Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.
Cancers du sein résistants : « Humainement, la situation n’est plus tenable », alerte la sénatrice Anne-Catherine Loisier
Par Marion Vigreux
Publié le
Chaque année, 10 000 femmes sont touchées par le cancer du sein dit triple négatif. Elles sont le plus souvent jeunes, non ménopausées et sans antécédents.
Très agressif, ce cancer est l’un des plus compliqués à soigner et présente un risque plus élevé de métastases. Conséquence, 30 % des malades vont connaître une récidive malgré les traitements en chimiothérapie.
Bien souvent, ces femmes se retrouvent dans une impasse thérapeutique et terminent leur parcours en soins palliatifs, faute d’alternatives. Néanmoins un espoir existe.
600 patientes françaises sont en attente de traitement
En avril 2020, le laboratoire américain Gilead, a mis sur le marché le Trodelvy. Un traitement non curatif mais qui permet de doubler l’espérance de vie des malades. Or, depuis la fin janvier 2021, le laboratoire américain privilégie la demande américaine et n’a plus les capacités de fournir ce médicament à la France, au grand désespoir des patientes. Un projet de construction de laboratoire en Italie est envisagé avec des livraisons espérées d’ici la fin décembre. Une date qui coïncide avec l’autorisation européenne de mise sur le marché. Mais pour les associations de malades, fin décembre, c’est beaucoup trop tard. 78 patientes françaises en état d’urgence ont pu bénéficier de flacons de Trodelvy, prélevés sur la production américaine. Mais 600 autres sont en attente en France selon le collectif MobilisationTriplette.
Gagner des années de vie
La sénatrice de Côte d’Or, Anne-Catherine Loisier, a été alertée par des proches de malades qui se retrouvent démunis face à ces cancers fulgurants, avec des décès rapides. Certaines femmes partent se faire suivre à l’étranger notamment en Allemagne, aux Etats-Unis ou au Canada. Mais les traitements coûtent cher, des milliers d’euros. « Ce qu’elles veulent, c’est gagner des années de vie. Quand vous avez des enfants, vous savez, c’est précieux », explique la sénatrice du groupe Union Centriste.
Avec plusieurs de ses collèges, Anne-Catherine Loisier a interpellé le ministre des Solidarités et de la Santé, à plusieurs reprises. « A chaque fois, le ministre joue l’apaisement mais derrière, les associations nous disent qu’il ne se passe rien. Et moi ça me crève le cœur car il y a urgence. 4 jeunes femmes avec qui j’échangeais et qui avaient des enfants en bas âge, sont décédées depuis ».
La sénatrice attend du gouvernement qu’il fasse de ce problème une priorité. « Ce n’est pas un sujet sur lequel on peut prendre son temps, il faut appuyer sur l’accélérateur ».
Le gouvernement doit entreprendre des négociations avec les Etats-Unis
Jean-Luc Fichet, sénateur socialiste du Finistère, ignorait tout de ce type de cancer avant d’être alerté par des malades. « Ce qui est terrible, avoue le sénateur, c’est que ces gens savent qu’un médicament existe, qu’il peut leur apporter un peu de réconfort mais qu’ils n’y ont pas droit pour des questions d’intérêts financiers ». Jean-Luc Fichet a également interpellé Olivier Véran. « Le ministre a conscience du problème, admet le sénateur. Mais maintenant il faut qu’il engage des négociations avec le laboratoire. Car on parle d’un médicament qui a une importance vitale. »
Pour le sénateur du Finistère, au-delà de l’affaire du Trodelvy, cette situation montre à quel point il devient urgent de réinvestir dans la production de médicaments en Europe pour ne plus être dépendant des pays étrangers.