Feu vert du Sénat à l’installation de radars automatiques par les collectivités locales
Les sénateurs ont adopté l’article du projet de loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration, simplification) qui donne la possibilité à des villes ou des départements d’installer eux-mêmes des radars automatiques sur les routes.

Feu vert du Sénat à l’installation de radars automatiques par les collectivités locales

Les sénateurs ont adopté l’article du projet de loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration, simplification) qui donne la possibilité à des villes ou des départements d’installer eux-mêmes des radars automatiques sur les routes.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Jusqu’à présent, seul l’Etat pouvait installer et gérer les radars automatiques. Dans quelques mois, les collectivités territoriales devraient en avoir la compétence. Le Sénat, à majorité de droite et du centre, a adopté ce 9 juillet l’article 10 du projet de loi 3DS (sur la différenciation, la décentralisation, et la déconcentration). Il permettra aux communes, aux métropoles ou encore aux départements qui le souhaitaient d’installer des radars automatiques sur leurs routes.

De la même façon que lors des débats en commission des lois, une majorité de sénateurs a approuvé la proposition du gouvernement, tout en l’encadrant et l’améliorant. Les rapporteurs Mathieu Darnaud (LR) et Françoise Gatel (Union centriste) ont fait adopter un amendement qui précise que seules les collectivités qui gèrent des voiries pourront installer ces radars. La procédure a également été précisée. L’installation ne pourra se faire qu’après l’autorisation du préfet et consultation de la commission départementale de la sécurité routière. Quant au traitement des infractions constatées par ces radars communaux ou départementaux, les modalités devront être identiques à celles qui sont applicables aux radars de l’Etat. Pour le sénateur Mathieu Darnaud, le dispositif initial « faisait preuve de quelques écueils ». Le gouvernement n’a émis aucune objection à ces modifications.

Le gouvernement en retard dans le déploiement des radars

Deux groupes de gauche ont tenté de supprimer l’article : les communistes et les socialistes. Les deux ont argué que la prolifération du nombre de radars avait atteint ses limites dans la lutte contre la mortalité routière. La communiste Cécile Cukierman a notamment fait référence au récent rapport de la Cour des comptes sur la politique de sécurité routière. Les magistrats de la rue Cambon avaient souligné que le nombre de morts avait atteint un « plateau » et qu’il fallait explorer également d’autres voies que les radars.

Mais le rapport pourrait également donner des arguments aux défenseurs de l’article du texte 3DS. La Cour des comptes relève que « la dynamique de décentralisation de la gestion routière a abouti à une segmentation des réseaux en fonction de la répartition des compétences entre collectivités publiques ». A la même page, le rapport souligne par ailleurs que la destruction de radars pendant la crise des Gilets Jaunes a « entraîné un relâchement significatif des comportements des automobilistes ».

Fin décembre 2019, la France comptait un peu moins de 4 100 radars sur tout le territoire. Or un comité interministériel en 2015 avait fixé un objectif de 4 700 appareils d’ici 2020. « Le retard pris dans l’atteinte de cet objectif, essentiellement lié à la survenue de la crise sanitaire du covid-19 en 2020, justifie avec une acuité nouvelle la possibilité de confier aux collectivités territoriales et à leurs groupements la compétence d’installation de tels équipements », ont estimé Mathieu Darnaud et Françoise Gatel dans le rapport sur le projet de loi. Le duo sénatorial à la manœuvre sur le texte 3DS rappelle d’ailleurs que 98 % du réseau routier français était géré par des collectivités territoriales.

« Les collectivités pourraient se retrouver face à un réel risque financier »

Dans ses critiques, la gauche a aussi insisté sur les difficultés « pratiques » induites par des radars installés par les collectivités. « Le gouvernement n’apporte pas de réponse. Tout est renvoyé à un décret en Conseil d’Etat. L’article ne prévoit pas de mécanisme destiné à assurer la cohérence de l’implantation des radars », a déclaré le socialiste Didier Marie. Les difficultés sont aussi pécuniaires. D’un côté, la baisse du produit des amendes ces derniers mois et de l’autre la hausse des coûts avec le remplacement des appareils endommagés : la sénatrice Cécile Cukierman craint une note salée pour les mairies et les conseils départementaux. « Les collectivités pourraient se retrouver face à un réel risque financier avec cette nouvelle compétence. »

La droite sénatoriale s’est également inquiétée de la charge financière « conséquente » pour les communes et n’a trouvé aucune précision relative au reversement des amendes. Un amendement de Max Brisson (LR), cosigné par une cinquantaine de ses collègues, souhaitait que le futur décret définisse les modalités de répartition des recettes des radars automatiques. Réponse de Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales : « C’est du ressort de la loi de finances. Je vous demanderai de retirer cet amendement et évidemment on mettra ça en loi de finances. » D’ici le budget en fin d’année, le texte 3DS devra encore passer par l’Assemblée nationale.

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01221444_000001
4min

Politique

Otages français en Iran : Cécile Kohler et Jacques Paris sont sortis de prison, mais « ils ne sont pas libres », précise l'avocate des familles

Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis mai 2022 en Iran suite à des accusations d’espionnage, « sont sortis de la prison d'Evin et sont en route pour l'ambassade de France à Téhéran », a annoncé Emmanuel Macron sur X. Les avocats des familles précisent qu'ils ne sont pas libres et toujours empêchés de regagner la France

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
10min

Politique

« Vexations », échanges « pas fluides », négos avec le PS : pourquoi la relation entre le Sénat et le gouvernement Lecornu s’est détériorée

Depuis « un mauvais départ », le courant passe mal entre la majorité LR-centriste du Sénat et le gouvernement. Discussions avec le PS au détriment des LR, députés invités à Matignon sans les sénateurs, qui aimeraient « être dans la boucle »… Les causes de fâcheries se multiplient. Pour tenter de retisser des liens dégradés, Sébastien Lecornu invite les présidents de groupe du Sénat à Matignon ce mercredi, avant de se rendre en conférence des présidents.

Le

Feu vert du Sénat à l’installation de radars automatiques par les collectivités locales
5min

Politique

« C’est à la fin de la partie qu’on comptera les choses » : sur le budget, les socialistes veulent encore laisser du temps au gouvernement

Les députés mettent en pause l’examen du projet de loi de finances pour étudier le budget de la Sécurité sociale. S’ils ne sont pas allés au bout de la partie recettes, ils ont néanmoins pu adopter un certain nombre de mesures absentes du projet initial. Certaines sont vues par le gouvernement comme des gains concédés aux socialistes, bien que ces derniers se montrent toujours insatisfaits. Pas suffisamment, pourtant, pour interrompre les négociations et l’examen budgétaire.

Le