Énergie : La fermeture programmée des centrales à charbon suscite l’inquiétude

Énergie : La fermeture programmée des centrales à charbon suscite l’inquiétude

En reportant à quelques semaines, la présentation du projet de loi sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, le gouvernement laisse en suspend la question de la fermeture des centrales à charbon programmée pour 2022.
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« Si on veut réduire les émissions de gaz à effet de serre (…) la première priorité c’est de fermer les centrales à Charbon ». Quelques minutes avant l’ouverture de la conférence thématique du grand débat sur la transition énergétique, François de Rugy a réaffirmé l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron : La fermeture des quatre dernières centrales à charbon en activité sur le sol français d’ici la fin de son quinquennat, soit en 2022.  

Mais voilà, l’un des objectifs du quinquennat en matière de transition énergétique s’avère plus compliqué que prévu. En témoigne la présentation en Conseil des ministres du projet de loi sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), initialement prévu ce lundi et reporté « à une semaine ou deux » selon les mots de François de Rugy. « Le Conseil économique social et environnemental nous a demandé de préciser certaines choses » a-t-il argué. Mais, comme le révèle Le Monde, la version du texte transmise fin février au Conseil économique social et environnemental ne comporte plus de dispositions sur les centrales à charbon.

Le projet Ecocombust relancé par EDF

Parmi les quatre centrales à charbon encore en activité sur le sol français, deux (en Moselle et dans les Bouches du Rhône) sont gérées par le groupe allemand UNIPER et sont en cours de rachat par le groupe tchèque EPH. Les deux autres, en Seine-Maritime et en Loire Atlantique, sont administrées par EDF. Or, en ce qui concerne ces deux centrales, l’État récemment changé de pied sur l’expérimentation du projet Ecocombust, un procédé alternatif à base de biomasse résiduelle et de bois déchets de classe B. Jugée peu réaliste il y a quelques mois, le gouvernement a prié EDF de lui remettre un projet pour l’automne. De quoi arrêter la semaine dernière une grève de 3 mois sur le site de Cordemais afin de se donner « toutes les chances de pouvoir continuer à apporter bien plus que la lumière dans les foyers de l’ouest de la France au-delà de 2022, tout en s’inscrivant pleinement dans les exigences portées par la loi transition énergétique » indiquent dans un communiqué commun les syndicats CGT, FO, CFE-CGC.

« Le charbon est un des grands émetteurs de gaz à effet de serre »

« Il faut accompagner cette transition. On ne peut pas nous, France, continuer de produire de l’électricité à partir du charbon. C’est une évidence car le charbon est un des grands émetteurs de gaz à effet de serre (…) Les dernières déclarations (du gouvernement) me semblent aller dans ce sens-là » veut croire Ronan Dantec. Toutefois, le sénateur écologiste de Loire-Atlantique met en avant la corrélation entre la fermeture des centrales à charbon et la mise en service de l’EPR de Flamanville. (voir la vidéo)

Ronan Dantec: "On ne peut pas continuer de produire de l’électricité à partir du charbon"
00:58

Deux centrales à charbon à l’arrêt en 2022 ?

Pour le sénateur LR, rapporteur spécial pour l’écologie, Jean-François Husson, il est clair que le gouvernement « se prépare à une application anticipée du droit à la différenciation ».

En effet, à la demande de RTE, le gouvernement a déjà autorisé le site de Cordemais à fonctionner « pour quelques centaines d’heures par an » après 2022. « On peut relever quand même que la centrale du Cordemais et celle du Havre sont sur des territoires de deux poids lourds du gouvernement, François de Rugy et Édouard Philippe » observe Jean-François Husson qui pressent que sur les quatre centrales à charbon, seules deux fermeront effectivement d’ici 2022.

Dans les Bouches du Rhône la grève perdure

À Gardanne dans les Bouches du Rhône, à l’appel de la CGT, les salariés de la centrale thermique de Provence sont, eux, toujours en grève depuis début décembre. Si UNIPER a investi 300 millions d’euros pour convertir l’une des branches du site en unité biomasse, le projet est très contesté par les écologistes car une partie du bois destiné à être converti en électricité est importé. « Je me garderai bien d’avoir un avis tranché sur cette question. Le charbon n’est pas une énergie d’avenir mais il faut mettre en balance l’aspect environnemental et l’aspect économique » reconnaît le sénateur LREM des Bouches-du-Rhône, Michel Amiel.  

« Nous sommes dans une situation de blocage. On nous dit qu’on va arrêter les centrales à charbon 2022, mais on va se retrouver à importer de l’électricité produite par les centrales à charbon allemandes à 10 km d’ici » s’inquiète François Grosdidier, sénateur LR de Moselle où la centrale thermique de Saint-Avold fait vivre plus d’une centaine de personnes.

Censé être présenté au Parlement au mois de juin, le projet de loi sur la programmation pluriannuelle de l’énergie devrait conserver l’objectif de baisse de la consommation à 20% d’ici 2030 celui de « la neutralité carbone d'ici 2050 », c'est-à-dire l'équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et les absorptions.

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