« Emmerder les non-vaccinés » : « Ce qu’a dit le président de la République, je l’entends partout », défend Jean Castex

« Emmerder les non-vaccinés » : « Ce qu’a dit le président de la République, je l’entends partout », défend Jean Castex

Lors des questions d’actualité au gouvernement du Sénat, le Premier ministre, Jean Castex est revenu sur les propos polémiques du chef de l’Etat à l’adresse des personnes non-vaccinés. « Il y a une forme d’exaspération de nos concitoyens à se voir imposer un certain nombre de contraintes », a-t-il justifié.
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C’était incontournable, la première interpellation des questions d’actualité au gouvernement du Sénat a porté sur l’interview du chef de l’Etat dans le journal le Parisien dans laquelle il confie vouloir « emmerder » les non-vaccinés.

Lire notre article: Emmanuel Macron a « très envie d’emmerder les non-vaccinés » : les sénateurs vent debout

C’est le président du groupe LR, Bruno Retailleau qui s’y est collé. « Les mots d’Emmanuel Macron sont dans tous les esprits et ces mots, je ne les prononcerai pas […] Aucune urgence sanitaire ne justifie des propos d’une telle brutalité, d’une telle indignité […] qu’un président de la République aille jusqu’à daigner à ses propres compatriotes, la qualité de concitoyens », a-t-il fustigé sous les applaudissements nourris de l’hémicycle.

Bruno Retailleau en arrive à sa question. « Celui qui vous parle est vacciné, j’ai voté le passe sanitaire, je vais voter le passe vaccinal […] Alors que notre débat public est pollué par la violence, pensez-vous vraiment que la réponse à la violence est une autre forme de violence, la violence verbale […] (En tant que) maire, auriez-vous utilisé ces mots-là ? »

« Il y a une forme d’exaspération de nos concitoyens à se voir imposer un certain nombre de contraintes »

Le Premier ministre a préféré « se placer au fond du sujet » plutôt que de s’étendre sur la forme. Même s’il n’a pas manqué de rappeler que le terme « emmerder » a déjà été utilisé naguère par un chef d’Etat, Georges Pompidou.

Au moment où notre pays est confronté à nouveau, à une vague d’une forte ampleur […] Oui, nous avons une difficulté avec celles et ceux de nos concitoyens qui ne sont pas vaccinés […] Quand je vais sur le terrain, dans les services de soins critiques, ce qu’a dit le président de la République, je l’entends partout. Il y a une forme d’exaspération de nos concitoyens à se voir imposer un certain nombre de contraintes, alors que d’autres font le choix de s’en affranchir avec toutes les conséquences qu’à a », a-t-il mis en avant.

Le Premier ministre a ensuite jugé que les propos du chef de l’Etat s’inscrivaient « en parfaite cohérence » avec le projet de loi sur le passe vaccinal, et ce même si cette interview a déclenché une bronca de l’opposition à l’Assemblée nationale conduisant à une suspension de séance. « C’est-à-dire pousser à la vaccination, responsabiliser toujours davantage celles et ceux de nos concitoyens qui s’y refusent et pour contrer l’exaspération de ceux qui font l’effort de se conformer aux règles de la vie civique […] Je constate avec regret qu’on a l'air de se saisir de tous les motifs pour en retarder l’examen », a-t-il tancé sous les huées des sénateurs.

« Qui outrage la Nation ? Qui fracture la Nation ?

Le président du groupe Union centriste, Hervé Marseille a poursuivi l’échange sur ce sujet. Evoquant l’exposé des motifs du texte sur le passe vaccinal, le sénateur UDI souligne qu’« on parle de protéger la population et non pas d’employer un autre verbe, qui consiste à montrer du doigt, stigmatiser une partie de la population française. A partir de là, c’est une autre dimension ». S’il rappelle qu’« à chaque fois qu’il a fallu prendre des mesures difficiles, le Sénat a répondu présent », Hervé Marseille souligne que « le Parlement n’a pas vocation à ennuyer une partie de la population française ».

« Qui outrage la Nation ? Qui fracture la Nation ? Et qui conduit les soignants dans nos urgences à faire des choix éthiques dramatiques ? C’est une infime minorité » lui a répondu Jean Castex, qui conclut : « A un moment donné, il faut appeler un chat un chat, responsabiliser nos concitoyens et se donner ensemble les moyens de lutter contre cette pandémie ».

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