Gilets jaunes, SMIC, ISF : les temps forts du discours d’Édouard Philippe devant le Sénat

Gilets jaunes, SMIC, ISF : les temps forts du discours d’Édouard Philippe devant le Sénat

Après l’Assemblée nationale, c’est devant les sénateurs que s’est exprimé Édouard Philippe, ce jeudi. Le Premier ministre a défendu le bilan du début de quinquennat en matière de pouvoir d'achat et a confirmé la suppression de la hausse des taxes sur le carburant. Il a également ouvert la porte à une augmentation du Smic tout en réaffirmant son dégoût du saccage de l’Arc de Triomphe.
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C’est un premier ministre affaibli qui se présente à 14H30 au Sénat. En effet, hier soir, Emmanuel Macron a annoncé qu’il supprimait la hausse des taxes sur les carburants pour 2019. Pourtant, quelques heures plus tôt, à l’Assemblée nationale, Édouard Philippe indiquait lui un moratoire et donc une suspension de la hausse de la TICPE pour 6 mois, laissant une porte ouverte à l'annulation en cas d'absence d'accord. Le Président a donc finalement choisi de suivre le Sénat. La semaine dernière, lors de l’examen du Budget, les sénateurs avaient voté la suppression de la hausse de la taxe sur les carburants pour l’année prochaine.

Après avoir rappelé les mesures réalisées depuis 18 mois pour favoriser le pouvoir d’achat des Français, Édouard Philippe a donc confirmé la suppression de la hausse des taxes sur le carburant déjà votée au Sénat. Il s'est également dit prêt à examiner toutes les mensure qui permettraient d’augmenter les rémunérations au niveau du Smic

Chaque président de groupes parlementaires a ensuite pris la parole à la tribune. Toutefois, à l’inverse de l’Assemblée nationale hier, ces débats n'ont pas été suivis d’un vote.

Édouard Philippe exprime son « dégoût » du saccage de l’Arc de Triomphe

Edouard Philippe exprime son « dégoût » du saccage de l’Arc de Triomphe
05:00

En conclusion de son discours, le Premier ministre est revenu sur les violences des dernières manifestations. « Mes premiers mots iront aux forces de l’ordre. Des hommes et des femmes victimes d’un déchaînement de violence ». « Ce ne sont pas simplement des représentants de la République (…) mais des défenseurs de la République » a-t-il estimé avant de leur accorder sa reconnaissance et son admiration face à leur sang-froid, leur professionnalisme.

Des mots qui ont entraîné une salve d’applaudissements en partance de l’hémicycle.

Après avoir remercié également les services judiciaires, Édouard Philippe a une nouvelle fois affirmé « son dégoût » en découvrant les images du saccage de l’Arc de Triomphe.

« Depuis le début des contestations, nous n’avons jamais interdit les rassemblements » a-t-il rappelé avant d’inviter celles et ceux qui souhaitaient se rendre à Paris à ne pas le faire. « Il ne s’agit pas de les interdire de s’exprimer mais d’éviter à ce qu’ils soient pris au piège par les casseurs ».

65000 forces de sécurité seront déployées dans toute la France samedi prochain. « Nous nous battrons contre la haine et contre la violence qui s’exprime ».

Pour Édouard Philippe le devoir « de responsabilité » s’impose à tous. L’occasion aussi de saluer tous les responsables politiques qui ont relayé l’appel au calme du gouvernement.

« En France, c’est la République qui doit avoir le dernier mot » a-t-il conclu.

Suppression de l’ISF : « Un choix de stratégie économique totalement annoncé et totalement assumé »

Suppression de l’ISF : « un choix de stratégie économique totalement annoncé et totalement assumé »
03:15

 

Édouard Philippe s’est félicité de « la maîtrise des déficits » opérée par son gouvernement. « Grâce à l’engagement des élus», La France maîtrise aussi la hausse de la dépense publique locale ». « Grâce aux efforts continus, ceux de nos prédécesseurs, nous allons pouvoir voter un budget de la sécurité sociale à l’équilibre ».

Le Premier ministre a également rappelé les mesures réalisées depuis 18 mois pour favoriser le pouvoir d’achat des Français comme la baisse de 30% de la taxe d’habitation pour la moitié des Français.

En ce qui concerne la transformation de l’ISF en IFI, Édouard Philippe a rappelé aussi « qu’il s’agissait d’un engagement pris devant les Français ». « Parce que nos entreprises, ont besoin de capital pour se développer, parce que notre pays a besoin d’investisseurs nationaux et étrangers. C’est un choix de stratégie économique totalement annoncé et totalement assumé » a-t-il expliqué. Édouard Philippe répète qu’il est « prêt à évaluer » la réforme de l’ISF. « Nous n’avons pas peur de ce débat. (…) Nous pensons même qu’il permettra de documenter, démontrer, la lucidité de ce choix » affirme le premier ministre.

Sur les mesures de « solidarités bien réelles », Édouard Philippe a énuméré entre autres : la revalorisation des minima sociaux, les repas à 1 euro dans les cantines des communes rurales ou encore la possibilité à compter de 2019 pour tous les Français de bénéficier d’une prise en charge à 100% de leurs lunettes, de leurs frais dentaires ou de leurs prothèses auditives »

Édouard Philippe « prêt à examiner toutes les mesures qui permettraient d’augmenter les rémunérations au niveau du Smic »

Édouard Philippe prêt à "examiner" d'autres mesures pour augmenter les rémunérations proches du Smic
02:03

Le Premier ministre a déclaré que le gouvernement poursuivrait ses mesures visant à « mieux rémunérer le travail ». « Derrière la question du pouvoir d’achat, il y a celle de la rémunération du travail en France », a-t-il estimé.

Rappelant les mesures engagées et la revalorisation automatique du Smic en janvier 2019, Édouard Philippe a annoncé qu’il pourrait aller plus loin. « Je suis prêt à examiner toutes les mensure qui permettraient d’augmenter les rémunérations au niveau du Smic sans pénaliser excessivement la compétitivité de nos entreprises », a-t-il précisé.

Il a aussi déclaré qu’il fallait « continuer à nous battre pour l’égalité des chances ». « « La colère qui s’exprime concerne évidemment les fins de mois, et même souvent les milieux de mois. Mais elles concernent aussi l’avenir », a-t-il considéré.

« Le Sénat ayant voté la suppression de ces taxes dans le projet de loi de finances 2019, elles ne seront pas réintroduites »

« Le Sénat ayant voté la suppression de ces taxes dans le projet de loi de finances 2019, elles ne seront pas réintroduites »
13:25

« Le Sénat ayant voté la suppression de ces taxes dans le projet de loi de finances 2019, elles ne seront pas réintroduites », a réaffirmé Édouard Philippe devant les sénateurs déclenchant ainsi des applaudissements. Cette décision repose sur « l’exercice de lucidité » auquel s’est prêté l’exécutif, comme l’explique le Premier ministre en citant l’historien Marc Bloch. « Aucune taxe ne méritait de mettre en danger la paix civile », affirme Édouard Philippe.

Revenant sur les violences des derniers jours, Édouard Philippe a remercié ceux qui « ont reconnu que cette colère venait de loin » et qui « loin des surenchères recherchent (…) une issue républicaine à une crise dont la violence a surpris tout le monde ». Allusion à l’opposition qui met en cause le gouvernement dans les débordements survenus en marge de la mobilisation des gilets jaunes.

Le Premier ministre a également insisté sur la proximité qui caractérise le Sénat en tant que chambre représentante des territoires. Rappelant aux sénateurs que lui-même avait exercé un mandat de maire, il a remercié les élus locaux ayant appelé à l’apaisement et a assuré qu’il « est impératif que les maires prennent toute leur place dans ce débat » qui va s’ouvrir sur la fiscalité écologique. Édouard Philippe a encore rendu hommage à l’association des maires de d’Ile-de-France qui a « proposé d’ouvrir des cahiers à destination de ceux des Français qui souhaitent s’exprimer » et aux maires ruraux qui organisent ce samedi une journée mairie ouverte pour dialoguer.

Le Premier ministre a annoncé une concertation autour de ces enjeux et notamment celle qui concerne les trajets « domicile-travail ». Seules deux conditions ne seront pas négociables : pas de nouvelles taxes ni de nouvelles dépenses qui viendraient creuser la dette publique.

Après le discours d’Édouard Philippe, l’ensemble des groupes a pris la parole.

Patrick Kanner : « Le Président jupitérien a cru qu’il avait tous les droits, il avait surtout des devoirs »

Patrick Kanner : « Le Président jupitérien a cru qu’il avait tous les droits, il avait surtout des devoirs »
00:46

Patrick Kanner, président du groupe Socialiste, considère que « l’entêtement de l’exécutif nous a menés dans cette période jaune fluo. » Il aurait fallu « écouter plus tôt. »

Le sénateur enjoint les parlementaires à « un peu d’humilité. »

Il considère que « Paris ne peut pas brûler » et que « la France ne peut pas être en état de siège. »

Il rappelle que « la violence ne sert pas le mouvement » et salue à nouveau l’action des « forces de l’ordre, de l’ordre républicain. »

Il considère que « la colère est silencieuse pour beaucoup de Français » et que le mouvement est plus large qu’on ne le croit. Pour lui, « la partie visible ne doit pas masquer la partie invisible, pacifique et solidaire dans la colère. »

Le sénateur exhorte à « inverser la politique. » Il considère que « le moratoire était nécessaire mais juste un préalable pour le dialogue. » Pour lui, « l’urgence sociale reste totale. »

Il conclut que « le ruissellement par le haut ne fonctionne pas » et propose « une redistribution par le milieu et par le bas qui a fait ses preuves. »

Il y a une « urgence démocratique et citoyenne qui est l’affaire de tous » car le peuple se sent « abandonné, méprisé et parfois déclassé. » « Les petites phrases doivent laisser place au respect » prévient Patrick Kanner.

« Le président jupitérien a cru qu’il avait tous les droits, il avait surtout des devoirs » considère-t-il. Il ajoute : « Ce Césarisme fait que le président gouverne aujourd’hui comme un roi nu. »

Il rappelle que « l’écoute et le dialogue sont les sources de la concorde » et qu’il faut s’appuyer sur les corps intermédiaires. Ils sont là, « prêts à construire un avenir pour notre pays. »

Claude Malhuret : « Les violences sont une gifle donnée à la mère patrie »

Claude Malhuret : « Les violences sont une gifle donnée à la mère patrie »
01:12

Claude Malhuret, Président du groupe Les Indépendants, prend la parole.

Il caractérise la France de « pays le plus révolutionnaire des pays conservateurs. » Il considère que la crise actuelle, « nous guettait depuis longtemps. »

Les réformes du Président Macron nous amènent « le pire des deux mondes : plus d’impôts et moins de services publics. »

La consultation promise doit être suivie d’effets car « les Français n’en peuvent plus des autruches. » Il considère que « la France crève de ne pas avoir été réformée. »

Le sénateur rappelle que « la loi se fait au Parlement et pas sur les ronds-points. »

Certains manifestants appellent à la suppression du Sénat. Cela est lié à deux choses : un Président qui a « l’obsession de la verticalité » et des citoyens qui considèrent « qu’ils peuvent se passer de représentation. » Or, précise-t-il, « un pays ne peut se diriger par les réseaux sociaux, remplis de fake news et de bullshit. »

Pour le mouvement, il prévoit deux destins possibles : « soit l’insurrection, soit la dispersion et l’oubli. »

Claude Malhuret rappelle que « les corps intermédiaires sont des corps indispensables, ils sont la colonne vertébrale du pays. » Les dégradations commises sont « une gifle donnée à sa mère, la mère patrie. » Il considère que les casseurs « dégradent notre identité nationale. »

Le sénateur salue enfin « le courage des forces de l’ordre » et appelle tout le monde à avoir « le même courage : le courage des mots, le courage de la vérité et le courage des actes. »

Jean-Claude Requier : « Nous déplorons que la parole soit donnée sur les plateaux télés à ceux qui appellent à la sédition »

Jean-Claude Requier : « Pour nous, l’empathie est une méthode de gouvernement. Sans doute parce que nous sommes tous élus locaux et nous sommes fiers de l’être »
02:45

Le président du groupe RDSE, à majorité radicale, Jean-Claude Requier a d’abord appelé au calme. « Force doit être donnée aux lois de la République et au respect de l’ordre public ». « Nous déplorons que la parole soit donnée sur les plateaux télés à ceux qui appellent à la sédition et au coup de force » ajoute Jean-Claude Requier.

Le sénateur du Lot s’est fait le porte-voix des territoires ruraux : « Pensez aux zones qui attendent encore la 1G, c'est-à-dire le téléphone portable… Et cessons de donner la parole aux financiers ». « Pour nous, l’empathie est une méthode de gouvernement. Sans doute parce que nous sommes tous élus locaux et nous sommes fiers de l’être » a-t-il lancé sous les applaudissements des sénateurs. « Il faut aussi écouter ces Français qui subissent la fracture territoriale depuis trop longtemps ».

Jean-Claude Requier a été largement applaudi quand il a dénoncé « l’instauration technocratique des 80 km/h », vécue « comme un oukase ». Le premier ministre avait pesé pour mettre en place cette mesure. « Dans le monde rural, on a plus besoin de voitures que de trottinettes électriques » lance le sénateur du Lot.

« Que la technostructure fasse montre de moins de certitude et d’un peu plus d’humilité » ajoute Jean-Claude Requier, qui conclut : « Aimer les gens n’est pas une incongruité mais le devoir des personnes en responsabilité ».

Stéphane Ravier : « La France des Gilets jaunes, c’est la France de Johnny Hallyday. »

Stéphane Ravier : « La France des Gilets jaunes, c’est la France de Johnny Hallyday. »
05:45

Représentant les sénateurs n’appartenant à aucun groupe, Stéphane Ravier, sénateur (FN) des Bouches-du-Rhône, explique que la situation actuelle est « la conséquence de trois hausses » : « La hausse des insultes, par celui qui était censé être le protecteur des Français (…) la hausse des taxes et des prélèvements (…) et la hausse du mépris envers un mouvement populaire, apolitique et pacifique. » Et il ajoute : « Tous ces Français qui sont sur les Champs-Élysées ce sont les mêmes que l’on a vus devant l’église de la Madeleine l’année dernière. La France des Gilets jaunes, c’est la France de Johnny Hallyday. »

Hervé Marseille : « L’urgence est absolue »

« L’urgence est absolue », déclare Hervé Marseille, président du groupe Union centriste
11:07

Pour le président du groupe Union centriste, le troisième du Sénat en importance numérique, « l’atmosphère est étrange, pensante, insaisissable, souvent inquiétante ». « Nous avons le sentiment de presque une veillée d’armes ».

« Comment en a-t-on pu en arriver là » a demandé le sénateur. Souvent bienveillant à l’égard des réformes du gouvernement, son groupe dénonce aujourd’hui par sa voix « beaucoup d’erreurs de jugement et de maladresse ». « On ne réforme pas sans écoute, sans concertation et sans relais d’opinion », a-t-il averti, appelant à développer des « consultations populaires ».

Sur l’annulation de la hausse des taxes sur le carburant, « dommage de ne pas nous avoir écoutés l’an dernier », a-t-il déclaré au Premier ministre. « Un freinage à temps aurait mieux valu qu’une sortie de route. »

Malgré ce geste, « le problème demeure entier pour le pouvoir d’achat », a-t-il averti, craignant que le gel des tarifs de l’électricité et du gaz puisse subir un rattrapage dans quelques mois. « Une réponse doit être adressée immédiatement à ces Français qui expriment leurs difficultés quotidiennes. »

Sur les réformes fiscales engagées, Hervé Marseille a indiqué que « leur légitimité » devait « reposer sur une utilité sociale probante ». Il a également indiqué que la suppression partielle de l’ISF n’aurait pas dû se faire sans contrepartie. « Abandonner cette icône aurait dû être accompagné par un symbole tout aussi fort : celui d’une contribution des plus aisés au développement de nos PME. » Le centriste propose également au gouvernement de baisse le taux d’imposition pour les 2e et 3e tranches de l’impôt sur le revenu.

Le sénateur a conclu son intervention en demandant au gouvernement quelle était désormais « sa ligne », après l’imbroglio de l’exécutif sur l’annulation de la hausse des taxes.

« Vous avez ouvert les portes de l’abîme du mécontentement », accuse Bruno Retailleau

« Vous avez ouvert les portes de l’abîme du mécontentement », accuse Bruno Retailleau
14:58

Le ton grave, le chef de file des Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, a exprimé sa colère face aux dégradations, dont la profanation de la tombe du soldat inconnu, samedi dernier en marge de la manifestation des gilets jaunes. « Ces actes ne sont pas des actes de résistances ce sont des actes de barbarie », s’est-il indigné avant d’appeler le Premier ministre à « casser les casseurs ». Rappelant la proposition de loi qu’il avait déposée sur les Black blocs, il a enjoint l’exécutif à prendre des dispositions fortes, « sans fausse pudeur ».

Bruno Retailleau a toutefois tenu à établir une différence entre la « France du grand déclassement » et « la France de l’ensauvagement ». « Depuis le début de cette grande colère vous avez semblé en décalage », a jugé le sénateur accusant le gouvernement de s’être enfermé dans « le déni » et d’avoir fait preuve d’une « forme d’arrogance » : « les Français n’ont pas besoin qu’on leur fasse de la pédagogie pour savoir ce qu’est une taxe », a-t-il lancé.

« Qu’est-ce que ce nouveau monde si ce n’est le prétexte à détruire l’ancien, à enjamber les corps intermédiaires, les maires (…) les partenaires sociaux, les présidents d’associations ? », a encore critiqué Bruno Retailleau. Il a également regretté les tergiversations de l’exécutif sur le retrait de la taxe sur le carburant : « Ce geste-là alors qui aurait pu paraître comme une main tendue, il est apparu comme une sorte d’aveux de faiblesse (…)  Vous avez ouvert les portes de l’abîme du mécontentement », accuse-t-il.

Se livrant à une analyse plus globale de la crise de la démocratie, Bruno Retailleau presse le gouvernement de « redonner du sens à la nation » en réformant « le modèle social » loin du « projet d’émancipation individuelle », qu’il prête au gouvernement.

Éliane Assassi : « Demain votre gouvernement et les futurs seront placés sous contrôle citoyen et cela, c’est une bonne nouvelle »

Eliane Assassi : « Demain votre gouvernement et les futurs, seront placés sous contrôle citoyen et cela c’est une bonne nouvelle »
08:54

La présidente du groupe CRCE (Communiste Républicain Citoyen et Écologiste), Éliane Assassi s’est livrée à une anaphore dans l’introduction de son propos. « Avez-vous entendu la colère rentrée de cette aide soignante qui n’arrive plus à vêtir ses enfants ? Avez-vous entendu ses pères de familles meurtris de ne pouvoir acheter des cadeaux pour Noël ? Avez-vous entendu ces retraités guettant la sortie des poubelles des supermarchés pour se nourrir… ?

Pour la sénatrice, depuis mai 2017, « c’est une politique pour les riches et menée par des riches » qui est en place, symbolisée par la suppression de l’ISF. « Vous devez rétablir l’ISF et même vous devez la rendre plus efficace ». « Le grand ami et protecteur de M. Macron, Bernard Arnaud, quatrième fortune mondiale, devrait payer 550 millions d’ISF et il n’en a payé que 2,9 millions la dernière fois » a-t-elle pris comme exemple, jugeant que la clé de voûte de la politique d’Emmanuel Macron « était l’injustice fiscale et l’injustice sociale ».

Éliane Assassi a condamné « avec fermeté l’usage de la violence. ». « Mais cela vaut aussi pour les tirs de flash-ball qui défigurent les visages des lycéens. Ces actes vous les taisez, Pourquoi ? » a-t-elle demandé au premier ministre.

En conclusion, la sénatrice communiste a demandé des mesures d’urgences sociales au gouvernement comme l’augmentation du SMIC de 200 euros nets, le rétablissement de l’ISF ou encore la fin de l’augmentation de la CSG sur les retraites.

« Demain votre gouvernement et les futurs, seront placés sous contrôle citoyen et cela, c’est une bonne nouvelle. C’est le retour aux sources, celui du peuple souverain ».

François Patriat : « Face à la colère, l’écoute, face à la violence, la fermeté. »

François Patriat : « Face à la colère, l’écoute, face à la violence, la fermeté. »
07:15

« Nous vivons un moment décisif (…) pour notre pays mais aussi décisif pour notre démocratie » a d’abord déclaré François Patriat, président du groupe LREM au Sénat.

« Quarante années de crises politiques non résolues ont mis à mal la justice sociale. Notre justice fiscale, notre justice territoriale, cette colère vient de loin, vous l’avez dit Monsieur le Premier ministre (…) Tout cela (…) a favorisé l’abstention, la montée des extrêmes, le rejet de la classe politique et des corps intermédiaires. Nul ne peut considérer la désaffection croissante des citoyens à l’égard des institutions, comme une accusation passagère. Elle n’en est pas une, elle ne l’a jamais été. C’est pourquoi le renouveau démocratique ne doit pas demeurer un vain mot. Notre responsabilité en ce jour est historique. Nous ne devons pas nous dérober à nos obligations. »

François Patriat a également invité la classe politique à ne pas « tomber dans les querelles politiciennes » : « Elle nous conduirait dans le discrédit collectif. »

Le président du groupe LREM au Sénat a demandé aux Français « du temps » : « Nous devons la vérité aux Français. Il faut du temps. Les réformes structurelles doivent porter leurs fruits. Et ce n’est pas au moment où des signes de redressement apparaissent qu’il faut les mettre à mal. La transformation de ce pays doit être poursuivie.»

« Un seul mot d’ordre, ni entêtement, ni résignation » a martelé François Patriat.

« La responsabilité du gouvernement est d’ouvrir le dialogue, d’organiser le vivre-ensemble, de faire société. À ce titre, la main que vous tendez, Monsieur le Premier ministre, doit être saisie (…) Nous vous renouvelons notre entière confiance. »

Et de conclure : « Les violences et les saccages doivent cesser (…) Face à la colère, l’écoute, face à la violence, la fermeté. »

Dans sa réponse, Édouard Philippe insiste sur la nécessité de tenir le « cap » fixé au gouvernement, tout en « composant, s’il le faut, avec la réalité »

Dans sa réponse, Édouard Philippe insiste sur la nécessité de tenir le « cap », tout en « composant, s’il le faut, avec la réalité »
08:48

La déclaration du gouvernement, suivie des orateurs des différents groupes, puis de la réplique du Premier ministre, aura duré deux heures. Dans son ultime adresse au Sénat ce jeudi, Édouard Philippe a salué « le ton et le talent » des différents présidents de groupe, indiquant qu’il était « indispensable que le débat politique soit organisé à l’intérieur des assemblées » dans le contexte actuel.

« Je ne m’exonère d’aucune responsabilité », a répété le chef du gouvernement, sans toutefois exclure des responsabilités collectives. « Depuis trop longtemps, ces réformes structurelles ne sont pas intervenues (…) Depuis trop longtemps, nous n’avons pas été à la hauteur des enjeux », a-t-il expliqué.

Assumant ses responsabilités, le Premier ministre a aussi mis en avant une forme de courage politique sur sa ligne. « Je n’ai jamais hésité à assumer, y compris des mesures dont je savais qu’elles étaient impopulaires, parce que je croyais qu’elles étaient bonnes. Essayer d’assumer des mesures qu’on sait impopulaires ça a quand même me semble t-il une vertu démocratique. »

À l’interrogation du président du groupe UC sur la ligne à venir du gouvernement, le Premier ministre a répondu que le cap fixé par les élections de 2017 serait maintenu, tout en « améliorant » certaines mesures et en respectant « l’équilibre » budgétaire :

« Je crois avoir dit dans mon propos introductif combien, au fond, le gouvernement s’estimait tenu par les engagements qui ont été pris par le président de la République devant les Français, par les parlementaires de la majorité au moment des élections législatives. Lorsque je dis que c’est le cap qui a été fixé à cette majorité et à ce gouvernement, je dis que notre objectif est de l’atteindre, de composer s’il le faut avec la réalité, d’améliorer un certain nombre de mesures, c’est vrai, mais d’atteindre ce cap, de ne pas renoncer à cet équilibre des finances publiques. »

« Apaisement, débat, appel à la responsabilité et détermination à assurer la sécu des Français, c’est le sens de la déclaration que j’ai faite », a conclu Édouard Philippe.

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