Conseil scientifique local : « Il y a déjà assez de confusion comme ça », prévient René-Paul Savary

Conseil scientifique local : « Il y a déjà assez de confusion comme ça », prévient René-Paul Savary

Après Marseille, Paris a annoncé travailler à la création d’un conseil scientifique local. Si l’instauration de ces instances est justifiée par un besoin de visibilité, les détracteurs y voient un risque de confusion encore plus grand.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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« Il n’est pas du tout question d’un conseil scientifique marseillais qui soit calqué sur celui qui conseille le gouvernement », a précisé la maire de Marseille, Michèle Rubirola, ce mardi sur France inter. Michèle Rubirola avait annoncé, la veille, qu’elle travaillait depuis plusieurs semaines à « la création d'un conseil scientifique et citoyen » qui représenterait une « aide indispensable à la prise des meilleures décisions, pour construire une réponse sanitaire globale », sur Twitter

La maire de Marseille a semblé s’écarter de quelques pas de la proposition de sa deuxième adjointe Samia Ghali qui, au conseil municipal, a elle aussi proposé la création d’un conseil scientifique local. La maire de Marseille a indiqué qu’il s’agissait de « sa proposition » : « J’écoute toujours ce que disent mes adjoints qui, eux aussi, sont des élus qui cherchent à convaincre ou à rassurer et sur le sujet difficile qu’est la Covid, chacun avec ses mots ». La maire de Marseille a aussi réfuté toute opposition Paris/Marseille en lien avec la création de cette instance.

La veille, lors du conseil municipal, exceptionnellement présidé par le premier adjoint, Benoît Payan, la proposition d’un conseil scientifique avait pourtant semblé être approuvée, sans pour autant être votée. 

La deuxième adjointe de la ville de Marseille, Samia Ghali, chargée de l’égalité des territoires y détaillait sa proposition : « Cela ne concerne pas que le Covid. On ne veut plus être dépendant des chiffres de certains scientifiques parisiens. On doit maîtriser les choses pour mieux décider et être en capacité d’apporter des réponses claires à l’État en matière sanitaire ». L’élue s’en est aussi prise à la décision de fermer les bars et les restaurants, une décision prise par l’État « pour masquer sa carence dans le soutien aux hôpitaux marseillais ».  

Le président de la région Sud - Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, s’est vivement opposé à la création d’une telle instance estimant qu’elle ne serait qu’une « strate supplémentaire, facteur de confusion et de cacophonie ». 

La maire de Marseille justifie, elle, la mise en place d’un tel conseil par un besoin de visibilité : « J’ai ressenti le besoin de faire travailler ensemble des experts, de réunir plusieurs expertises pour me conseiller en tant que maire de Marseille, pour qu’on sache bien où on va ». 

« Je comprends cette demande de création d’un comité scientifique pour qu’on puisse avoir des réponses locales », a, de son côté, réagi la sénatrice LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer. L’ancienne adjointe au maire de Marseille regrette que « depuis le début de cette épidémie, on ne cesse de voir soit le conseil scientifique s’exprimer et être contredit par d’autres médecins, soit des médecins s'écharper sur les plateaux télé. Bref, on ne comprend plus rien, on ne sait plus rien ». Durant l’épidémie, Valérie Boyer avait soutenu le directeur de l'IHU de Marseille, Didier Raoult, et avait même reçu le traitement de l’infectiologue. 

Valérie Boyer: "Je comprends cette demande de création de conseil scientifique"
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Pour le sénateur LR René-Paul Savary, membre actif de la commission d’enquête sur la gestion de la Covid, « on ne peut pas créer un conseil scientifique dans chacune de nos régions, nous ne sommes pas un État fédéral ! ». S’ « il est important d’avoir plusieurs cerveaux qui réfléchissent sur ce virus », « il faut qu’il y ait une cohérence dans cette parole scientifique (...) il y a déjà assez de confusion comme ça », juge le sénateur.  

Mais, pour l’heure, l’idée fait son chemin. La mairie de Paris se dirige vraisemblablement dans la même direction puisqu’il a été annoncé, ce mardi, que des travaux étaient en cours en vue de la création d’un conseil scientifique parisien. « On ne peut pas avoir tous les quinze jours des couperets qui tombent comme ça, il faut pouvoir construire avec des indicateurs précis qui nous permettent de vivre avec cette épidémie le plus possible », justifiait Olivia Polski, adjointe au commerce à la mairie de Paris, sur France Bleu. 

Marseille et Aix-en-Provence ont été l’objet d’un protocole sanitaire renforcé conduisant à la fermeture complète des bars et restaurants durant une semaine. Une mesure qui avait déclenché l’ire des élus locaux et l’incompréhension au Sénat. « Pourquoi une telle mesure à Marseille et pas à Paris », s’interrogeait par exemple la sénatrice de Paris, Esther Benbassa (lire notre article)

Auditionné par la commission d’enquête sur la gestion de la Covid, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a défendu cette position en écartant les critiques sur le manque de concertation : « Concerter ne veut pas forcément dire tomber d’accord ». 

Le durcissement des mesures dans la cité phocéenne a néanmoins déjà été revu puisque depuis lundi les restaurants ont l’autorisation d’ouvrir jusqu’à 22 heures. Ce protocole renforcé est en place dans les zones d’alerte maximale comme Paris. 

 

 

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