Charles-de-Gaulle : « Tout est fait pour protéger la santé des marins »

Charles-de-Gaulle : « Tout est fait pour protéger la santé des marins »

Auditionnée au Sénat, Florence Parly a détaillé les contours de l’opération « Résilience ». Essentielle dans les DOM-TOM, la réponse de l'armée à la crise du Coronavirus s'exerce dans des conditions difficiles, rappelle le sénateur Christian Cambon.
Public Sénat

Par Fabien Recker

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L’information a été confirmée par le ministère des armées. Cinquante marins embarqués sur le porte-avion Charles-de-Gaulle ont été contaminés par le Coronavirus. Une annonce tombée quelques heures avant l’audition de la ministre de la défense Florence Parly, vendredi 10 avril,  par la commission des affaires étrangères et des forces armées du Sénat. 

« Pour l’instant, nous n’avons pas d’informations sur l’origine de la contamination » rapporte Christian Cambon, président (LR) de la commission, à l’issue de ses échanges avec Florence Parly. « Des médecins et épidémiologues ont été transportés sur le bateau pour comprendre comment c'est arrivé. Est-ce que c'était pendant la dernière escale à Brest ? »

Dans l’armée, un « confinement quotidien »

Le Charles-de-Gaulle fait désormais route vers Toulon, tandis que quatre marins ont été évacués à la faveur d’une escale. Les autres marins contaminés ont été placés en quarantaine à bord du navire, « qui comporte des moyens sanitaires importants » rappelle le sénateur. « Tout est fait pour protéger la santé des marins. »

Pour Christian Cambon, cet épisode met en lumière la difficulté d’assurer les missions des militaires en période d’épidémie. « Elles sous-entendent une proximité physique, un confinement quotidien, que ce soit dans un char, un véhicule, un navire, avec un virus dont on peut être porteur sain.»

Selon Florence Parly, le bilan dans l'armée française s'élèvait le 10 avril à 369 cas testés positifs, 867 cas « déclarés » et environ 3 800 cas « probables et possibles » de Coronavirus.

139 transferts de malades déjà effectués par l’armée

Les soldats actuellement déployés au Sahel dans le cadre de l’opération « Barkhane » seront maintenus sur place « un ou deux mois supplémentaires », a annoncé la ministre aux sénateurs. Objectif : « Préparer en quarantaine le départ du prochain contingent, et éviter à ceux qui sont en opération actuellement de se contaminer, car ils peuvent à ce stade vraisemblablement échapper à l'épidémie » explique Christian Cambon. 

Florence Parly a également détaillé les contours de l’opération « Résilience », réponse de l’armée à la crise du Coronavirus, essentiellement en matière de transport et de logistique. « L’armée a effectué 20% des transferts de malades entre hôpitaux » depuis le début de l’épidémie souligne Christian Cambon. Sur plus de 500 transferts, 139 ont été effectués par des militaires, notamment à bord de l’Airbus médicalisé A330 Phénix. L'opération a aussi permis d'acheminer 130 soignants vers des hôpitaux en tension.

« Résilience » au secours des DOM-TOM

Quant à l'hôpital de campagne déployé à Mulhouse, Florence Parly en a souligné le « caractère exceptionnel. » « Il faut bien comprendre qu'il s'agit d'un véritable hôpital, et non pas de tentes dans lesquelles on aligne des lits comme on le fait au large de New York » insiste Christian Cambon. « C'est un hôpital qui soigne dans des conditions absolument identiques à celles d'un hôpital classique. »

L'hôpital de campagne a accueilli 40 personnes en réanimation à ce jour a fait savoir la ministre. Par ailleurs, les hôpitaux d'instruction des armées (tels que Percy en région parisienne) soignent aujourd'hui 120 personnes en réanimation.

L’opération Résilience vise aussi à aider l’outre-mer. Le porte-hélicoptère Mistral a été détourné vers la Réunion et Mayotte, une île pour laquelle Christian Cambon admet « de grandes inquiétudes, car Mayotte manque de fournitures essentielles. » Le bâtiment apportera une aide logistique, à l’image du porte-hélicoptère Dixmude, qui lui fait route vers les Antilles avec à son bord un million de masques.  

 

Avant que cette crise ne démarre, il manquait déjà plus de 100 médecins dans le service de santé des armées

 

« Ce ne sont pas des bateaux-hôpital » précise Christian Cambon. « Ils ne sont pas équipés pour cela. Un malade en réanimation nécessite 1000 litres d'oxygène par heure. Aucun bâtiment ne peut transporter une telle quantité dans un aussi grand nombre. »

Si l’opération Résilience jouera un « rôle essentiel » dans les DOM-TOM, Christian Cambon souligne néanmoins un manque de moyens. « Avant que cette crise ne démarre, il manquait déjà plus de 100 médecins dans le service de santé des armées, qui tournait à 200% de ses capacités. Il a été fait appel à des retraités, des réservistes. Les problèmes constatés avant n'ont pas disparu et s'aggravent au contraire. »

Ne pas baisser la garde 

Le sénateur admet être « inquiet pour l’avenir. » « On peut imaginer qu'en sortant d'une telle crise, l'opinion publique exigera plus d'efforts en termes d'hôpitaux, d'usines, que d’efforts en matière d'armement. Or il faut comprendre que les crises géo-stratégiques, comme celle au Levant qui a conduit aux attentats, doivent être anticipées, comme les crises sanitaires, afin de ne pas être débordés. »

Le sénateur appelle à « ne pas baisser les armes » : « Nous devons faire en sorte que les engagement pris sur la dernière loi de programmation militaire, votée il y a 2 ans, soient respectés. » 


 

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