Montpellier Anne Hidalgo at the PS parliamentary days

Elections sénatoriales 2023 : pour le PS, un scrutin qui s’annonce « stable » avec la question de la Nupes et de LFI à régler

Pour les élections sénatoriales de septembre 2023, la moitié des sièges du groupe PS est renouvelée. Le président du groupe, Patrick Kanner, qui annonce être « candidat », vise « une forme de stabilité » pour son groupe et espère gagner des sièges. Il entend défendre les sièges des sortants et prévient que LFI « ne peut pas réclamer de sénateur », sur la base de ses grands électeurs.
François Vignal

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C’est le prochain rendez-vous électoral programmé. En septembre prochain, les élections sénatoriales vont permettre de renouveler la moitié des 348 sièges de la Haute assemblée. Les sénateurs de la série 1 sont concernés, soit ceux élus en 2017. Les départements renouvelables vont du numéro 37 (Indre-et-Loire) à 66 (Pyrénées-Orientales), ainsi que ceux d’Île-de-France, six territoires d’Outre-mer et six sénateurs (sur 12) des Français de l’étranger.

33 sénateurs renouvelables sur un groupe de 64

Le groupe PS sera largement concerné par le renouvellement. Sur ses 64 membres, 33 sont renouvelables, soit à peu près la moitié. 4 autres sénateurs élus sous la bannière socialiste en 2017 sont entre-temps partis dans un autre groupe (Marie-Noëlle Lienemann au groupe communiste, Xavier Iacovelli et Michel Dagbert chez Renaissance, et Sophie Taillé-Polian, passée au groupe écologiste avant de devenir députée).Lire aussi » Sénatoriales 2023 : comment va se dérouler la seule élection de cette année ?Pour Patrick Kanner, à la tête du groupe socialiste du Sénat, l’ambition est de progresser, si possible. « Aujourd’hui, nous sommes une petite centaine de sénateurs avec les trois groupes de gauche. Je souhaite qu’on passe la barre des 100, tous ensemble », avance le sénateur du Nord, qui ajoute : « Les 33 sièges sortants du PS, c’est mon socle. Je n’ai qu’une ambition, c’est qu’il y ait plus de socialistes le 12 septembre prochain ». Sur les 4 sièges renouvelables qui ne sont plus au groupe aujourd’hui, il a « bon espoir de les récupérer, tout ou parti ».Pour rappel, le corps électoral des grands électeurs est composé à 95 % des conseillers municipaux. Après des élections municipales qui se sont bien déroulées pour le Parti socialiste, qui a conservé ses grandes villes et gagné quelques autres, comme Saint-Ouen ou Nancy, globalement, les choses ne devraient pas trop bouger, ou qu’à la marge. C’est pourquoi l’ancien ministre des Sports « parie sur une forme de stabilité », avec espère-t-il « des bonnes surprises ».

Patrick Kanner « candidat » à sa réélection

On sait déjà que certaines figures du groupe ne se représenteront pas, comme Jean-Pierre Sueur, sénateur PS du Loiret et ancien président de la commission des lois, quand le Sénat est passé à gauche, avec Jean-Pierre Bel. Ou encore le sénateur PS de Paris, David Assouline, qui vient de s’illustrer comme mandataire de Nicolas Mayer-Rossignol, lors des discussions pour le dernier congrès, et qui a dernièrement été rapporteur de la commission d’enquête sur la concentration des médias.Patrick Kanner, lui, compte bien rempiler. « Au moment où je vous parle, je pense que je solliciterai le soutien de mes camarades », annonce à publicsenat.fr le président du groupe, avant d’ajouter : « Je suis candidat ».

« Je défendrai les sortants comme la prunelle de mes yeux »

Ce scrutin sénatorial sera le premier post-Nupes, où le PS a conclu pour les législatives un accord avec EELV, le PCF et surtout LFI, non sans susciter crispations puis crise au PS, comme vient de le montrer le congrès de Marseille, qui a vu reconduire Olivier Faure à la tête du parti dans la douleur. Si les discussions avec les partenaires de gauche ont toujours eu lieu pour les sénatoriales, faudra-t-il cette fois aller plus loin et intégrer La France Insoumise ? Une chose est sûre, aux yeux de Patrick Kanner : les sortants – ou leurs sièges – doivent être conservés par le PS. « Je défends le principe du maintien de ces postes sortants, qui sont des postes gagnés par les socialistes. Je considère qu’ils ne rentrent pas dans une négociation qui serait perdant-perdant. Je les défendrai comme la prunelle de mes yeux », prévient le président du groupe PS.Si LFI espère avoir ne serait-ce qu’un ou deux sénateurs, il faudra leur céder autant de sièges. Or, ce n’est pas trahir un secret que de dire que Patrick Kanner, qui a soutenu Nicolas Mayer-Rossignol pour le congrès, n’est pas un grand adepte de Le France Insoumise et de Jean-Luc Mélenchon. « L’arythmique nous a été imposée de manière assez rude aux législatives. Donc pour être clair, aujourd’hui, LFI ne peut pas réclamer un sénateur sur la base de ses grands électeurs, nulle part en France. C’est un constat objectif », soutient Patrick Kanner. Et d’ajouter : « Il y a beaucoup de soutiens de la Nupes, qui sont renouvelables, au moins une quinzaine. Il faut leur poser la question, s’ils sont prêts à laisser leur place au profit de LFI… » On voit que le dernier congrès, fraîchement conclu, a laissé des traces.

LFI aborde les sénatoriales « dans une perspective nationale » et veut en faire « une nouvelle étape » pour la Nupes

Du côté de La France Insoumise, on espère pourtant prolonger aux sénatoriales l’esprit de la Nupes. Pour Paul Vannier, député LFI et chargé des élections dans son parti, « les sénatoriales, ce sont des élections parlementaires, à dimension nationale. C’est dans une perspective nationale que nous allons l’aborder, avec la volonté que ce soit pour la Nupes une nouvelle étape, et faire en sorte que dans le plus grand nombre de départements, une stratégie Nupes permette l’élection du plus grand nombre de sénateurs issus de ses composantes fondatrices. Nous allons proposer d’engager une discussion avec nos partenaires sur cet objectif ». Paul Vannier n’en reste pas moins réaliste, sur le poids politique local de LFI, qui est très faible. « Pour LFI, on a des ambitions modestes aux sénatoriales. Nous sommes une force récente, plus nationale que locale », reconnaît le député, pour qui l’élection d’un sénateur insoumis serait déjà une grande victoire.Lire aussi » Congrès du PS : pourquoi l’accord conclu risque de compliquer la vie de la NupesSi des échanges informels ont déjà eu lieu, Paul Vannier va engager des discussions directement avec la direction du PS. Selon le Monsieur élections de LFI, il faut « voir où nous pouvons aider à faire basculer un siège pour la Nupes, des départements où sans nous, un siège pourrait être menacé ou perdu ». Paul Vannier voit le scrutin comme « une brique de plus ». « Les sénatoriales sont le début d’une nouvelle séquence politique électorale », ajoute-t-il, « on construit un bloc politique qui a vocation à gouverner ce pays ».

« La plus-value d’un candidat LFI, il faudra la démontrer. Et dans certains départements, ça peut être une moins-value », selon Patrick Kanner

De son côté, Patrick Kanner pense qu’« il y a un principe de réalité qui s’imposera ». S’il veut discuter avec les alliés traditionnels de la gauche, EELV ou le PCF, « la question de LFI vient en seconde position. La plus-value d’un candidat LFI, il faudra la démontrer. Et dans certains départements, ça peut être une moins-value. Sur une liste, ça peut faire fuir les grands électeurs », met en garde le sénateur du Nord, qui « invite la direction nationale du PS à éviter les phénomènes de dissidence par des choix qui ne seraient pas les bons, en matière de candidature ».Pour Patrick Kanner, « il faut faire confiance aux locaux de l’étape ». Car un scrutin sénatorial ne connaît pas « de réflexe pavlovien ». La lecture est moins politique, même si elle compte. « C’est une alchimie », aime à dire Patrick Kanner, où la personnalité et l’implantation du candidat comptent autant, si ce n’est plus.

Conséquences du congrès PS sur les candidatures

Chaque cas sera regardé dans le détail. A Paris, qui attire toujours les projecteurs, les sortants Rémi Féraud, Marie-Pierre de la Gontrie et Bernard Jomier souhaitent repartir. Pour la quatrième place, sûrement éligible, on parle de Colombe Brossel, ajointe à la propreté d’Anne Hidalgo, qui a soutenu Nicolas Mayer-Rossignol. Mais on cite aussi le nom d’Emma Rafowicz, présidente des MJS, adjointe à la mairie du 11e et… soutien d’Olivier Faure.L’effet congrès pourrait avoir des impacts sur les candidatures. Dans l’Oise, Alexandre Ouizille, premier secrétaire fédéral du PS du département, soutien d’Olivier Faure et président du groupe Gauche républicaine et écologique à la région Hauts-de-France, est « pressenti pour prendre la première place sur la liste », selon Oise Hebdo. La seconde place devant revenir à une femme, ce serait une communiste, dans le cadre d’un accord. Quid de la sénatrice sortante, Laurence Rossignol, qui s’est illustrée notamment pour la défense des droits des femmes ? Toujours dans l’hebdomadaire local, l’ancienne ministre temporise et demande « un peu de patience », tout en pointant « l’impatiente revendication de (sa) succession ». A suivre. Pour les investitures, on devrait y voir plus clair vers mars. Mais certains n’ont pas attendu pour partir en campagne. Un élu sourit : « Je le suis depuis cinq ans ! »

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