Budget : les sénateurs volent au secours des finances d’Action logement
Les sénateurs, de droite comme de gauche, veulent maintenir 1,3 milliard d’euros de crédits d’Action logement que le gouvernement veut supprimer dans le cadre du budget 2021. L’exécutif entend « recentrer » Action logement, premier bailleur social du pays, « sur son cœur de mission » et revoir sa gouvernance.

Budget : les sénateurs volent au secours des finances d’Action logement

Les sénateurs, de droite comme de gauche, veulent maintenir 1,3 milliard d’euros de crédits d’Action logement que le gouvernement veut supprimer dans le cadre du budget 2021. L’exécutif entend « recentrer » Action logement, premier bailleur social du pays, « sur son cœur de mission » et revoir sa gouvernance.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Une belle unanimité contre le gouvernement. Dans le cadre de l’examen du budget 2021, les sénateurs de gauche comme de droite sont montés au créneau pour soutenir les crédits d’Action logement. Premier bailleur social français, Action logement gère notamment ce qu’on appelait le 1 % logement, versé par les employeurs. Il apporte des aides pour les propriétaires et locataires. Le groupe construit et finance également des logements sociaux.

Les sénateurs ont adopté plusieurs amendements identiques de Valérie Létard (UC, au nom de la commission des affaires économiques), du rapporteur Jean-François Husson, de Philippe Dallier (LR) et de Rémi Féraud (PS) pour supprimer une diminution des ressources de 290 millions, décidée par le gouvernement. Dans la seconde partie de l’examen du projet de loi, Valérie Létard compte aussi faire supprimer un prélèvement exceptionnel de 1 milliard d’euros sur les ressources d’Action logement. Cet autre amendement sera adopté sans aucun doute. Soit au total un gain, ou plutôt une absence de perte de 1,3 milliard d’euros pour Action logement. « Il faut réparer le premier étage de la fusée » lance Valérie Létard.

Action logement n’as « pas vocation » à avoir un résultat net « de 1,4 milliard d’euros » selon Olivier Dussopt

Des amendements adoptés contre l’avis du gouvernement, « convaincu de la nécessité de la réforme d’Action logement. Il y a des questions de gouvernance à régler, de sous-consommation et sous exécution des programmes » répond le ministre chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt. Il évoque le cas « des programmes de salles de bains, dont le taux d’exécution est à 4,8 %. Personne ne peut s’en contenter ». Olivier Dussopt s’étonne aussi qu’Action logement « ait une trésorerie aussi abondante et un résultat net en 2019 de 1,4 milliard d’euros. Ce n’est pas la vocation d’un tel organisme d’afficher des résultats aussi bénéficiaires ».

« J’entends bien, il y a probablement des efforts à faire », rétorque Philippe Dallier, mais il souligne qu’« au fil du temps, on a fait faire beaucoup de choses, […] un tas de trucs à Action logement », dont « le financement de l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) ». Le sénateur LR de Seine-Saint-Denis ajoute :

Action logement ne peut pas être la boîte à outils à tout faire du gouvernement en matière de logement, jusqu’à financer les aides personnelles.

Pour Valérie Létard, « il faut que tout le monde se mette autour de la table » pour lever les « incompréhensions entre l’Etat et Action logement ». L’ancienne secrétaire d’Etat souligne que « la chance avec Action logement, c’est que l’argent prélevé pour le logement, reste au logement ». Autrement dit, « l’argent est sanctuarisé ». Philippe Dallier craint lui que les critiques du gouvernement aient, en réalité, un objectif plus radical : « Qui veut noyer son chien l’accuse d’avoir la rage » lance le sénateur…

4 millions de mal logés et 300.000 SDF

Les amendements ont aussi été soutenus par le groupe communiste. Le sénateur PCF Eric Bocquet s’étonne que le gouvernement « prenne une décision pareille, une ponction de 1,3 milliard d’euros, dans ce contexte de pauvreté ». Le sénateur du Nord rappelle quelques chiffres : « 15 millions de personnes sont touchées par un problème de logement en France, 4 millions sont mal logées, 900.000 privées de logement personnel, 3 millions sont dans des conditions de logement très difficiles et la Fondation Abbé Pierre rappelle qu’on compte 300.000 SDF dans ce pays (lire ici sur ce sujet). Prendre cette décision dans ce contexte-là, c’est irresponsable et irréaliste ».

Prolongeant les propos de Philippe Dallier, Olivier Dussopt reconnaît qu’Action logement a été « utilisé par les gouvernements successifs pour financer des politiques qui devraient relever de l’Etat, politiques qui s’éloignent de plus en plus » de la raison d’être initiale d’Action logement. Le ministre assure au contraire que la volonté du gouvernement est « de recentrer Action logement sur ses missions cœur de cible, sur son cœur de mission, et de clarifier les relations financières avec l’Etat ». Reste qu’il n’entend pas revenir sur la ponction de 1,3 milliard d’euros. L’exécutif pourra d’ailleurs revenir sur la version de son texte lors du retour du texte à l’Assemblée, qui a le dernier mot.

Partager cet article

Dans la même thématique

Budget : les sénateurs volent au secours des finances d’Action logement
2min

Politique

Education nationale : « Je suis malheureux de l’instabilité ministérielle », déclare Jean-Michel Blanquer

Invité de la matinale de Public Sénat, l’ancien ministre de l’Education nationale et auteur de « Civilisation française » (aux éditions Albin Michel) s’est exprimé sur la valse de ministres à l’Education nationale depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. Selon lui, « il y aurait dû avoir un ou une ministre après moi, pendant 5 ans ».

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
10min

Politique

Budget : comment le Sénat va réduire l’effort demandé aux collectivités de 4,6 à 2 milliards d’euros

La majorité sénatoriale veut revenir sur l’effort demandé par le gouvernement aux collectivités. Le premier ministre a déjà fait des gestes devant les régions et les départements. « Un premier pas », reconnaît le sénateur LR Stéphane Sautarel, mais insuffisant. Pour compenser l’allègement de l’effort sur les collectivités, la majorité sénatoriale entend renforcer les économies sur d’autres ministères, notamment sur la « jeunesse, la recherche ou la culture ».

Le

7min

Politique

Insécurité dans les territoires d’Outre-mer : « Nous, les maires, nous sommes en première ligne pour lutter, mais on n’a pas de moyens pour le faire »

A la veille de l’ouverture du 107e congrès des maires à Paris, des élus des Outre-mer se sont retrouvés à Issy-les-Moulineaux ce lundi 17 novembre. Alors qu’ils font face à une criminalité et une délinquance grandissantes, dans des territoires en proie au narcotrafic, les maires, aux côtés de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, ont plaidé pour un « choc régalien ».

Le