Gilets jaunes : les sénateurs restent sur leur faim après les annonces de Macron
« J’espère que ces mesures seront suffisantes pour éteindre l’incendie » affirme Bruno Retailleau (LR). « C’est tardif mais ça a le mérite d’exister » pour Hervé Marseille (UDI). Patrick Kanner y voit « une prise de conscience, mais insuffisante et déséquilibrée ». Eric Bocquet (PCF) regrette l’absence de retour de l’ISF : « Evidemment, on ne touche pas au grisbi ! »

Gilets jaunes : les sénateurs restent sur leur faim après les annonces de Macron

« J’espère que ces mesures seront suffisantes pour éteindre l’incendie » affirme Bruno Retailleau (LR). « C’est tardif mais ça a le mérite d’exister » pour Hervé Marseille (UDI). Patrick Kanner y voit « une prise de conscience, mais insuffisante et déséquilibrée ». Eric Bocquet (PCF) regrette l’absence de retour de l’ISF : « Evidemment, on ne touche pas au grisbi ! »
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron pour répondre à la crise des gilets jaunes, les oppositions restent, sans surprise, sur leur faim.

A droite, le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, espère cependant une sortie de crise. « Il y a un incendie qui est en train de se propager. J’espère que ces mesures seront suffisantes pour l’éteindre. J’espère qu’on va sortir de la crise car c’est l’emploi qui est pénalisé. On voit bien que ça alimente une forme de radicalité, de violence » réagit le sénateur de Vendée (voir la vidéo, images d’Héloïse Grégoire et Sarra Ben Cherifa).

Retailleau : « J’espère que ces mesures seront suffisantes pour éteindre l’incendie »
00:48

Bruno Retailleau demande surtout « qui va payer » la note des plus de 10 milliards d’euros dus aux nouvelles mesures. « En France, tant qu’on n’aura pas fait des vraies économies sur les dépenses, il n’y aura pas de baisse durable d’impôt. C’est ce que demande la majorité des Français ». Le président de groupe évoque une solution « du type annulation de la baisse des charges » pour les entreprises, « pour ne retenir que le CICE, ce qui ferait 20 milliards d’euros » d’économies.

« Ça fait un milliard d’euros la minute »

Pierre Charon, sénateur LR de Paris, ironise sur le coût total des mesures, si on ajoute l’annulation de la hausse des taxes sur le carburant : « J’étais stupéfait de voir le Président en 12 minutes dépenser 13 milliards d’euros, sans baisser le train de vie de l’Etat ». « Ça fait un milliard d’euros la minute. Heureusement qu’il n’a pas parlé plus longtemps ! » ajoute son collègue LR Jean-François Husson.

« Sur la CSG pour les retraités, c’est bien. Mais sur le Smic, il faut trouver le pognon » souligne Michel Raison, sénateur LR de Haute Saône. Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine et défenseur de longue date de la défiscalisation des heures supp’, reconnaît « des gestes incontestables ». Mais « tout cela arrive bien tard, c’est dommage. S’il avait annoncé cela il y a trois semaines… »

« Une mascarade parlementaire. On a travaillé pour rien »

« C’est tardif mais ça a le mérite d’exister » pour le président du groupe centriste, Hervé Marseille. « Il y a enfin une prise de conscience du président de la République sur la gravité des événements. Hier soir, il a fait une bonne intervention avec lucidité et une certaine humilité. Il a exprimé des mesures qu’on attendait, qui sont importantes » ajoute le centriste, qui se demande aussi si « elles seront suffisantes ? Il faudra sûrement les compléter. Mais il a ouvert la porte ».

Sa collègue centriste, Nathalie Goulet, s’étonne du timing des annonces, comme beaucoup d’autres sénateurs (voir notre article). « Alors qu’on va voter le budget cet après-midi, c’est une mascarade parlementaire. On a travaillé pour rien » regrette la sénatrice UDI. Sur le fond, elle est « ravie qu’ils insistent sur la fraude fiscale et sociale », mais elle n’est « pas sûre » que l’ensemble des mesures « suffisent, vu l’éclectisme des doléances ».

« Les 5 millions de fonctionnaires sont oubliés »

A gauche, Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat, salue une « prise de conscience, mais insuffisante et déséquilibrée ». Le sénateur du Nord souligne que « les 5 millions de fonctionnaires sont oubliés. (…) Et toutes les mesures sont financées par la solidarité nationale, c'est-à-dire l’impôt, et aucun effort n’est demandé aux plus aisés de nos concitoyens, notamment par le rétablissement de l’ISF ». Il ajoute : « Le Président est encore loin du compte ».

Annonces de Macron : Kanner (PS) salue une « prise de conscience, mais insuffisante et déséquilibrée »
00:56

« Une fois de plus, les plus riches sont encore préservés et restent les vaches sacrées. Et les classes moyennes sont les vaches à lait. C’est regrettable » ajoute Xavier Iacovelli, sénateur PS des Hauts-de-Seine. A l’Assemblée, les députés PS ont décidé de s’associer au dépôt d’une motion de censure de gauche, avec les députés de la France insoumise et du PCF. Le principe fait pourtant débat chez les socialistes. Certains parlementaires préféreraient éviter de s’associer à la France insoumise.

« La pression a amené à lâcher un petit quelque chose »

Le sénateur PCF Eric Bocquet voit pour sa part dans les annonces d’Emmanuel Macron « un acquis de cette pression qui a amené à lâcher un petit quelque chose. Même si on nous explique aujourd’hui que ce sont des avances sur des décisions déjà prises sur la prime d’activité. Ce n’est pas une vraie hausse du Smic. Sur la CSG, il reconnaît enfin que c’était une erreur catastrophique ».

Sur la question de l’ISF, Eric Bocquet n’est logiquement pas satisfait : « Evidemment, on ne touche pas au grisbi ! C’est un gros loupé ». Reste la question de l’évasion et de la fraude fiscale. Emmanuel Macron veut renforcer la lutte sur ce point. Mais Eric Bocquet n’y croit pas « alors qu’on vient de voter un texte sur ce sujet. On allait éradiquer le problème… Aujourd’hui, il y a un rendez-vous à l’Elysée avec les multinationales et les grandes banques. Je n’ai pas beaucoup d’illusions. Est-ce que Rothschild (la banque d’affaires où a travaillé Emmanuel Macron, ndlr) va taper sur la tête de LVMH ? » demande Eric Bocquet. Le sénateur du Nord ne pense pas que tout cela « va calmer le mouvement. Je n’ai pas le sentiment que l’incendie soit éteint ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Gilets jaunes : les sénateurs restent sur leur faim après les annonces de Macron
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le