Outre-mer : le Sénat vote la prorogation de l’état d’urgence jusqu’au 15 novembre

Outre-mer : le Sénat vote la prorogation de l’état d’urgence jusqu’au 15 novembre

Après l’Assemblée nationale mardi, le Sénat a voté la prorogation, jusqu’au 15 novembre, de l’état d’urgence sanitaire dans la grande majorité des territoires ultramarins, durement touchés par le rebond de la crise du coronavirus. Le texte voté conforme est définitivement adopté.
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Le Sénat a adopté le projet de loi de prorogation de l’état d’urgence sanitaire dans les outre-mer. Cette extension, permet notamment au gouvernement d’instaurer ou maintenir des mesures de couvre-feu et de confinement, concerne la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin dans les Antilles, ainsi que la Guyane, la Réunion et la Polynésie française, jusqu’au 15 novembre 2021.Le Sénat n’ayant pas modifié la version adoptée par les députés, le texte est définitivement adopté.

La Nouvelle-Calédonie, où un confinement strict est entré en vigueur mardi, a été ajoutée à cette liste par un amendement du gouvernement adopté à l’Assemblée. Le projet de loi prévoit aussi que si l’état d’urgence sanitaire était déclaré à Mayotte et Wallis-et-Futuna avant le 15 octobre, il serait là aussi en vigueur jusqu’au 15 novembre.

Toutefois, « la loi ne signifie que l’état d’urgence durera jusqu’à cette date sur tous les territoires concernés », a précisé Sébastien Lecornu à la tribune. « J’ai pu bousculer certains esprits en disant que nous sommes entrés dans une épidémie en Outre-Mer de non-vaccinés. Je n’en retire pas un mot », a ajouté le ministre des Outre-mer.

En effet, le taux d’incidence de l’épidémie a atteint des records cet été dans certains territoires. « Au pic de l’épidémie, on a atteint 1 000 cas pour 100 000 habitants en Martinique, 2000 en Guadeloupe et même jusqu’à 4000 en Polynésie ».

Le sénateur (RDPI) de Guadeloupe, Dominique Théophile a rappelé avec gravité « qu’entre le 20 et le 27 août dernier, 12 personnes en moyenne sont décédées chaque jour de la Covid 19. Cela représente le double de la moyenne nationale au plus fort de la première vague ».

« En Polynésie, nous déplorons aujourd’hui le décès de plus de 535 personnes. Nous enregistrons le taux d’incidence le plus élevé, de plus de 3.000 pour 100.000 habitants », s’est inquiété Lana Tetuani, sénatrice centriste de Polynésie.

« L’Etat n’a pas failli »

Pourtant comme l’a souligné le ministre, dans les territoires d’Outre-mer, « l’Etat n’a pas failli ». Les Outre-mer font partie des premiers territoires à avoir bénéficié des doses de vaccins en nombre important […] Plus de 2,5 millions de doses ont été acheminées […] le drame c’est que les centres de vaccinations n’ont pas fait le plein et plus particulièrement aux Antilles et en Guyane ». « Nous avons fait face à un mur de défiance », a reconnu le ministre avant d’inciter tous les responsables politiques à se mobiliser en faveur de la vaccination […] prendre la parole, désormais, c’est sauver des vies ».

Fidèle à son style toujours imagé, Claude Malhuret président du groupe les Indépendants du Sénat a mis l’accent sur les leaders antivax et les anti-passe sanitaire qui « ne défendent qu’une liberté, celle de mettre en danger la vie d’autrui au nom de théories qui tiennent plus du champignon hallucinogène que de la science ».

« Nous sommes tous ultramarins » a martelé quant à lui le rapporteur LR du texte Philippe Bas. « Plus les autorités sanitaires sauront s’appuyer sur des acteurs de confiance proches des habitants, moins ils se reposeront sur une propagande indifférenciée […] Mais on est loin du compte. Lorsqu’on est encore, pour le premier vaccin, à environ 30 % de personnes vaccinées dans les Antilles, 24 % en Guyane, on a le droit d’être inquiet pour les semaines qui vont venir », a-t-il alerté.

« Vigilance » à Mayotte

Philippe Bas s’est également dit étonné de la résistance de Mayotte face à l’épidémie. Mais dans un souci de « vigilance », l’île doit être englobée dans la liste des territoires où l’état d’urgence peut être déclenché à tout moment. A la différence de Saint-Pierre-et-Miquelon qui, sous l’impulsion du Sénat, a été retirée de cette liste en raison d’un fort taux de vaccination de plus de 85 %.

« Il ne saurait y avoir d’état d’urgence sanitaire, de surcroît prolongé, sans mesures d’accompagnement tout aussi urgentes, davantage adaptées pour nos territoires. Le gouvernement y a déjà partiellement répondu par des mesures de soutien spécifique à nos économies », a remercié Annick Petrus, sénatrice LR de Saint-Martin.

La défiance en Outre-Mer lié au Chlordécone

A la gauche de l’hémicycle, le sénateur écologiste, Guy Benarroche a donné une explication de cette « défiance » en particulier en Outre-Mer vis-à-vis du vaccin. « Nous devons comprendre cette perte de confiance face au positionnement des autorités en faveur du vaccin alors qu’il n’y a pas si longtemps, ces mêmes autorités justifiaient l’utilisation du chlordécone uniquement pour la Guadeloupe et la Martinique. Une autorisation d’autant plus exceptionnelle que l’interdiction était en vigueur dans le reste du pays pour ses effets néfastes reconnus sur la santé ». Son groupe a voté ce projet de loi tout en espérant que l’état d’urgence ne serait pas prolongé jusqu’au 15 novembre.

« La campagne électorale sous état d’urgence sanitaire n’est pas acceptable pour nous »

Seul le groupe communiste du Sénat a voté contre le texte. La présidente du groupe, Éliane Assassi a notamment pointé « l’absence de comité de suivi associant les représentants de l’Etat, les professionnels de santé et les élus des territoires d’Outre-mer ». Mais surtout, « l’annonce du président de la République de repousser la fin programmée du passe sanitaire et du régime de l’état d’urgence sanitaire pose également question », s’est-elle inquiétée. « La perspective de l’organisation d’une campagne électorale présidentielle et législative sous état d’urgence sanitaire n’est pas acceptable pour nous ».

Victorin Lurel, sénateur PS de Guadeloupe, a estimé que le texte était justifié, nécessaire et adapté. Néanmoins, l’élu rappelle que ce texte seul « ne sera pas suffisant ». « Il a eu manifestement carences fautives d’action et peut-être de pensée […] Le Ségur (de la santé ne pourra seul constituer demain, la seule réponse des autorités », a-t-il appuyé demandant une refonte globale de la politique sanitaire en Outre-mer.

« Tout a été dit. Sauf la suite »

Avant-dernier orateur de la discussion générale, le sénateur LR, Roger Karoutchi a fait un constat : « Tout a été dit. Sauf la suite » […] En termes de moyens et de personnels, qu’est ce qui deviendra pérenne et qu’est ce qui ne le sera pas ? », a-t-il demandé.

« Sur le système de soins et de santé, il faudra mieux s’adapter. L’argent est là en plus. C’est un enjeu de doctrine d’emploi de cet argent », a répondu le ministre.

Sébastien Lecornu aura l’occasion de répondre en détail à cette question lors de son audition prochaine devant la mission d’information du Sénat en charge d’évaluer les effets des mesures liées à l’épidémie de covid-19.

 

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