Démission de Bruno Julliard : les sénateurs de Paris réagissent

Démission de Bruno Julliard : les sénateurs de Paris réagissent

Ce lundi, Bruno Julliard, premier adjoint (PS) à la mairie de Paris, a annoncé sa démission. Il regrette la « gestion inefficace et solitaire » d’Anne Hidalgo et « croi(t) pour 2020 en un projet social-démocrate et écologique », porté par « une majorité solide, dont le cœur devra être au centre gauche ». Les sénateurs de Paris Julien Bargeton (LREM), Philippe Dominati (LR) et Bernard Jomier (apparenté PS) réagissent.
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Par Alice Bardo

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C’est avec « regret » que le sénateur socialiste de Paris, Bernard Jomier, a appris le départ de Bruno Julliard, qui a annoncé ce lundi qu’il quittait son poste de premier adjoint à la mairie de Paris. Un départ qui n’a « pas surpris » Rémi Féraud, également sénateur socialiste de Paris et membre du Conseil municipal de la ville. Mais celui-ci se dit « déçu » par les arguments avancés par celui qui est désormais l’ancien bras droit d’Anne Hidalgo.

« Le caractère collectif s’est beaucoup renforcé »

En effet, dans une interview donnée au Monde, Bruno Julliard ne mâche pas ses mots à l’égard de l’édile parisienne, dénonçant tour à tour son « inconstance », son « déficit d’humilité et de compréhension », ou encore sa « gestion inefficace et solitaire ». « Cela ne correspond pas à la réalité, ni de l’action, ni de la gouvernance d’Anne Hidalgo », lui rétorque Rémi Féraud. Et de renchérir : « Ces derniers mois, le caractère collectif s’est beaucoup renforcé. A un moment, les résultats commencent à se voir : les nouveaux Vélib’, l’amélioration de la propreté… » Des dossiers évoqués dans son interview par Bruno Julliard, qui retient surtout les « erreurs » et le « manque de vigilance » d’Anne Hidalgo. De même pour le rétablissement de la gratuité du Pass Navigo pour les seniors, qui traduit, selon les mots de l’ancien numéro 2 à la mairie de Paris, « une certaine inconstance » et « une manière de gouverner à l’instinct ». L’édile de Paris avait supprimé cette mesure en début de mandature, pour la remettre en place en juin dernier. « Ce n’est pas tout à fait la même mesure qui a été enlevée, puis remise en place » corrige Rémi Féraud.

De son côté,  Julien Bargeton, sénateur de Paris et candidat à la candidature LREM pour la mairie de Paris, « partage (l)’avis (de Bruno Julliard) sur l‘aller-retour de la maire sur la gratuité du Pass Navigo pour les séniors ». Mais, en bon candidat en campagne, il revendique la parenté de cette analyse : « Je l’ai dit avant qu’il s’en explique ! »

« Je ne serais pas surpris que d’autres adjoints quittent la mairie de Paris »

Julien Bargeton n’a « rien à redire » sur la décision de Bruno Julliard mais ne veut « pas commenter les claquements de porte ». D’autant que ce n’est pas le premier départ de l’Hôtel de ville, le sénateur LREM ayant lui-même quitté ses fonctions d’adjoint à la mairie de Paris pour son siège au Palais du Luxembourg, il y a tout juste un an. Idem pour Bernard Jomier, qui prédit quant à lui d’autres démissions : « Je ne serais pas surpris que d’autres adjoints quittent la mairie de Paris. ». Selon lui, « il y a un trouble chez les élus des grandes villes (…) Je sens une interrogation sur l’envie de poursuivre dans la vie politique ». Le sénateur dédouane ainsi Anne Hidalgo après les attaques de Bruno Julliard à son encontre. En tant qu’un de ses anciens adjoints, il met en avant sa « capacité à écouter » et préfère parler de « forte volonté politique » que d’« autoritarisme ».

Une majorité « diverse » ou « éclatée »

Le sénateur Rémi Féraud exclut également toute dislocation de la majorité parisienne à l’origine de la démission de l’ex-bras droit de la locataire de l’Hôtel de ville. Pas de majorité éclatée donc, mais une « majorité diverse » et « soudée ». Comme Bruno Julliard, il aspire toutefois à ce qu’elle puisse « s’élargir vers le centre ». Peut-être une manière de concurrencer la future candidature LREM pour 2020, que quatre candidats aspirent déjà à obtenir : Benjamin Griveaux, Hugues Renson Mounir Majhoubi et Julien Bargeton. « Un vrai concours d’ambition », commente Bernard Jomier, qui moque également le programme de Julien Bargeton et de ses plateformes numériques collaboratives.

Le sénateur LR de Paris, Philippe Dominati, pense, lui, qu'il « il y a anguille sous roche » et que « l’un des deux (Bruno Julliard ou Anne Hidalgo) est en contact avec la sphère présidentielle ». « Cela fait penser penser à la démission de Macron sous Hollande », ajoute-t-il.

Malgré le départ de Bruno Julliard, les sénateurs socialistes de Paris restent confiants vis-à-vis de l’action de l’édile de Paris. Pour Bernard Jomier « l’été a apaisé beaucoup de choses ». Des résultats corroborés par le sondage Ifop publié ce dimanche par le JDD : il crédite Anne Hidalgo de 23% au premier tour, à égalité avec Benjamin Griveaux. « Très encourageant pour la suite » se réjouit Rémi Féraud. Et d’ajouter : « Il ne faut pas perdre le cap. » Ni trop d’adjoints.

 

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