Coronavirus : les temps forts du débat au Sénat

Coronavirus : les temps forts du débat au Sénat

Mesures prises par le gouvernement face au coronavirus, maintien des élections municipales, capacité de réponse dans les territoires et les hôpitaux : retrouvez les temps forts du débat sur l’épidémie de coronavirus au Sénat.
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Quatre personnes décédées, 257 cas confirmés répartis majoritairement autour de quelques foyers, dont le principal dans l'Oise. Le bilan des personnes contaminées par le coronavirus s’alourdit de jour en jour en France.

Un débat sur les mesures de santé publique face aux risques d’une épidémie de Covid-19 s'est tenu au Sénat ce mercredi 4 mars. Un débat qui fait suite à une demande de Gérard Larcher et du président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau.

Après une prise de parole du ministre des Solidarités de la Santé, Olivier Véran, et du président de la commission des affaires sociales du Sénat, Alain Milon, les représentants de chaque groupe politique se sont exprimés 5 minutes, dans cet ordre : Claudine Kauffmann (non-inscrits), Laurence Cohen (CRCE), Claude Malhuret (Les Indépendants), Élisabeth Doineau (Union-centriste), Laurence Rossignol (PS), Véronique Guillotin (RDSE), François Patriat (LREM) et Catherine Deroche (LR). Une séquence de 15 questions réponses entre l’exécutif et les parlementaires a suivi.

Pour mémoire, la commission des affaires sociales du Sénat a organisé des auditions la semaine dernière sur les risques liés au Coronavirus Covid-19 et les mesures prises par les pouvoirs publics pour lutter contre sa transmission (voir notre article ici) et ici.

Coronavirus : « Le stade 3, nous n’y sommes pas ou en tout cas pas encore », assure Olivier Véran

Coronavirus : « Le stade 3, nous n’y sommes pas », assure Olivier Véran
10:33

Devant le Sénat, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran le dit, « me voilà devant vous pour la transparence ». Alors que 4 personnes sont décédées et que 257 cas ont été confirmés sur le territoire, le ministre a tout d’abord tenu à saluer les professionnels de santé et les élus locaux, en première ligne face au Covid-19.

 « Si c’est par grand temps que l’on reconnaît les grands marins, je peux vous assurer que les professionnels de santé que j’ai rencontrés ces derniers jours m’ont impressionné par leur réactivité, leur sang-froid et leur sens du devoir », déclare-t-il ainsi. Sur un ton rassurant, Olivier Véran assure par ailleurs « que notre système de santé est prêt et que notre vigilance est à son plus haut niveau ».

« Nous sommes passés à plus de 140 établissements référents répartis sur tout le territoire et il n’y a pas un département français qui ne dispose d’un hôpital capable d’accueillir de A à Z les patients », souligne encore le ministre des Solidarités et de la Santé.

« La fermeture des frontières ne constitue en rien une mesure de santé efficace » 

« À ce jour la France est en stade 2 et notre objectif principal est de freiner la propagation du virus sur le territoire national », a aussi rappelé Olivier Véran. « Le stade 3, nous n’y sommes pas ou en tout cas pas encore. C’est un stade où l’on constate que l’épidémie est désormais répandue sur le territoire et que les chaînes de contamination ne sont plus identifiables les unes les autres. »

Olivier Véran a fortement insisté sur la nécessité de la transparence et de d'information dans cette crise sanitaire mondiale. « Les gestes simples oui, les discours simplistes non. Je rappelle à cet égard que les frontières géographiques n’ont pas de sens quand il est question d’une épidémie et qu’en la matière seule compte la zone de diffusion d’un virus. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs utilement rappelé que la fermeture des frontières ne constituait en rien une mesure de santé efficace », rappelle le ministre.

« On meurt chaque année par milliers dans notre pays de la grippe saisonnière » rappelle Alain Milon

« On meurt chaque année par milliers dans notre pays de la grippe saisonnière » rappelle Alain Milon
00:56

« Dans la lutte contre l’épidémie, l’information fait partie de nos armes » a rappelé tout de suite Alain Milon, président LR de la commission des affaires sociales. De quoi permettre de « démentir les fausses nouvelles ».

Alain Milon souligne que « se protéger soi-même, c’est protéger les plus faibles ». Mais pour relativiser la menace, le sénateur du Vaucluse, médecin de profession, rappelle qu’« on meurt chaque année par milliers dans notre pays de la grippe saisonnière ou encore de la rougeole, alors qu’une réponse vaccinale existe tout comme les gestes barrières ».

En ouverture de ce débat, Alain Milon multiplie les questions : « Que savons-nous des possibilités de mutation du virus ? » « Le vaccin est-il à notre portée si l’épidémie se prolonge ? » « Quelle stratégie d’information ? Quelle stratégie de dépistage ? De prise en charge ? En quoi consistera la phase 3 ? » Et de souligner l’importance « d’organiser la réponse hospitalière dans un contexte où l’hôpital est fragilisé ».

Autre question : « Le Coronavirus est plus létal pour les personnes âgées. Ne devons-nous pas en tirer les conséquences sur le port du masque et sur l’accueil dans les Ehpad dans notre pays ? »

Face au Coronavirus, Laurence Cohen réclame « des moyens humains et financiers »     

Face au Coronavirus, Laurence Cohen réclame « des moyens humains et financiers »   
02:48

« Ce qui peut faire la différence, ce sont les moyens humains et financiers mis à disposition de l’hôpital public », plaide la sénatrice communiste et vice-présidente de la commission des Affaires sociales. Laurence Cohen rappelle que l’hôpital public, premier mobilisé face à l’arrivée du Covid-19, vit une crise sociale sans précédent. « Depuis un an, les personnels soignants sont en action pour dénoncer la crise que vit l’hôpital suite aux politiques de restrictions budgétaires mises en place depuis des dizaines d’années et accentuées par Agnès Buzyn », dénonce Laurence Cohen.   

« Comme Madame Buzyn, vous semblez aimer le jeu de bento puisque vous annoncez 200 millions euros d’aides pour les hôpitaux mais, détail important, ce soutien financier sera pris sur les réserves de l’exercice budgétaire 2019 non dépensé. Autrement dit, sur le budget de l’hôpital lui-même ! Bel exercice de communication mais pas de volonté réelle de répondre aux besoins de santé », reproche aussi la sénatrice communiste.

Claude Malhuret : « Le Sénat est à vos côtés, Monsieur le ministre, dans l’épreuve que nous traversons et que, bien entendu, nous surmonterons »

Claude Malhuret : « Le Sénat est à vos côtés, Monsieur le ministre, dans l’épreuve que nous traversons et que, bien entendu, nous surmonterons »
00:43

De nombreux sénateurs, médecins de profession, prennent la parole ce soir. « Si je parle au nom de mon groupe ce soir, c’est que je suis médecin épidémiologiste » a ainsi souligné Claude Malhuret, président du groupe Les indépendants. « J’ai commencé ma carrière en Inde au 20e siècle dans la campagne d’éradication mondiale de la variole, 100 fois plus mortelle que le coronavirus » souligne le sénateur de l’Allier. « Aujourd’hui, les moins de 25 ans n’ont plus sur le bras la cicatrice qu’ont tous ceux de notre génération, car on ne vaccine plus de la variole. Le virus a disparu de la surface de la terre » rappelle Claude Malhuret, avant d’ajouter : « Le Sénat est à vos côtés, Monsieur le ministre, aux côtés de tous nos professionnels de santé, de nos concitoyens, dans l’épreuve que nous traversons et que, bien entendu, nous surmonterons ».

« Tous les établissements n’ont pas encore été dotés des équipements nécessaires pour faire face à l’épidémie », alerte Laurence Rossignol

« Tous les établissements n’ont pas encore été dotés de tous les équipements nécessaires pour faire face à l’épidémie », alerte Laurence Rossignol
03:04

La sénatrice socialiste de l’Oise, premier foyer du Coronavirus, a profité de la présence du ministre des Solidarités et de la Santé pour faire remonter certains dysfonctionnements dans la gestion de cette épidémie.

Laurence Rossignol a ainsi lu un message qui lui a été envoyé par une aide-soignante officiant dans un Ephad public : « Nous, soignants n’avons plus de masque, plus de solution hydroalcoolique, les visiteurs sont gentiment invités à reporter leur visite, rien n’est encore interdit, grosse fatigue ce soir ».

« Non, aujourd’hui, tous les établissements, y compris dans des zones qui sont des zones difficiles, n’ont pas encore été dotés des équipements nécessaires pour faire face à l’épidémie », alerte Laurence Rossignol. La sénatrice socialiste s’inquiète aussi de l’indemnisation de certains malades comme les assistantes maternelles, « rien n’est dit pour les salariés des particuliers-employeurs », pointe Laurence Rossignol.

Olivier Véran : « Si vous voulez avoir un impact sanitaire par le port du masque, il faudrait que 60% de la population porte un masque en permanence »

Olivier Véran : « Si vous voulez avoir un impact sanitaire par le port du masque, il faudrait que 60% de la population porte un masque en permanence »
01:35

Répondant à une question du sénateur Les Indépendants de Loire-Atlantique, Joël Guerriau, sur les mesures dans les transports, le ministre Olivier Véran a rappelé que « le masque dans la population en général n’est pas utile ».

« Si vous voulez avoir un impact sanitaire (…) par le port du masque, il faudrait que 60% de la population porte un masque en permanence, et on commencerait à avoir une petite inflexion de la courbe » ajoute le ministre de la Santé. « Aucune recommandation nationale ou internationale ne porte sur le port du masque. Encore moins le masque FFP2 », insiste-t-il, et « même les masques chirurgicaux ne sont pas indiqués chez les chauffeurs dans les transports ».

Olivier Véran : « Les élections municipales se tiendront »

Olivier Véran, ministre de la Santé, sur le coronavirus : « Les élections municipales se tiendront »
00:39

Question sur les municipales de Loïc Hervé, sénateur UDI de la Haute-Savoie, département touché par l’épidémie. Le ministre de la Santé exclut clairement un report du scrutin de mars prochain. « La vie démocratique est importante à la vie de notre pays. Il n’y a aucun argument qui nous est opposé par les experts de santé publique pour suspendre ou repousser les élections municipales » répond le ministre, qui « souhaite que nous les utilisions pour faire de la prévention. J’ai proposé qu’il y ait un panneau électoral dans chaque commune, qui soit dédié à l’affichage des gestes barrières, et qu’il y ait du gel hydroalcoolique à chaque entrée de bureau de vote ».

« Nous ne sommes pas dans une situation dans un bureau de vote de confinement avec plus de 5.000 personnes », ajoute le ministre, en référence au seuil au-delà duquel les rassemblements en milieu confiné ont été interdits. « Donc les élections municipales se tiendront » conclut et assure Olivier Véran.

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