Budget rectificatif : le gouvernement crée 53 postes « pour les services du premier ministre »

Budget rectificatif : le gouvernement crée 53 postes « pour les services du premier ministre »

Lors de l’audition du ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, sur le collectif budgétaire, les sénateurs se sont étonnés de la « création de 53 équivalents temps plein » rattachés à Matignon. Il s’agit de recrutements « au profit des nouveaux cabinets ministériels », la création du secrétaire général du Conseil national de la refondation ou de postes pour les JO.
François Vignal

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Si le second projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2022 comporte encore des mesures pour répondre à la hausse des prix de l’énergie, un PLFR de fin d’année est d’abord l’occasion d’affiner chaque ligne budgétaire. Y compris sur les effectifs des ministères.

Auditionné jeudi par les sénateurs, le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a pu faire le point sur les mesures décidées par le gouvernement, notamment ces créations de postes. Ce sont « 907 équivalents temps plein (ETP) au total, surtout pour le ministère de la Justice, avec 691 ETP », avance le ministre.

« L’exemple doit venir d’en haut »

Les sénateurs ont de leur côté relevé que le gouvernement ne s’est pas oublié dans ces créations de poste. « On voit aussi la création de 53 équivalents temps plein pour les services du premier ministre. En termes de sobriété, on aurait pu faire mieux », pointe Christian Klinger, sénateur LR du Haut-Rhin, qui se demande si on ne pourrait « pas gérer les effectifs de manière plus serrée et plus sérieuse ». Un chiffre qui étonne aussi Michel Canévet, sénateur centriste du Finistère. « L’exemple doit venir d’en haut. On crée 50 postes de cabinet de plus. Il y a sans doute de bonnes raisons, mais dans la gestion quotidienne de nos comptes publics, ça fait des charges supplémentaires », regrette le sénateur du groupe Union centriste.

Gabriel Attal n’a pas pris la peine de répondre aux sénateurs sur ce point. Un oubli sûrement. Mais le texte du projet de loi de finances rectificative permet d’avoir quelques détails. « Le plafond d’autorisation des emplois des services du premier ministre augmente de 53 ETPT (équivalent temps plein travaillé) pour réaliser des recrutements à mi-année au profit des nouveaux cabinets ministériels découlant du changement de gouvernement intervenu le 4 juillet 2022, du secrétaire général du Conseil national de la refondation, du groupe interministériel de contrôle, du secrétariat général du gouvernement, du haut‑commissariat au plan, de la délégation interministérielle aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 et de la commission nationale de contrôle des techniques de renseignement, en lien avec la croissance de leur activité », explique l’exposé des motifs. Autrement dit, ces 53 postes ne concernent pas seulement Matignon, mais aussi le CNR ou les JO.

« Le gouvernement le plus cher de la Ve République »

Une information qui fait écho avec le rapport de l’ex-député PS et président de l’Observatoire de l’éthique publique, René Dosière, sur les rémunérations dans les cabinets ministériels, rendu public la semaine dernière. On y apprend que la rémunération mensuelle moyenne d’un membre de cabinet passe de 8.225 euros bruts en 2021 à 8.495 euros en 2022 (+3,3 %), selon l’analyse des jaunes budgétaires, documents annexés au budget.

Certes, « les rémunérations moyennes du cabinet de la première ministre Elisabeth Borne sont en baisse : 9.979 euros bruts contre 10.282 l’an dernier », note René Dosière. Reste qu’au total, « avec un montant de 174 millions d’euros » annuellement, l’ancien député de l’Aisne pointe le fait que « le gouvernement d’Elisabeth Borne se révèle le plus cher des 43 gouvernements de la Ve République, en hausse de 4,3 % par rapport au gouvernement Castex ».

Dans la même thématique

« Il faut arrêter la procrastination ! » : Le sénateur Husson rejoint le diagnostic du gouverneur de la Banque de France sur la maîtrise des comptes publics
6min

Économie

« Il faut arrêter la procrastination ! » : le sénateur Husson rejoint le diagnostic du gouverneur de la Banque de France sur la maîtrise des comptes publics

Le rapporteur général de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson (LR), partage plusieurs des messages adressés par le gouverneur de la Banque de France au chef de l’État et aux assemblées parlementaires, sur la trajectoire des dépenses publiques. Le sénateur s’apprête à lancer ses auditions pour faire la lumière sur le calendrier de la révision du déficit.

Le

Paris : Launch of 100-day countdown Paris 2024 Olympic and Paralympic Games
8min

Économie

Déficit public : « La trajectoire annoncée est difficilement atteignable », juge l’économiste Stéphanie Villers

Le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave a présenté le programme de stabilité en conseil des ministres ce mercredi 17 avril. Ce document qui résume la trajectoire du déficit public et de la dette française « manque de crédibilité » selon le Haut Conseil des finances publiques. Un « jugement objectif qu’il faut entendre », selon la conseillère économique chez PwC Stéphanie Villers.

Le

Budget rectificatif : le gouvernement crée 53 postes « pour les services du premier ministre »
5min

Économie

Atos : les dirigeants « confiants » sur l’avenir du groupe, les sénateurs appellent l’État à faire une entrée durable au capital

Auditionnés devant la mission d’information sénatoriale, le président du conseil d’administration et le directeur général de la société se sont montrés confiants sur l’avenir de leur groupe, après des accords de liquidités conclus ces derniers jours. Lourdement endetté, le fleuron français de l’informatique a toujours besoin d’énormes apports financiers, le temps de relever la tête. Les sénateurs appellent l’État à davantage d’engagement.

Le