Controverse sur la carte judiciaire : Nicole Belloubet attendue de pied ferme au Sénat

Controverse sur la carte judiciaire : Nicole Belloubet attendue de pied ferme au Sénat

L’existence d’une note rédigée par le cabinet de la garde des Sceaux, faisant le lien entre la réorganisation de la justice de proximité et les résultats électoraux de la République en marche, suscite la stupéfaction. La ministre doit s’expliquer devant la commission des Lois ce mercredi.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Officiellement, la commission des Lois du Sénat, présidée par Philippe Bas (LR), souhaite interroger Nicole Belloubet sur les critères qui guident actuellement le gouvernement dans la réorganisation des tribunaux de première instance. « Il importe que les critères retenus pour ce faire relèvent de seules considérations de bonne administration de la justice et prennent en compte l’accessibilité de la justice et sa proximité pour le justiciable », ont mis en garde les sénateurs dans un communiqué. Une phrase lourde de sous-entendus.

La convocation de la ministre, ce 30 octobre, à partir de 12h30, intervient après la divulgation dans le Canard enchaîné, il y a tout juste une semaine, d’un document rédigé au sein du ministère de la Justice. Cette note, adressée au Premier ministre, laisse peu de doutes sur le fait que les suppressions prévues de postes de juges d’instruction pourraient être conditionnées par des considérations électorales. La réforme judiciaire, adoptée par le Parlement en février, prévoit de faire évoluer la répartition des tribunaux de première instance pour 2020, notamment en organisant des regroupements quand les juges d’instruction traitent moins de 50 dossiers par an.

Une note qui appelle les juridictions « à différer » les annonces

Selon l’hebdomadaire satirique, la note confidentielle comporte un tableau de 72 tribunaux concernés par la réforme, assortis des derniers résultats électoraux de la République en marche, ainsi que la couleur des députés et des maires locaux, et demande une réunion avec un conseiller de Matignon et des « experts » du parti sur les élections. À moins de six mois des municipales, la prudence est donc de mise dans les secteurs où le parti présidentiel pourrait l’emporter. Dans ces villes qualifiées de « cibles électorales », les juridictions sont même priées de « différer » les annonces.

Dans ces villes moyennes, la note a évidemment suscité l’indignation des élus, de droite ou de gauche, mais aussi des syndicats de magistrat. Interrogée le 29 octobre à l’Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement, Nicole Belloubet a confirmé l’existence de cette note, en précisant toutefois que ce n’était pas l’œuvre des services de la Chancellerie, mais qu'il s'agissait d'un « mail de cabinet à cabinet ». Dans une défense un peu laborieuse, la garde des Sceaux a précisé que le gouvernement, dans la mise en œuvre de la réforme, devait tenir compte pour les territoires concernés de « l’impact géographique, l’impact sociopolitique, l’impact économique ».

Ces révélations ont jeté un trouble au Sénat. Et l'audition risque d’être directe. Le vice-président (PS), de la commission, Jean-Pierre Sueur ne mâchait pas ses mots mercredi dernier, parlant d’une note « scandaleuse et intolérable ». Le socialiste prévoit d’ailleurs d’interpeller la ministre également en séance, cet après-midi, pendant les questions d’actualité.

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le