Fusion TF1/M6 : « On est très loin du géant qui dominerait le marché français », assure Gilles Pélisson

Fusion TF1/M6 : « On est très loin du géant qui dominerait le marché français », assure Gilles Pélisson

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias, le PDG de TF1, Gilles Pélisson est bien sûr revenu sur le projet de fusion de son groupe avec M6. « Un modèle a même de garantir notre souveraineté culturelle », estime-t-il.
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Pour le PDG de TF1, le projet de fusion de son groupe avec M6 est une question de survie « à l’aune des mutations » que vit le secteur de l’audiovisuel. « Pour les huit premiers groupes américains, on parle de dépenses de 115 milliards de dollars (d’investissement) dans les films et séries pour l’année qui vient. On voit bien la nécessité pour les acteurs nationaux de défendre des projets ambitieux, pour préserver un modèle a même de garantir notre souveraineté culturelle. Ce projet de fusion en est un et la mise vente du groupe M6 est en cela une opportunité historique », a souligné, Gilles Pélisson dans son propos introductif devant la commission d’enquête du Sénat.

Ce projet inquiète pourtant les acteurs de l’audiovisuel et de la publicité. Si l’autorité de la concurrence donne son aval en octobre prochain, le futur groupe doté d’un chiffre d’affaires de 3,5 milliards d’euros, avec 75 % du marché publicitaire de la télévision française, regrouperait dix chaînes de télévision et un tiers de l’audience totale.

« Le futur groupe sera plus petit que France Télévisions »

Des inquiétudes qu’a voulu tout de suite évacuer le PDG de TF1. « Le futur groupe sera plus petit que France Télévisions tant en investissements dans les programmes de fiction, dans le sport et dans l'information en nombre de journalistes. Donc Très loin du géant qui serait décrit et qui dominerait le marché français […] Le service public, c’est plus de 30 % d’audience », estime-t-il.

Une affirmation immédiatement tempérée par le rapporteur socialiste de la commission David Assouline. « Mais si vous passez à 41 % d’audience, vous serez au-dessus du service public ».

« Oui, je pense que vous avez un deuxième groupe qui est très fort, le groupe du service public et après vous aurez Canal plus », a corrigé Gilles Pélisson.

La fusion entre M6 et TF1 est d’ailleurs vue d’un bon œil de la part des dirigeants de l’audiovisuel public. « On a besoin d’avoir des concurrents privés en bonne santé. Si demain on a des offres privées qui se délitent, c’est tout le média TV qui tombe et nous avec », avait expliqué la patronne de France télévision, Delphine Ernotte à la commission d’enquête.

Les principaux producteurs de l’audiovisuel français avaient quant à eux mis en garde sur les conséquences pour la création française de cette fusion. « TF1/M6 représentera 90 % des achats de programmes […] Donc, pour certains types de programmes vous n’aurez qu’un seul client. On ne peut pas dire que ça ne nous inquiète pas. Quand vous n’avez qu’un seul client, c’est lui qui fixe les règles […] On ne veut pas que ce soit fait à nos dépens », avait insisté auprès des sénateurs, Stéphane Courbit, le président de Banijay

« Aujourd’hui pour accéder aux réalisateurs et aux acteurs, si vous n’avez pas suffisamment d’argent, vous n’existez pas […] Nous voulons en avoir pour pouvoir participer à ces enchères », a justifié Gilles Pélisson

Marché publicitaire : « Des centaines de millions d’euros qui vont disparaître dans les années qui viennent »

Si la situation financière actuelle du groupe Tf1 est loin d’être inquiétante, les nouveaux modes de consommation, la vidéo à la demande, va changer la donne. « Aux Etats-Unis, le marché de la publicité linéaire est passé, en cinq ans, de 64 milliards de dollars à 58 milliards de dollars. Et les projections pour les 5 prochaines années, c’est 44 milliards de dollars. En France, on peut penser que c’est plusieurs centaines de millions d’euros qui vont disparaître dans les années qui viennent. C’est la fragilisation du modèle. C’est pour ça que nous sommes inquiets », rappelle-t-il.

La fusion a notamment pour but d’investir dans les services d’application « de toutes les plateformes dignes de ce nom ». « En se réunissant avec M6, nous pouvons avoir quelques dizaines de millions d’euros », indique-t-il.

D’ici l’automne prochain, le groupe va devoir céder trois chaînes conformément à la loi sur l’audiovisuel qui interdit à un groupe de diffuser plus de 7 chaînes sur les ondes hertziennes. « Nous avons mis en vente deux chaînes parmi lesquels Gulli, TFX, 6ter », a-t-il rappelé. La chaine Paris Première étant payante, elle devrait basculer sur les box. Ne pouvant en dire plus, sur les négociations en cours, le patron de TF1 indique que la vente devra se faire d’ici avril afin de laisser le temps aux futurs acquéreurs d’avoir l’autorisation de l’Arcom.

 

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