Covid-19 : le Sénat ne transmet pas le cas de Jérôme Salomon à la justice
Dans son rapport, la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 révèle le rôle majeur du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, dans la non-reconstitution du stock stratégique de masques. Pour autant, les parlementaires font le choix de ne pas transmettre ses déclarations au parquet.

Covid-19 : le Sénat ne transmet pas le cas de Jérôme Salomon à la justice

Dans son rapport, la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 révèle le rôle majeur du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, dans la non-reconstitution du stock stratégique de masques. Pour autant, les parlementaires font le choix de ne pas transmettre ses déclarations au parquet.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Le Sénat va-t-il transmettre au parquet des déclarations de Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, épinglé dans le rapport de la commission d’enquête sur la gestion de Covid-19 ? C’est la question posée par Public Sénat, lors d’une conférence de presse, ce jeudi.

En effet, les sénateurs chargent clairement Jérôme Salomon, le directeur général de la santé. Ce dernier, bien qu’alerté en 2018 par Santé publique France (SPF) que 600 millions de masques sont déclarés non conformes, décide de ne commander que 50 millions de masques.

Jérôme Salomon n’a « pas informé la ministre » de la Santé, Agnès Buzyn. Dès fin décembre 2019, la ministre lui avait pourtant envoyé un mail lui faisant part de son intuition d’une pandémie mondiale. Ce n’est qu’un mois plus tard qu’elle sera informée de l’état du stock stratégique de masques, réduit à portion congrue : 100 millions.

Pressions de Jérôme Salomon sur Santé publique France

Mais surtout, selon le rapport de la commission d’enquête, le DGS « a modifié un rapport scientifique a posteriori pour justifier sa décision ». Une accusation qui s’appuie sur un échange de mails, obtenu par les sénateurs, entre le directeur général de la santé et celui de Santé publique France, François Bourdillon, au sujet d’un rapport d’expert. Cet expert, c’est Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses au CHU de Grenoble.

« L’analyse de courriels échangés entre la direction générale de la santé et Santé publique France atteste d’une pression directe de M. Salomon sur l’agence afin qu’elle modifie la formulation des recommandations de ce rapport avant sa publication au grand public » dit le rapport sénatorial.

Or, lors de son audition en septembre 2020 devant le Sénat, le directeur général de la santé s’est appuyé sur le rapport Stahl « pour justifier l’inutilité de constituer un tel stock et la pertinence de n’avoir commandé que si peu de masques en octobre 2018 » constatent les sénateurs.

« Nous ne sommes pas un tribunal »

La rapporteure LR de la commission d’enquête, Catherine Deroche indique que le « choix de transmettre au bureau du Sénat (qui décide ensuite de transmettre au parquet) les déclarations de Jérôme Salomon « ne font pas partie de ses conclusions », « comme c’était le cas pour l’affaire Benalla » a-t-elle rappelé.

« Nous touchons les limites d’une commission d’enquête. D’autant qu’il y a des procédures judiciaires qui sont en cours […] Nous ne sommes pas un tribunal. Nous notons juste que ces informations n’ont pas été portées à notre connaissance par les acteurs que nous avons auditionnés. Nous avons dû les mettre en lumière » a complété le rapporteur PS Bernard Jomier, qui qualifie néanmoins « de dysfonctionnement grave des pouvoirs publics » les pressions exercées par Jérôme Salomon.

« Il s’agit d’une omission, pas d’un faux témoignage » a résumé le président LR de la commission d’enquête, Alain Milon.

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Covid-19 : le Sénat ne transmet pas le cas de Jérôme Salomon à la justice
2min

Politique

« On impose des rythmes de cadres à des enfants », constate Sylvain Chemin, membre de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant

Depuis septembre, près de 140 citoyens tirés au sort se réunissent plusieurs fois par mois au Conseil économique et social pour débattre des temps de l’enfant. Sylvain Chemin, responsable immobilier à Cherbourg-en-Cotentin et père d’une collégienne en classe de 6ème, a pris part aux travaux de cette nouvelle Convention. Son constat est clair et limpide, la réalité des collégiens et des lycéens est à rebours des mesures préconisées. Il témoigne au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue Citoyen.

Le

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Lutte contre le communautarisme : la droite du Sénat propose encore une fois de réviser la Constitution

Lundi, le Sénat examinera une proposition de loi de la droite et du centre visant à inscrire dans la Constitution que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect des règles applicables ». Un principe que la majorité sénatoriale remet à l’ordre du jour régulièrement ces dernières années par le dépôt de différents textes. On retrouve aussi la même idée dans un texte de Marine Le Pen.

Le