoir présidé le 8e comité interministériel de la Transformation publique, le Premier ministre a annoncé le déploiement massif de l’intelligence artificielle dans les services publics, ainsi que la simplification des démarches. Objectif ? Que « l’Etat soit à la hauteur des attentes des Français ».

Le

Brussels Special European Council – Renew Europe
10min

Politique

Européennes 2024 : avec son discours de la Sorbonne 2, Emmanuel Macron « entre en campagne », à la rescousse de la liste Hayer

Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».

Le

Jordan Bardella visite Poste-Frontiere de Menton
5min

Politique

Elections européennes : la tentation des seniors pour le vote RN, symbole de « l’épanouissement du processus de normalisation » du parti, selon Pascal Perrineau

Alors que la liste menée par Jordan Bardella (31.5%) devance de plus de 14 points la liste Renaissance, menée par Valérie Hayer (17%), selon le dernier sondage IFOP-Fiducial pour LCI, le Figaro et Sud-Radio, le parti de Marine Le Pen, mise désormais sur l’électorat âgé, traditionnellement très mobilisé pour les élections intermédiaires. Désormais deuxième force politique chez les plus de 65 ans (le RN conquiert 24% de cet électorat, 7 points de moins que Renaissance), la stratégie semble porter ses fruits. Décryptage avec le politologue Pascal Perrineau, professeur émérite à Sciences Po Paris et récent auteur de l’ouvrage Le Goût de la politique : Un observateur passionné de la Ve République, aux éditions Odile Jacob.

Le