Gilets jaunes : les chefs de partis présentent leurs propositions et leurs mises en garde à Matignon

Gilets jaunes : les chefs de partis présentent leurs propositions et leurs mises en garde à Matignon

Des consultations de l’ensemble des familles politiques représentées dans les assemblées parlementaires se sont tenues toute la journée de lundi dans le bureau du Premier ministre. Une première réponse à la crise des Gilets jaunes, qui est montée d’un cran samedi.
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Toute la journée, Édouard Philippe a vu voir défiler devant lui les dirigeants des partis représentés au Parlement, et les présidents des groupes parlementaires, signe de la gravité des évènements. Avant de recevoir, ce mardi après-midi, des représentants des Gilets jaunes.

17h40. « Il n’y a finalement que deux scénarios : cédez ou partez », relate Manuel Bompard (France insoumise)

« Il n’y a finalement que deux scénarios : cédez ou partez », relate Manuel Bompard (France insoumise)
05:20

« Je ne suis pas sûre qu’il nous ait entendus », estime la députée (France insoumise) Mathilde Panot, inquiète de la « situation de pourrissement ».

« Nous lui avons indiqué que c’est lui avait les clés de la situation », poursuit Manuel Bompard, directeur des campagnes de la France insoumise, qui résume l’équation : « Il n’y a finalement que deux scénarios – c’est que nous lui avons dit – cédez ou partez. »

« Si le Premier ministre n’est pas en capacité d’envoyer des signaux forts pour montrer qu’il a entendu la colère, l’indignation, l’exaspération qui s’exprime dans le pays, il faut qu’il s’en aille et revenir devant les électeurs », détaille-t-il.

La France insoumise demande le rétablissement de l’ISF et le fléchage des 40 milliards d’euros des baisses de charges du CICE en 2019 vers le financement de la transition écologique. L’autre issue devrait se concrétiser par un dissolution de l’Assemblée nationale, selon eux.

Charlotte Girard, co-responsable du programme du mouvement, voit également une crise institutionnelle et demande à « trouver des remèdes à la maladie démocratique que l’on vit », à travers une assemblée constituante notamment.

17h05. « Il faut un geste d’ouverture fort », déclare Franck Riester (Agir)

Crise des Gilets jaunes : Franck Riester veut un « geste d’ouverture fort »
01:21

Ce n’était pas le ministre de la Culture qui s’exprime sur le perron de Matignon, mais le président de la droite constructive (Agir). « Ce qui s’est passé ces derniers jours et particulièrement samedi est inacceptable », a fait savoir Franck Riester. « Nous avons dit très clairement au Premier ministre qu’Agir soutiendrait toutes les mesures qui seront prises par le gouvernement pour assurer le maintien de l’ordre et la sécurité. »

L’ancien député précise au gouvernement, dont il fait partie, qu’il faut également un « geste d’ouverture fort », et lance l’idée d’un « Grenelle de la fiscalité et de la dépense publique ».

16h05. Nicolas Dupont-Aignan claque la porte car il n’a pas pu filmer la réunion en direct sur Facebook

Nicolas Dupont-Aignan claque la porte car il n’a pas pu filmer la réunion en direct sur Facebook
02:07

Le président de Debout la France ne sera resté avec Édouard Philippe que deux minutes. Le Premier ministre « a refusé que je diffuse l’entretien sur Facebook live », a expliqué le député de l’Essonne. Sa réaction rappelle le départ de l’un des représentants des Gilets jaunes d’une réunion à Matignon vendredi, qui exigeait que l'échange soit « filmé et retransmis en direct à la télévision ».

L’ancien maire de Yerres annonce qu’il déposera une proposition de loi, avec l’appui au Sénat de Jean-Louis Masson (non-inscrit). Celle-ci reprend des revendications des Gilets jaunes qu’il juge « légitimes, raisonnables et financées ».

16h00. « Nous lui avons dit qu’il s’agissait de prendre très au sérieux ce qu’il se passe », déclare Benoît Hamon (Génération.s)

Benoît Hamon réclame une hausse du Smic, un moratoire sur les taxes et un référendum
03:09

« On lui a rappelé les ressorts sociaux de ce mouvement », communique à la sortie Benoît Hamon, le patron du mouvement Génération.s. Le mouvement repose, selon lui, « sur une protestation sociale, le pouvoir d’achat, la fatigue des inégalités, le désir d’avoir des services publics ».

Accompagné de la sénatrice Sophie Taillé-Polian et de Régis Juanico, l’ancien candidat à la présidentielle a réclamé une « hausse significative » du Smic, une « hausse des minima sociaux et des petites pensions », et a rappelé la « nécessité d’un moratoire au 1er janvier sur la taxe sur les carburants ».

Pour financer la transition écologique, il a conseillé de rétablir l’ISF et la fiscalité sur le capital telle qu’elle existait avant 2017.

Quant à la réponse institutionnelle, Benoît Hamon recommande de lancer un référendum pour demander aux Français « s’ils souhaitent ou non qu’on engage des États généraux citoyens vers une VIe République ». « On ne tiendra pas trois ans et demi comme cela », prévient-il.

15h30. Marine Le Pen estime que la « stratégie de confrontation choisie par Emmanuel Macron » peut « avoir des conséquences dramatiques »

Marine Le Pen estime que la « stratégie de confrontation choisie par Emmanuel Macron » peut « avoir des conséquences dramatiques »
04:02

À l’issue d’une demi-heure d’entretien avec le Premier ministre, Marine Le Pen a estimé que le temps pressait. « Nous lui avons expliqué qu’il ne restait que quelques heures pour mettre fin à la stratégie de la confrontation qui a été choisie par Emmanuel Macron depuis près de trois semaines ». La présidente du Rassemblement national (RN) a aussi averti Édouard Philippe que « si Emmanuel Macron ne voulait pas être le premier président depuis un demi siècle à faire tirer sur les Français, il fallait que les solutions soient importantes, audibles et immédiates ».

La numéro 1 du RN estime que la réponse passe d'abord par une « suppression » de l’augmentation des taxes sur les carburants, aussi bien celle de l’automne, que celle envisagée pour le mois de janvier. À ceci, elle a ajouté « une baisse significative du prix de l’électricité et du gaz » et une augmentation des salaires minimums et des retraites.

Comme solution à la « crise politique » qu’elle voit comme une « crise de la représentativité », Marine Le Pen a appelé à mettre en œuvre la proportionnelle.

15h05. « La nécessité, aujourd’hui, est de répondre rapidement, de manière très précise, aux attentes de nos concitoyens », déclare Sylvia Pinel (Parti radical)

« La nécessité aujourd’hui est de répondre rapidement aux attentes de nos concitoyens », déclare Sylvia Pinel (Parti radical)
02:41

Les Radicaux, dans leurs propositions, se rapprochent de l’UDI. « Ce sont des mesures de pouvoir d’achat et de justice sociale que nous demandons », a fait savoir Sylvia Pinel, l’une des deux dirigeants du Parti radical. « La nécessité aujourd’hui est de répondre rapidement, de manière très précise, aux attentes de nos concitoyens », a-t-elle souligné.

La première mesure à prendre, pour les élus du Parti radical, est un moratoire sur la hausse des taxes sur les carburants. « Il y a un préalable pour que les gens se mettent autour de la table, du côté du gouvernement, c’est le moratoire. C’est aussi quelques mesures en matière de logement et de mobilités, à concerter avec les élus locaux », a développé Laurent Hénart, coprésident.

14h00. Jean-Christophe Lagarde (UDI) évoque le « risque » d’une « révolution »

Jean-Christophe Lagarde (UDI) évoque le « risque » d’une « révolution »
05:18

Un regret dans les rangs de l’UDI, emmené par leur président Jean-Christophe Lagarde et le président de l’Union centriste au Sénat, Hervé Marseille : celui de pas avoir été reçu par Emmanuel Macron. « C’est bien que le Premier ministre nous reçoive, chacun sait bien que la décision finale sera dans les mains du chef de l’État », a regretté le député de Seine-Saint-Denis. Le centriste se montre particulièrement inquiet de la tournure prise par les évènements :

« Nous avons alerté le Premier ministre sur le fait que la situation était devenue ingérable – d’ailleurs elle n’a pas été gérée samedi dernier – et qu’elle devenait extrêmement dangereuse et que si des décisions n’étaient pas prises, on allait au-devant de drames, et sans doute même dans  ce climat insurrectionnel de risque de révolution. »

L’UDI a réclamé un « moratoire » sur l’augmentation des taxes prévues en janvier 2019.  « Il faut que le gouvernement entende qu’il faut annuler les taxes pour qu’on puisse se remettre autour de la table, mais ça ne suffira pas », a-t-il précisé. Selon lui, il faudra faire « des gestes sociaux symboliques » : revenir sur la baisse des aides au logement (APL), modérer la hausse de la CSG ou encore taxer les produits de luxe. Jean-Christophe Lagarde appelle à organiser un « Grenelle social et environnemental » dans les prochains mois.

13h25. « On ne peut pas poursuivre » l’examen des textes au Parlement « sans connaître la teneur des mesures du gouvernement », estime Fabien Roussel (PCF)

« On ne peut pas poursuivre » l’examen des textes au Parlement « sans connaitre la teneur des mesures du gouvernement », estime Fabien Roussel (PCF)
03:25

Les communistes attendent les mesures en faveur du pouvoir d’achat et demandent que les textes budgétaires, actuellement examinés au Parlement, « intègrent les propositions qui sont portées par les Français », comme celles présentes dans les revendications des Gilet jaunes.

« Dans l’attente des mesures qui seront annoncées, nous pensons qu’il n’est pas possible de poursuivre les débats à l’Assemblée nationale aujourd’hui sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, sur le projet de loi de finances au Sénat », a déclaré Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, aux côtés de la sénatrice Éliane Assassi et du député Stéphane Peu.

12h50.  « Il est essentiel que le débat puisse se faire dans des conditions apaisées », déclare Stanislas Guerini (LREM)

« Il est essentiel que le débat puisse se faire dans des conditions apaisées », déclare Stanislas Guérini (LREM)
00:52

52 secondes, montre en main. La délégation de la République en marche ne s’est pas attardée devant la presse, à la sortie de leur réunion avec le Premier ministre. Le délégué général du mouvement, désigné samedi matin, Stanislas Guerini, accompagné des deux présidents des deux groupes parlementaires (Gilles le Gendre pour l’Assemblée et François Patriat pour le Sénat), a été le seul à prendre la parole.

Ce sont les « conditions de la concertation » de trois mois qui ont été au cœur de l’échange, relate-t-il, insistant sur le maintien de « l’ordre républicain ». Ils ont abordé les mesures et les dispositions « qui permettent d’entrer de façon apaisée » dans cette séquence, annoncée la semaine dernière par le chef de l’État. « Les parlementaires sont au cœur du jeu pour créer les bonnes conditions de cette consultation », a-t-il ajouté.

11h50. « La fiscalité carbone, nécessaire, n’est possible que si elle juste », déclare le patron d’EELV, qui réclame des « États généraux de la vie chère »

« La fiscalité carbone nécessaire n’est possible que si elle juste », déclare le patron d’Europe Écologie-Les Verts
03:40

Le secrétaire national  d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), présent aux côtés notamment de l’eurodéputé Yannick Jadot, a fait remarquer au chef du gouvernement que la politique fiscale sur l’écologie était « injuste » :

« On a répété ce qu’on dit depuis le début dans cette affaire, c’est que la fiscalité carbone nécessaire n’est possible que si elle juste. Or, depuis le début, on a le sentiment – et ce n’est pas qu’un sentiment – que cette fiscalité s’abat que sur les plus fragiles. »

David Cormand appelle le gouvernement à aborder dans le même débat le coût de la vie et la taxe carbone, à travers des « États généraux de la vie chère ». Avec un principe : « Il faut tenir sur la fiscalité carbone. Il ne s’agit pas qu’il y ait encore une fois un gâchis par rapport à cet enjeu majeur. »

Des « mesures d’apaisement » doivent « être prises », selon le numéro 1 d’EELV, qui évoque quelques pistes, comme la taxation du kérosène ou le rétablissement de l'ISF pour financer la transition écologique.

11h10. « Il faut simplement annuler la hausse des taxes. Le Sénat l’a déjà annulée » explique Bruno Retailleau (LR)

« Il faut simplement annuler la hausse des taxes. Le Sénat l’a déjà annulée » explique Bruno Retailleau (LR)
00:58

Au côté de Laurent Wauquiez et de Christian Jacob, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, explique que les Français n’attendent pas un discours de pédagogie de la part du gouvernement : « Les Français, il n’y a pas besoin de leur expliquer ce qu’est une taxe ou un impôt. Il faut simplement annuler la hausse des taxes […] Et comme le Sénat a annulé cette hausse des taxes, cela voudrait dire que si le gouvernement ne prend pas ses responsabilités, l’Assemblée devra, par un vote, rétablir ces taxes. Ce qui serait, pour toute cette France qui manifeste en gilet jaune ou qui soutient massivement les gilets jaunes, une nouvelle claque. »

 Et il ajoute : « Nous avons demandé aussi à ce que le président de la République puisse s’exprimer […] Le pouvoir et le lieu de la décision [sont] à l’Élysée. Il faut donc qu’Emmanuel Macron prenne la parole, qu’il s’adresse aux Français et qu’il dise aux Français ce qu’il compte entreprendre dans les jours suivants pour que la France puisse s’apaiser. »

10h40. « Manifestement il y a une prise de conscience », déclare Patrick Kanner (PS)

Gilets jaunes : réaction des socialistes après leur entrevue avec le Premier ministre
06:13

Après la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, les socialistes sont les premiers à avoir échangé avec le Premier ministre. Ils sont sortis peu après 10H30 du bureau d’Édouard Philippe. « Ce que nous avons ressenti, c’est manifestement qu’il y a une prise de conscience – il était temps – mais que cette prise de conscience aboutisse à des solutions concrètes et un message fort pour les Français », a réagi Patrick Kanner, président du groupe socialiste, au Sénat.

« L’obstination n’est plus possible aujourd’hui. Et ce que nous espérons, c’est que ces consultations fassent comprendre au Premier ministre, au gouvernement mais aussi au président de la République, qu’il faut trouver des voies de sortie de crise », a-t-il ajouté.

L’ancien ministre de François Hollande a estimé que pendant 18 mois, le  « gouvernement a été une sorte de pyromane fiscal à l’égard des Français les plus modestes ».

Avec son homologue de l'Assemblée nationale, Valérie Rabault, il a déposé une proposition de loi « pour sortir de la crise ».

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