Déficit public : « Le dépassement doit être limité, exceptionnel » selon Pierre Moscovici
Auditionné au Sénat, le commissaire européen chargé des affaires économiques et financières s’est exprimé ce jeudi matin sur les effets des mesures annoncées par Emmanuel Macron lundi soir sur la trajectoire budgétaire de la France.

Déficit public : « Le dépassement doit être limité, exceptionnel » selon Pierre Moscovici

Auditionné au Sénat, le commissaire européen chargé des affaires économiques et financières s’est exprimé ce jeudi matin sur les effets des mesures annoncées par Emmanuel Macron lundi soir sur la trajectoire budgétaire de la France.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Ça va probablement modifier nos prévisions. » S’exprimant devant les sénateurs de la commission des Finances et de la commission des Affaires européennes, le commissaire européen chargé des affaires économiques et financières Pierre Moscovici a pesé chacun de ses mots. Ce jeudi 13 décembre, le représentant de la Commission européenne a continué d’adapter son discours vis-à-vis du budget français, après la réponse de l’exécutif au mouvement des Gilets jaunes.

Entre l’annulation de la hausse des taxes sur les carburants en 2019, et les mesures sociales annoncées par Emmanuel Macron le 10 décembre, le budget 2019 va être déséquilibré de 10 milliards d’euros, selon Bercy (relire notre article), et amener le déficit à 3,4% du PIB. La bascule du CICE en baisse de charges sociales, qui aura un impact uniquement sur un an, représente à elle seule 0,9%.

« Ce dépassement doit être temporaire, limité, exceptionnel »

« Il est pour le moment difficile d’identifier les conséquences précises de ces mesures sur la trajectoire budgétaire de la France car nous attendons des arbitrages sur le financement de ces mesures, qui – nous dit-on – doivent être rendus à la fin de la semaine prochaine, le 20 décembre », a expliqué Pierre Moscovici. « Il est encore trop tôt pour spéculer sur le niveau final du déficit. » La veille, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a esquissé quelques pistes au Sénat, en indiquant qu'un « effort spécifique » pourrait être demandé aux grandes entreprises.

Le commissaire européen a rappelé qu’il n’était « pas interdit » qu’un « dépassement temporaire » du déficit public au-delà du seuil des 3% du PIB puisse avoir lieu. « Je répète, ce dépassement doit être temporaire, limité, exceptionnel », a insisté l’ancien ministre. Selon les critères du Pacte de stabilité et de croissance, une réouverture de la procédure pour déficit excessif  (la France en est sortie le 22 juin 2018) pourrait avoir lieu si le déficit français était supérieur à 3% sur un an, ou 3,5% sur deux années.

« Je pense que ce qui est souhaitable c’est que ce dépassement soit le plus limité possible », a fait savoir Pierre Moscovici. « Ce n’est pas interdit, à condition que ce soit limité, temporaire, exceptionnel, et ça doit être maîtrisé le plus possible. » Ce n'est qu'à l'occasion de ses prévision du printemps, que la Commission européenne en tirera des « conséquences procédurales éventuelles ».

Devant les sénateurs, Bruno Le Maire a déclaré que le gouvernement ferait « tout ce qui est nécessaire pour rester le plus près possible des 3% de déficit public en 2019 ».

« Un mouvement social exceptionnel »

L’ancien élu socialiste a aussi également souligné que la Commission pouvait « comprendre » le contexte dans lequel ces mesures sociales ont été prises :

 « Il y a aussi que ce que vous pouvez analyser en étant que responsables politiques : un mouvement social exceptionnel, une demande ou une aspiration à des mesures de pouvoir d’achat, que la Commission peut tout à fait comprendre et qu’à titre personnel je comprends plus encore, car je n’ai pas complètement oublié ce que fut mon passé »

Gilets jaunes : « Une aspiration à des mesures de pouvoir d’achat, que la Commission (européenne) peut tout à fait comprendre »
00:54

« Une aspiration à des mesures de pouvoir d’achat, que la Commission (européenne) peut tout à fait comprendre »

Partager cet article

Dans la même thématique

Hong Kong Legislature To Vote On Bill Recognizing Same Sex Couples Overseas Registration
3min

Politique

L’Assemblée nationale vote la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en deuxième lecture, une proposition de loi visant à réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982. Porté par le sénateur socialiste Hussein Bourgi, le texte entend réparer symboliquement des décennies de politiques discriminatoires. Mais la question de l’indemnisation continue de diviser députés et sénateurs et devra être tranchée en commission mixte paritaire.

Le

6min

Politique

Une « ordonnance négociée » pour faire passer le budget ? Un procédé « contraire aux principes parlementaires et démocratiques les plus élémentaires »

D’après des informations des Echos, Sébastien Lecornu plancherait sur la piste d’une « ordonnance négociée », pour faire passer le budget avant Noël, en cas d’une commission mixte paritaire conclusive en fin de semaine. Mais cette hypothèse n’enchante pas les constitutionnalistes, qui y voient le risque de mettre à mal le rôle de l’Assemblée nationale.

Le

CMP : comment la dissolution va modifier l’espace de compromis entre députés et sénateurs
2min

Politique

Budget : le groupe communiste boycotte la commission mixte paritaire

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget, le groupe communiste de la chambre haute indique que le sénateur, Pascal Savoldelli n’y siégera pas en tant que membre suppléant. Le groupe dénonce notamment « un problème démocratique majeur » dans la composition de la CMP.

Le

Déficit public : « Le dépassement doit être limité, exceptionnel » selon Pierre Moscovici
7min

Politique

Numérique : le Sénat adopte à l’unanimité un texte qui interdit l’accès des réseaux sociaux aux mineurs de moins de 13 ans

Alors qu’Emmanuel Macron a promis la semaine dernière d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de « 15 ou 16 ans », le Sénat vient d’adopter à l’unanimité une proposition de loi portant la majorité numérique à 13 ans. Les mineurs de 13 ans à 16 ans devront recueillir l’autorisation parentale pour leur inscription sur un réseau social.

Le