Coronavirus : « On est au bout d’un certain modèle » selon Emmanuel Faber, PDG de Danone
Auditionné pour la première fois au Sénat par la commission des affaires économiques, Emmanuel Faber, PDG de Danone, dixième groupe alimentaire le plus puissant au monde a livré sa vision sur les conséquences de la pandémie du Coronavirus.

Coronavirus : « On est au bout d’un certain modèle » selon Emmanuel Faber, PDG de Danone

Auditionné pour la première fois au Sénat par la commission des affaires économiques, Emmanuel Faber, PDG de Danone, dixième groupe alimentaire le plus puissant au monde a livré sa vision sur les conséquences de la pandémie du Coronavirus.
Public Sénat

Par Sandra Cerqueira

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3 min

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Danone qui emploie 100 000 personnes à travers le globe dont 9 000 en France continue de faire travailler ses employés pour assurer la continuité des approvisionnements. Selon son PDG, Emmanuel Faber la crise du Covid-19 nous montre « la nécessité d’aller vers une économie plus résiliente, vers une relance verte ». Considérant que cette crise est pire que celle de 2008, Emmanuel Faber pense que le "Green Deal" (plan d'investissement massif dans les énergies renouvelables) qui vise à amener les 27 pays du bloc à une empreinte carbone neutre d'ici 2050 peut être une solution.

« Le Medef s’est pris les pieds dans le tapis »

Interrogé sur le plan de relance économique, Emmanuel Faber estime que nous ne devons pas traiter de la même façon « les 330 grandes entreprises françaises qui ont beaucoup plus de ressources et les petites entreprises, les entrepreneurs qui mettront la clé sous la porte s’ils ne bénéficient pas d’aides. » Et d’ajouter que le « Medef s’est pris les pieds dans le tapis » en réclamant à la Commission de « la flexibilité » dans la mise en œuvre du Green Deal. « Nous devons nous poser la question de ce qu’on souhaite faire collectivement pour un nouveau modèle ? Car celui de l’industrie agroalimentaire actuel n’est plus tenable. » Danone a été l’une des entreprises signataires d’une tribune appelant à une mobilisation collective pour faire de la relance économique un accélérateur de la transition écologique.

La fin d’un certain modèle de l’industrie agroalimentaire

« Nous ne pouvons plus utiliser le Produit National Brut par habitant comme juge, c’est nocif pour l’économie de demain » précise Emmanuel Faber. « L’utilisation de moins de pesticides risque de faire baisser le PNB donc nous devons trouver d’autres modes de calcul, travailler sur d’autres types d’indicateurs qui tiennent compte de la captation du carbone par les sols » pour que l’agriculture émette moins de gaz à effet de serre. Aujourd’hui en Europe, 60% des protéines sont importées, notamment pour nourrir les animaux d’élevage, de zones où la déforestation est massive et où les émissions de gaz à effet de serre importantes. « Nous n'aurons pas une agriculture décarbonée en continuant sur le même modèle. En France, l'agriculture contribue autant que l'industrie au réchauffement climatique. Cela ne peut pas durer. Il faut réinventer autre chose. On est au bout d’un certain modèle. Je suis persuadé que l’agriculture est celui de demain. »

« La consigne, un rendez-vous manqué »

Sur la question de la diminution des emballages, Emmanuel Faber a affirmé que Danone a investi pour trouver de nouvelles solutions d’emballage. Le groupe s’est engagé à faire disparaître le polystyrène de l’ensemble de ses pots de yaourt et à passer, en Europe, 100 % de ses bouteilles d’eau en PET (polytéréphtalate d’éthylène recyclé) d’ici à 2025. « Le fait que la France n’ait pas mis en place la consigne lors de la loi sur l’économie circulaire a été une occasion manquée » regrette-t-il. « Une grande majorité des Français y est favorable. Aucun pays n’a atteint 90% de taux de recyclage sans la consigne. » Une mesure rejetée fin 2019 par les sénateurs jugeant ce retour de la consigne comme un « non-sens écologique » qui « légitime le plastique ».

 

 

 

 

 

 

 

 

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