Catastrophes naturelles : la proposition de loi réformant le régime d’indemnisation adoptée au Sénat
Les sénateurs ont adopté ce 21 octobre, après modification, une proposition de loi issue de l’Assemblée nationale qui va adapter le régime de catastrophe naturelle, quatre ans après les engagements d’Emmanuel Macron en la matière.

Catastrophes naturelles : la proposition de loi réformant le régime d’indemnisation adoptée au Sénat

Les sénateurs ont adopté ce 21 octobre, après modification, une proposition de loi issue de l’Assemblée nationale qui va adapter le régime de catastrophe naturelle, quatre ans après les engagements d’Emmanuel Macron en la matière.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le régime de catastrophe naturelle, créé en 1982, avait besoin d’être revu. Avec le changement climatique et la hausse de la sinistralité, le cadre avait besoin d’être revu. Comme une illustration de la nécessité de faire évoluer le régime, le passage de la tempête Aurore sur la moitié nord de la France a précédé l’adoption par les sénateurs ce 21 octobre de la proposition de loi du député Modem Stéphane Baudu visant à moderniser le régime de catastrophes naturelles.

Le Sénat a déjà eu l’occasion de travailler sur ces problématiques à plusieurs reprises. En 2019, une mission d’information a formulé des pistes d’amélioration. Puis, en janvier 2020, le Sénat a adopté à l’unanimité la proposition de loi de Nicole Bonnefoy (PS), qui en a découlé. Ce 21 octobre en séance, plusieurs sénateurs ont regretté que le texte de la sénatrice de la Charente n’ait pas été inscrit à l’agenda de l’Assemblée nationale. Une « perte de temps », selon eux. Nicole Bonnefoy s’était indignée à l’époque du dépôt d’un nouveau texte similaire chez les députés, et avait dénoncé un plagiat.

L’objectif du texte est de faciliter les démarches de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle et de renforcer la transparence des procédures. Il devrait aussi sécuriser les procédures d’indemnisation. La proposition de loi aura aussi une conséquence directe pour les sinistrés : la prise en charge de leurs frais de relogement d’urgence.

Le délai de versement de l’indemnisation réduit

Au cours de l’examen au Sénat en commission des finances, plusieurs modifications importantes ont été intégrées. Les sénateurs ont notamment fait passer d’un mois à dix jours le délai dont dispose l’assureur pour verser l’indemnisation, après l’accord de la proposition par l’assuré. Le délai a finalement été réduit à 21 jours en séance publique. Le délai de dix jours aurait été intenable, et « matériellement critique », ont mis en garde plusieurs sénateurs de droite. Les auteurs de cet amendement ont rappelé que les assureurs pouvaient être amenés à gérer un nombre exceptionnel de sinistres, rappelant par exemple que « les inondations des Alpes Maritimes d’octobre 2020 ont à elles seules engendré 13 000 sinistres survenus en même temps que les 46 000 sinistres de la tempête Alex ».

Le texte adopté au Sénat prévoit également que l’arrêté de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle fasse figurer de manière obligatoire les « voies et délais » de tous les recours possibles. Il porte de deux à cinq ans le délai de prescription au cours duquel l’assuré peut exiger de l’assureur le règlement de l’indemnité qui lui est due. La commission des finances a introduit un nouveau crédit d’impôt, « pour la prévention des aléas climatiques », qui permettrait de déduire de l’impôt sur le revenu le coût de certains travaux permettant d’améliorer la protection des bâtiments aux risques de catastrophes naturelles.

Meilleure information des sinistrés

L’information de la population pourrait être renforcée. Le Sénat a voté la création d’un portail internet unique, « régulièrement mis à jour », afin d’informer les Français sur l’exposition du territoire aux risques naturels, les moyens de prévenir ces risques, la gestion de crise et l’indemnisation des sinistrés.

Signe que les changements introduits par le texte ont pu décevoir dans l’hémicycle, l’intitulé du projet de loi a été modifié en fin de séance, à l’initiative des sénateurs du groupe écologiste. « Un titre plus modeste serait plus sincère… », a défendu le sénateur Ronan Dantec. Désormais, il est question de la « proposition de loi visant à définir les dispositions préalables à une réforme de l’indemnisation des catastrophes naturelles ».

Le texte doit à présent faire l’objet d’une commission mixte paritaire, entre députés et sénateurs. Le temps est compté pour la majorité. Emmanuel Macron avait promis de réformer le régime public des catastrophes naturelles à Saint-Martin à l’autonome 2017 après le passage de l’ouragan Irma.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: French Prime Minister Sebastien Lecornu  delivers his policy speech
8min

Politique

Budget de la Sécu : le PS devra-t-il rejeter le texte, malgré la suspension de la réforme des retraites ?

La suspension de la réforme des retraites passera par un amendement au budget de la Sécu. Mais le texte comporte de nombreuses mesures dénoncées au PS. « On va se battre pied à pied pour sortir toutes les saloperies qui existent », prévient le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. En interne, certains dénoncent aujourd’hui « l’erreur » d’Olivier Faure, qui a exigé le non-recours au 49-3, au risque de donner « un budget invotable ». « Si la copie est trop injuste, nous voterons contre », prévient la porte-parole du PS, Dieynaba Diop.

Le

Catastrophes naturelles : la proposition de loi réformant le régime d’indemnisation adoptée au Sénat
4min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : « La censure n’aurait pas été une position totalement stupide », pour les Républicains, avance Muriel Jourda

Le gouvernement Lecornu II est parvenu à se négocier un sursis, en acceptant de suspendre la réforme des retraites jusqu’au 1er janvier 2028, ardemment réclamée par les socialistes. Une ligne rouge des Républicains, qui ont toutefois décidé de ne pas censurer. Un choix que n’aurait pas fait la sénatrice Muriel Jourda.

Le

Paris: no-confidence debate in French parliament
6min

Politique

Inéligibilité : pourquoi le Conseil d’Etat a rejeté le recours de Marine Le Pen ?

C’était attendu, le Conseil d’Etat a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) de Marine Le Pen. La triple candidate à l’élection présidentielle avait promis d’utiliser « toutes les voies de recours possibles » pour contester l’exécution provisoire de sa peine de 5 ans d’inéligibilité prononcée en première instance dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires RN. Mais elle va devoir attendre la décision de son procès en appel pour savoir si elle pourra se présenter devant les électeurs. Explications.

Le

Vote results displayed after no-confidence motion against French Prime Minister
4min

Politique

Rejet de la motion de censure LFI : découvrez les détails du vote

La motion de censure de La France Insoumise, examinée ce matin par les députés, a été rejetée. 271 voix ont été récoltées contre les 289 nécessaires. Sept élus socialistes lui ont apporté leur vote. Celle déposée par le RN a également échoué avec 144 voix pour.

Le