Au cours de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, le Sénat, sous la houlette de la rapporteure générale Élisabeth Doineau, est revenu sur les trajectoires moins ambitieuses voulues par le gouvernement sur le tabac à rouler et le tabac à chauffer.
Budget de la Sécu : le Sénat rétablit une taxation plus forte du tabac à chauffer
Au cours de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, le Sénat, sous la houlette de la rapporteure générale Élisabeth Doineau, est revenu sur les trajectoires moins ambitieuses voulues par le gouvernement sur le tabac à rouler et le tabac à chauffer.
Selon la rapporteure générale Élisabeth Doineau (Union centriste), la version transmise par le gouvernement au Sénat « a été vraiment très abaissée au niveau des montants appliqués ». « On baisse de 26 % entre la version d’origine et la version d’aujourd’hui », a-t-elle affirmé. La sénatrice de la Mayenne a également déploré l’introduction d’une nouvelle catégorie fiscale par le gouvernement, intitulée « autres tabacs à chauffer » en parallèle d’une catégorie de tabacs à chauffer commercialisés en bâtonnets, plus restreinte. Cette nouvelle définition « pourrait pousser les producteurs à effectuer de légères modifications de longueur, de diamètre ou de composition de leurs produits pour basculer dans la catégorie fiscale plus favorable des autres tabacs à chauffer », a-t-elle dénoncé.
Sous son impulsion, la commission des affaires sociales a encouragé une harmonisation de la fiscalité pesant sur les différentes catégories de tabac à chauffer, pour éviter que les consommateurs ne se reportent sur des produits moins coûteux.
« Le gouvernement a donné suite à cette demande de l’industrie du tabac », s’indigne Bernard Jomier
Des amendements de Véronique Guillotin (groupe RDSE, à majorité radicale) et de Bernard Jomier (groupe socialiste, républicain et écologiste) étaient également sur la même ligne que la commission, à savoir le rétablissement de la première version, plus stricte. « La taxation à l’unité est plus adaptée que la taxation au poids, qui peut être diminuée dans une stratégie d’évitement fiscale », a relevé le sénateur RDSE Bernard Fialaire. Selon Bernard Jomier, la seconde rédaction du gouvernement résulte d’un « lobbying », et a été proposée « suite au congrès des buralistes ». « Le gouvernement a donné suite à cette demande de l’industrie du tabac, en modifiant sa position ».
Le texte transmis au Sénat comportait cependant toujours l’indexation des taxes sur l’inflation, pour éviter le décrochage du prix du tabac par rapport aux autres composants du panier moyen, notamment alimentaires.
« Nous sommes le premier gouvernement à réaliser cette convergence », entre le tabac et le tabac à chauffer
Le gouvernement, par la voix d’Olivia Grégoire, s’est opposé en séance aux amendements prévoyant des hausses de taxes « trop brutales ». Elle a cependant précisé que l’exécutif et les parlementaires étaient « d’accord » sur l’objectif de convergence entre tabac à chauffer et le tabac classique, « mais pas sur le rythme ». « Nous sommes le premier gouvernement à réaliser cette convergence », a-t-elle insisté, insistant sur le besoin de définir des « marches qui soient raisonnables ».
Certains sénateurs, comme François Bonhomme (LR), ont alerté sur le risque de détournement des consommateurs vers des marchés parallèles, 30 % des fumeurs s’approvisionnant déjà en dehors du réseau des buralistes, selon un rapport parlementaire. Le texte prévoit une hausse de plus de 7,1 % de la fiscalité sur les cigarettes (50 centimes) et une hausse de plus de 9 % pour le tabac à rouler (un euro).
Selon le gouvernement, selon les termes du projet de loi de financement, le prix moyen du paquet de cigarettes devrait augmenter de 50 centimes en 2023 et de 35 centimes en 2024, ce qui le fera passer à 11 euros.
Les sénateurs ont adopté à leur tour, et sans modification, la proposition de loi déposée par le ministre de la Santé Yannick Neuder, lorsqu’il était encore député. Le texte veut réformer l’accès en deuxième année de médecine, en renforçant la prise en compte des besoins en santé des territoires. Il doit également faciliter le retour des étudiants en médecine français partis se former à l’étranger.
Les sénateurs vont débattre ce 18 juin de la proposition de loi déposée par le ministre de la Santé Yannick Neuder, lorsqu’il était encore député. Le texte veut réformer l’accès en deuxième année de médecine, en renforçant la prise en compte des besoins en santé des territoires. Il doit également faciliter le retour des étudiants en médecine français partis se former à l’étranger.
Face à une commission d’enquête sénatoriale, l’ancienne ministre de la Santé a dû s’expliquer ce 10 juin sur la genèse de la Plateforme des données de santé, plus connue sous le nom de Health Data Hub. Elle repose depuis le début sur une solution d’hébergement de l’américain Microsoft, une option embarrassante qui pose des enjeux de souveraineté numérique.
Les rapporteurs de la commission des affaires sociales entament un difficile travail pour formuler des propositions susceptibles de redresser les comptes dégradés de la Sécu. La rapporteure générale veut cheminer avec le souci de créer une majorité suffisante pour permettre au futur projet de loi de financement de passer toutes les haies parlementaires.