Forfait payant pour les urgences : le Sénat maintient les exonérations pour les longues maladies

Forfait payant pour les urgences : le Sénat maintient les exonérations pour les longues maladies

Inscrit dans le budget de la Sécurité sociale, « le forfait patient urgences » doit remplacer au 1er septembre prochain le « ticket modérateur » pour les passages aux urgences non suivi d’hospitalisation. Les sénateurs ont maintenu les droits constants pour les personnes soufrant d’une affection longue durée.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« Ce n’est pas par des mesures financières qu’on régulera l’accès de nos concitoyens aux urgences » a fait valoir le sénateur PS Bernard Jomier, au début de l’examen de l’article 28 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Cet article introduit un forfait de 18 euros pour les patients allant aux urgences sans être ensuite hospitalisé. Il remplace l’actuel « ticket modérateur » qui laisse à la charge du patient 20 % du coût de ses soins. Selon le gouvernement ce nouveau forfait n’a pas un but financier mais permettrait aux personnels de l’hôpital pour faire autre chose que de la facturation.

Actuellement, les mutuelles prennent en charge 20 % des passages aux urgences, 80 % pour l’assurance maladie. Le montant varie donc en fonction des actes pratiqués.

Toutefois, pour les personnes souffrant d’une affection longue durée (ALD), d’un accident du travail, d’une maladie professionnelle, les invalides ou encore les femmes enceintes, bénéficient d’un régime d’exonération du ticket modérateur, à condition que votre passage aux urgences soit lié à l’ALD. L’article 28 du projet de loi entend désormais appliquer ce forfait à ces profils-là en cas de passage aux urgences sans hospitalisation.

En première lecture, les députés ont ajouté au dispositif une exonération pour les femmes enceintes à compter du sixième mois de grossesse et pour les nouveau-nés durant trente jours. Les personnes en affection longue durée seront soumises à un forfait réduit. Par un amendement, le gouvernement a décalé la mise en œuvre de ce nouveau forfait du 1er janvier au 1er septembre 2021.

En raison du contexte sanitaire, un amendement du gouvernement déposé tardivement, repousse à 2022 la réforme du ticket modérateur pour le champ de la médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie, la réforme de financement des activités de psychiatrie ainsi a réforme de financement des activités de soins de suite et de réadaptation.

Pour la sénatrice communiste Laurence Cohen, ce nouveau forfait introduit « l’idée que des personnes iraient aux urgences sans raison, seulement en raison de leur gratuité » […] « Une mesure en totale déconnexion avec le terrain » selon elle.

« Une aberration » également pour Marie-Noelle Lienemann, sénatrice membre du groupe communiste. « Néanmoins partant du principe que l’Assemblée nationale va consolider cette aberration. A minima, gardons les droits constants » a-t-elle demandé.

Le Sénat a finalement adopté un amendement du sénateur LR René-Paul Savary, qui maintient les exonérations existantes pour les personnes bénéficiaires d’une ALD lorsque leur passage aux urgences est en lien avec un soin relevant de leur situation.

Le Sénat supprime l’expérimentation du « forfait de réorientation »

Un amendement du socialiste Bernard Jomier a supprimé la possibilité d’expérimenter « un forfait réorientation ». Au cours des deux années précédentes, le Sénat avait déjà supprimé le « forfait de réorientation » destiné, selon la volonté du gouvernement, à être versé aux établissements de santé qui réorienteront vers les soins de ville les patients se présentant aux urgences sans que leur état ne le justifie.

Budget de la Sécurité sociale : le Sénat supprime la reprise de la dette des hôpitaux

Au chapitre de l’Assurance maladie, le Sénat reste également constant par rapport à cet été au moment de l’examen de la loi relative à la dette sociale. Il continue de s’opposer au transfert à la Cades (Caisse d’amortissement de la dette sociale) d’un tiers de la dette des hôpitaux, soit 13 milliards d’euros. Cet après-midi, le Sénat a adopté un amendement de la rapporteure de la branche maladie, Corinne Imbert (LR), qui a supprimé l’article 27 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui vise à mettre en œuvre cette reprise. La majorité sénatoriale refuse toujours cette opération. Pour la Haute-assemblée, cette dette est essentiellement immobilière, résulte de plans d’initiative gouvernementale et donc ne relève pas de la dette sociale. Par conséquent, elle n’a pas à être amortie par la Cades.

Dans la même thématique

Brussels Special European Council – Emmanuel Macron Press Conference
3min

Politique

Élections européennes : avant son discours de la Sorbonne, l’Élysée se défend de toute entrée en campagne d’Emmanuel Macron

Ce jeudi 25 avril, le président de la République prononcera un discours sur l’Europe à la Sorbonne, sept ans après une première prise de parole. Une façon de relancer la liste de Valérie Hayer, qui décroche dans les sondages ? L’Élysée dément, affirmant que ce discours n’aura « rien à voir avec un meeting politique ».

Le

Forfait payant pour les urgences : le Sénat maintient les exonérations pour les longues maladies
8min

Politique

IA, simplification des formulaires, France Services : Gabriel Attal annonce sa feuille de route pour « débureaucratiser » les démarches administratives

En déplacement à Sceaux ce mardi dans une maison France Services, quelques minutes seulement après avoir présidé le 8e comité interministériel de la Transformation publique, le Premier ministre a annoncé le déploiement massif de l’intelligence artificielle dans les services publics, ainsi que la simplification des démarches. Objectif ? Que « l’Etat soit à la hauteur des attentes des Français ».

Le

Brussels Special European Council – Renew Europe
10min

Politique

Européennes 2024 : avec son discours de la Sorbonne 2, Emmanuel Macron « entre en campagne », à la rescousse de la liste Hayer

Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».

Le

Jordan Bardella visite Poste-Frontiere de Menton
5min

Politique

Elections européennes : la tentation des seniors pour le vote RN, symbole de « l’épanouissement du processus de normalisation » du parti, selon Pascal Perrineau

Alors que la liste menée par Jordan Bardella (31.5%) devance de plus de 14 points la liste Renaissance, menée par Valérie Hayer (17%), selon le dernier sondage IFOP-Fiducial pour LCI, le Figaro et Sud-Radio, le parti de Marine Le Pen, mise désormais sur l’électorat âgé, traditionnellement très mobilisé pour les élections intermédiaires. Désormais deuxième force politique chez les plus de 65 ans (le RN conquiert 24% de cet électorat, 7 points de moins que Renaissance), la stratégie semble porter ses fruits. Décryptage avec le politologue Pascal Perrineau, professeur émérite à Sciences Po Paris et récent auteur de l’ouvrage Le Goût de la politique : Un observateur passionné de la Ve République, aux éditions Odile Jacob.

Le