France-Turquie : « Une réflexion est nécessaire sur ce qui est en train de se passer au sein de l’OTAN », prévient Florence Parly
Auditionnée par la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées au Sénat, la ministre des Armées est revenue sur un incident survenu en mer Méditerranée impliquant la Turquie. Florence Parly appelle à une réflexion au sein de l’Otan sur les « dérives » qui s’y produisent.

France-Turquie : « Une réflexion est nécessaire sur ce qui est en train de se passer au sein de l’OTAN », prévient Florence Parly

Auditionnée par la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées au Sénat, la ministre des Armées est revenue sur un incident survenu en mer Méditerranée impliquant la Turquie. Florence Parly appelle à une réflexion au sein de l’Otan sur les « dérives » qui s’y produisent.
Public Sénat

Par Ariel Guez

Temps de lecture :

4 min

Publié le

C'est un incident en mer Méditerranée qui pourrait avoir de lourdes conséquences. Mercredi 10 juin, Le Courbet, un navire de la marine nationale sous le commandement de l'Otan dans le cadre de l'opération « Sea Guardian », s'est retrouvé menacé par des frégates turques, a dénoncé Florence Parly lors de son audition au Sénat devant la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées ce jeudi.

La frégate française s’est fait « illuminer » à trois reprises

Le Courbet cherchait à identifier un cargo suspecté de transporter des armes vers la Libye. Plusieurs caractéristiques justifiaient l'opération, a expliqué Florence Parly devant les sénateurs : « Son numéro d'identification était masqué, il a donné des informations erronées sur sa présence et a arrêté à plusieurs reprises sa balise AIS, qui permet l'identification du navire ». « Ce comportement avait déjà été repéré chez des navires qui allaient livrer leur cargaison en Libye et ce n'était pas la première fois que des navires de ce type étaient accompagnés de frégates turques », a souligné des Armées.

« Cet acte ne peut pas être celui d'un allié face à un autre allié qui fait son travail sous commandement de l'Otan »

« À trois reprises, alors que Le Courbet faisait une interrogation totalement légale du navire, les frégates turques l'ont « illuminé » avec leur radar de conduite de tir. Par ailleurs des personnels en gilets pare-balles et avec des casques lourds se sont postés aux affûts des armes légères du navire », a raconté Florence Parly devant les sénateurs, qualifiant l'événement « d'acte extrêmement agressif », « qui ne peut pas être celui d'un allié face à un autre allié qui fait son travail sous commandement de l'Otan ».

Les Européens soutiennent la France

« J'ai donc été extrêmement claire lors de la réunion des ministres de l'Otan de mercredi et j'ai eu même à y revenir jeudi : il ne peut pas y avoir la moindre complaisance vis-à-vis de ce genre de comportement », a affirmé clairement la ministre des Armées au Palais du Luxembourg. « Cet incident grave doit être relevé et nos alliés partagent nos préoccupations », a indiqué Florence Parly, soulignant que « huit alliés européens, dont des pays majeurs », lui ont apporté un clair soutien lors de ses interventions à l'Otan. « Nous sommes un certain nombre à considérer parmi les Européens que ceci n'est vraiment pas acceptable ».

Lundi, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a condamné « le soutien militaire croissant » de la Turquie au Gouvernement d'union libyen (GNA) en « violation directe de l'embargo des Nations unies », a relevé l’AFP. La veille, la présidence française avait déjà dénoncé l'interventionnisme « inacceptable » d'Ankara. La Turquie a rejeté ces critiques sur son soutien armé au gouvernement de Tripoli en Libye, accusant à son tour Paris de faire « obstacle à la paix » en appuyant le camp adverse.

Une semaine de tensions et une enquête ouverte

La tension semble donc continuer de monter puisque jeudi après-midi, la ministre des Armées a estimé « qu'une réflexion est nécessaire sur ce qui est en train de se passer dans l'alliance » du traité Atlantique nord. « Il faut en effet regarder en face les dérives qui s'y produisent », a-t-elle lancé, balayant d'un revers de main « l'argument consistant à dire que tout ceci n'a qu'une seule bonne cause, c'est-à-dire empêcher que la Russie ne prenne place en Libye ». « C'est un argument un peu court », a conclu Florence Parly.

Jeudi soir, face à l’ampleur de l’affaire, l’Otan a ouvert officiellement une enquête « L’incident en Méditerranée a été abordé en réunion par plusieurs alliés. Nous avons fait en sorte que les autorités militaires de l’Otan enquêtent sur l’incident afin de faire toute la lumière sur ce qui s’est passé », a déclaré Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’organisation.

Partager cet article

Dans la même thématique

Vote results displayed after no-confidence motion against French Prime Minister
4min

Politique

Rejet de la motion de censure LFI : découvrez les détails du vote

La motion de censure de La France Insoumise, examinée ce matin par les députés, a été rejetée. 271 voix ont été récoltées contre les 289 nécessaires. Sept élus socialistes lui ont apporté leur vote. Celle déposée par le RN a également échoué avec 144 voix pour.

Le

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
3min

Politique

Nouvelle-Calédonie : le Sénat vote le report des élections provinciales

Le Sénat a approuvé mercredi, dans l’urgence, le report au printemps 2026 des élections provinciales prévues en Nouvelle-Calédonie en novembre. Il s’agit de la première étape à la mise en place du fragile accord de Bougival sur l’avenir institutionnel de l’archipel.

Le

France-Turquie : « Une réflexion est nécessaire sur ce qui est en train de se passer au sein de l’OTAN », prévient Florence Parly
3min

Politique

La position des socialistes vis-à-vis du gouvernement « a empêché notre nomination » à Matignon, estime Marine Tondelier

Après la suspension de la réforme des retraites annoncée par Sébastien Lecornu, les socialistes ont décidé de renoncer à voter la censure pour laisser place au « pari » du débat parlementaire. « Je pense qu'ils étaient tellement prêts à faire ça (...) que ça a empêché notre nomination » à Matignon, explique sur Public Sénat ce jeudi 16 octobre Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes.

Le

France-Turquie : « Une réflexion est nécessaire sur ce qui est en train de se passer au sein de l’OTAN », prévient Florence Parly
4min

Politique

Réforme des retraites : « La suspension est un leurre, elle sera retoquée en commision mixte paritaire », avertit Cécile Cukierman (PCF)

Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.

Le