Coronavirus : Chaque mois de confinement, l’activité économique baisse de 30%

Coronavirus : Chaque mois de confinement, l’activité économique baisse de 30%

Alors qu’un nouveau projet de loi de finances doit être présenté en Conseil des ministres, des économistes donnent leurs premières analyses sur les conséquences économiques du confinement.
Public Sénat

Par Alizé Boissin

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Comprendre l’ampleur de la crise. C’est pour cette raison que la commission des finances du Sénat a décidé de réunir trois économistes français : Agnès Bénassy-Quéré, professeure d’économie à l’Université Paris-1-Panthéon Sorbonne ; Denis Ferrand, directeur général de l’institut études économiques Rexecode et Xavier Timbeau, directeur de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Pour Vincent Éblé, président de la commission, l’objectif est d’avoir « les cartes en mains » pour mieux appréhender les choix politiques.

En introduction, les spécialistes s’accordent à dire que l’allongement du confinement renforce le choc sur l’économie à long terme. Pour Xavier Timbeau « chaque mois de confinement est un choc brutal sur l’économie. L’activité économique baisse de 30 %, c’est 2,6 points de PIB en moins par mois de confinement ». L’institut Rexecode analyse cette crise comme « une crise d’offre : on restreint de facto la quantité de travail, donc la capacité à produire et à créer du revenu. » Le directeur de l’institut est davantage optimiste et table sur un recul du PIB de seulement 4,9 % de récession pour 2020. Des chiffres, que les économistes nuancent « nos estimations sont projetées sur seulement deux mois de confinement ».

Selon eux, le gouvernement français a fait le choix de « supporter le choc économique du côté des ménages et des administrations ». En effet, pendant la période de confinement, les ménages sont moins touchés que les entreprises : « grâce aux différents soutiens du gouvernement : télétravail, arrêt de travail, chômage partiel » analyse Xavier Timbaud. Toutefois, il faut s’attendre à ce que le chômage augmente considérablement à la fin du confinement : « on estime à 5 milliards les pertes de revenus pour les ménages français ».

Le gouvernement soutient des entreprises « zombies », par tradition, comme Air France

De leurs côtés, les entreprises vont accumuler des pertes importantes. « On met l’économie sous cloche, donc quand il y aura un redémarrage les entreprises seront déstabilisées. Elles risquent de ne pas avoir de financement » craint le représentant de l’OFCE. Agnès Bénassy-Quété assure qu’il y aura « de la casse » pour les entreprises. Quant à Denis Ferrand, il s’interroge : « quelle restructuration envisagée ? ». Pour Xavier Timbaud, l’une des possibilités envisagées peut-être d’assouplir les conditions d’accès aux crédits et aux financements. Mais tous craignent que le gouvernement soutienne des entreprises « zombies », par « esprit de tradition, on pense évidemment à Air France ».

Denis Ferrand, lui, insiste sur la difficulté d’élaborer un plan pour aider les entreprises financièrement à la sortie. Il pointe du doigt l’hétérogénéité des différents secteurs et territoires face à la crise, « la France était une forte destination touristique, ce secteur va en prendre un coup c’est évident. »

Échelle européenne

L’économiste Agnès Bénassy-Quéré assure qu’il est nécessaire de penser une solution au niveau de l’Union Européenne. D’après ses analyses, la Banque centrale européenne (BCE) peut agir sur trois leviers : « étaler dans le temps le coût de la crise, réduire les taux d’intérêt et augmenter le PIB nominal ». Elle imagine une reprise économique possible seulement si celle-ci est imaginée de manière coordonnée. Selon elle, l’une des stratégies possibles est que la BCE s’engage à ne pas garder les dettes dans son bilan mais réinvestisse jusqu’à ce que les États membres récupèrent un PIB nominal.

Des analyses précises qui permettront, selon Vincent Éblé, président de la commission des finances, d’être en mesure « de juger de la meilleure façon possible le projet de loi de finances du gouvernement ». 

Dans la même thématique

Brussels Special European Council – Renew Europe
10min

Politique

Européennes 2024 : avec son discours de la Sorbonne 2, Emmanuel Macron « entre en campagne », à la rescousse de la liste Hayer

Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».

Le

Jordan Bardella visite Poste-Frontiere de Menton
5min

Politique

Elections européennes : la tentation des seniors pour le vote RN, symbole de « l’épanouissement du processus de normalisation » du parti, selon Pascal Perrineau

Alors que la liste menée par Jordan Bardella (31.5%) devance de plus de 14 points la liste Renaissance, menée par Valérie Hayer (17%), selon le dernier sondage IFOP-Fiducial pour LCI, le Figaro et Sud-Radio, le parti de Marine Le Pen, mise désormais sur l’électorat âgé, traditionnellement très mobilisé pour les élections intermédiaires. Désormais deuxième force politique chez les plus de 65 ans (le RN conquiert 24% de cet électorat, 7 points de moins que Renaissance), la stratégie semble porter ses fruits. Décryptage avec le politologue Pascal Perrineau, professeur émérite à Sciences Po Paris et récent auteur de l’ouvrage Le Goût de la politique : Un observateur passionné de la Ve République, aux éditions Odile Jacob.

Le

Mairie de Paris, Jeux Olympiques 2024
4min

Politique

JO 2024 : les agents de sécurité privée vont-ils faire défaut ?

A trois mois des Jeux Olympiques, des incertitudes planent sur le nombre d’agents de sécurité privée mobilisés. Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez indique « ne pas être inquiet pour l’instant ». Du côté des professionnels du secteur, on évalue un manque de 8 000 agents sur 40 000 nécessaires.

Le