Gilets jaunes : les sénateurs demandent à Macron « d’arrêter cette spirale infernale »

Gilets jaunes : les sénateurs demandent à Macron « d’arrêter cette spirale infernale »

Après un week-end de violences sans précédent, les sénateurs appellent Emmanuel Macron et le gouvernement à changer de mode de gouvernance et annoncer des mesures immédiates pour stopper « la guerre civile ».
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« Ce n’est pas seulement une crise du pouvoir d’achat, c’est aussi une crise institutionnelle » analyse Alain Joyandet. Pour le sénateur LR, et bon nombre de ces collègues, cette crise sociale et politique est le résultat de la verticalité exacerbée de l’exercice du pouvoir du chef de l’État. Ou comment les gilets jaunes ont sonné le glas de « la présidence jupitérienne », ligne directrice du début de quinquennat du plus jeune président de la Ve République.

Le Sénat a déjà voté la suppression de la taxe sur les carburants

Dimanche, après des émeutes sans précédents depuis mais 68, localisées principalement à Paris, le président du Sénat a exhorté le gouvernement à sortir de « l’entêtement ». Pour Gérard Larcher, la première réponse à apporter aux revendications économiques et sociales est à chercher du côté du Sénat. En effet lundi dernier, la Haute assemblée a supprimé, en première lecture, la hausse de la taxe sur les carburants prévue pour 2019 (voir notre article). « Le gouvernement a les moyens de cette réponse. L’Assemblée, dans 10 jours, va discuter à nouveau du niveau des taxes sur l’énergie » a-t-il rappelé avant de demander à l’exécutif la confirmation du vote du Sénat par la majorité présidentielle.

Valérie Létard : les corps intermédiaires sont « des amortisseurs républicains aux réformes »

« On ne peut pas se permettre de vivre un autre week-end comme ça. Il faut arrêter cette spirale infernale » s’alarme la sénatrice centriste, Valérie Létard. « Il ne s’agit pas d’arrêter les réformes. Il faut les poursuivre en suivant deux lignes directrices : l’égalité territoriale et la justice sociale. Nos concitoyens comprennent les réformes si elles sont justes. En ce sens, la suppression de l’ISF en début de mandat a été une erreur stratégique car il a bien fallu compenser ce cadeau fiscal pour équilibrer les comptes publics. En revenant sur cette réforme qui n’a pas créé de richesses, le gouvernement s’offre déjà une marge de manœuvre. Mais surtout, l’exécutif doit changer de méthode de gouvernance. Il ne peut plus se passer des corps intermédiaires, comme les partenaires sociaux, les réseaux d’association, les collectivités locales. Ce sont des amortisseurs républicains aux réformes ».

Marie-Noëlle Lienemann demande le SMIC à 1 300 euros nets

La sénatrice, membre du groupe CRCE, Marie-Noëlle Lienemann, qui apporte son « total soutien aux gilets jaunes, liste les priorités du gouvernement : « Abandon de la taxe sur les carburants, restauration de l’ISF, SMIC à 1 300 euros nets, utilisation d’une partie du CICE vers la transition énergétique ». La sénatrice se dit également favorable à une motion de censure du gouvernement.

Alain Joyandet : « Nous avions fait pour la France d’en Haut mais aussi pour la France d’en bas »

« Le budget est un moyen de consensus social. Si vous mettez en place une fiscalité injuste, ça provoque une guerre civile » s’inquiète Alain Joyandet. « On a beaucoup critiqué Nicolas Sarkozy mais quand on a fait le bouclier fiscal à 50%, on a aussi défiscalisé les heures supplémentaires. Nous avions fait pour la France d’en Haut mais aussi pour la France d’en bas » aime à rappeler l’ancien ministre. Sur le long terme, Alain Joyandet souhaite une réforme des institutions. « Car un homme seul à l’Élysée, entouré de quatre personnes, ne peut pas décider de tout. La Ve République, ce n’est pas ça » observe le sénateur qui souhaite revenir au septennat et à un rééquilibre des pouvoirs ».

Les groupes socialistes du Sénat et de l’Assemblée ont déposé une proposition de loi

Avec son homologue de l’Assemblée nationale, Valérie Rabault et Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, le président du groupe socialiste du Sénat, Patrick Kanner a déposé une proposition de loi « pour répondre à la colère, pour plus de justice et d’égalité » (voir notre article). Parmi les propositions des socialistes : « la réinstauration de l’impôt sur la fortune (ISF) », l’annulation de la nouvelle hausse des taxes sur les carburants, au 1er janvier 2019 », « une augmentation de 25% du montant du chèque énergie » ou encore une limitation de la hausse de la CSG « aux seules pensions équivalentes à plus de 3 000 euros par mois pour un retraité célibataire ».

François Patriat : « Ce gouvernement a été élu sur un programme, sur un cap, qu’il entend appliquer pour réparer le pays »

Gilets jaunes. François Patriat: « Ce gouvernement a été élu sur un programme, sur un cap, qu’il entend appliquer pour réparer le pays »
01:40

Sur le plateau de Sénat 360, le président du groupe LREM au Sénat, François Patriat a estimé que « ce n’était pas Emmanuel Macron qu’il fallait défendre aujourd’hui, c’est l’État » (…) Ce gouvernement a été élu sur un programme, sur un cap, qu’il entend appliquer pour réparer le pays. Ceux qui pensent aujourd’hui qu’on peut faire faire marche arrière au gouvernement en retombant dans les ornières du passé, se trompent » a-t-il déclaré. Toutefois, François Patriat « pense que le gouvernement est en mesure d’apporter des signes d’apaisement ».

En attendant les annonces de l’exécutif cette semaine, un débat aura lieu au Sénat jeudi après-midi, après celui de l’Assemblée nationale prévu mercredi. Selon le Figaro, Emmanuel Macron a annulé un rendez-vous, mardi, avec huit associations d’élus. De mauvaise augure pour le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau pour qui « cette annulation en dit long sur l’estime dans laquelle (le chef de l’État) tient les élus et les corps intermédiaires ».

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