Grand Débat : les temps forts du discours d’Édouard Philippe

Grand Débat : les temps forts du discours d’Édouard Philippe

Après plusieurs heures de restitution de plus d’un million de contributions des Français au grand débat, c’est le Premier ministre qui est en charge d’en tirer un premier bilan, en attendant les premières décisions concrètes d'Emmanuel Macron.
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Demande de baisses d'impôts et de justice fiscale, mais aussi d'écologie et de santé, depuis le Grand Palais, ce lundi, Édouard Philippe tire le bilan des centaines de milliers de propositions citoyennes issues des deux mois de grand débat national lancé face à la crise des gilets jaunes.

Mardi devant l'Assemblée, puis au Sénat mercredi, Édouard Philippe expliquera aux parlementaires, lors de débats sans vote « ce que nous retenons, les thèmes que nous voulons privilégier, les orientations que nous fixons ». Le Premier ministre a déjà promis des « solutions puissantes » et évoqué un travail à venir avec « les corps intermédiaires » et « les élus locaux ».

Édouard Philippe remercie les participants du Grand débat 

Edouard Philippe remercie les participants du Grand débat 
09:25

« Si on ne prend pas le temps d’écouter, en général, on n’entend pas bien. » Un risque que le Premier ministre croit avoir évité dans l’organisation du grand débat national. Lors de cet exercice de « restitution » du grand débat, Édouard Philippe a justifié le temps que le gouvernement a consacré à cette initiative : « On regrette parfois l’accélération et la brutalité du débat public, on ne doit pas, je crois, s’impatienter dès qu’on donne la parole aux Français ».  

Édouard Philippe a tenu à remercier les Français « qui ont pris le temps d’écrire une contribution, de répondre à un questionnaire en ligne, de remplir un des 16 000 cahiers citoyens, de participer à des réunions publiques ». Le Premier ministre n’a d’ailleurs pas hésité à opposer l’attitude des Français qui se sont prêtés à cet exercice à ceux qui manifestent tous les samedis. Évoquant « ces réunions publiques qui se sont déroulées dans des conditions d’ordre public exemplaire » faisant « honneur au débat démocratique en étant très loin des exemples de violences que d’autres se complaisent à donner chaque samedi ».

Le Premier ministre a également remercié les garants du grand débat qui ont exposé quelques critiques en début de matinée. « Nous avons un peu cadré les choses pour lancer la discussion mais très vite c’est la liberté de parole qui a pris le relais », s’est justifié Édouard Philippe concernant justement le bémol d’un des garants qui déclarait ce matin : « les questions rattachées à chacun des thèmes nous ont paru plus problématiques du fait de leur formulation excessivement binaire qui a nourri des critiques justifiées sur leur caractère orienté ». Édouard Philippe a aussi voulu souligner que « toutes les données sont désormais disponibles, il n’y a pas une lecture officielle du grand débat », assure-t-il. Saluant in fine « la méthode innovante » du grand débat « sans doute perfectible mais honnête ».

« Les débats nous indiquent clairement la direction à prendre : nous devons baisser les impôts »

Edouard Philippe reconnaît la difficulté de « résumer en quelques mots des dizaines de millions de mots ou des centaines de milliers d’idées exprimées par nos concitoyens », « toute synthèse paraît réductrice », mais « nous avons essayé de le faire en toute honnêteté ».

Edouard Philippe : « Les débats nous indiquent clairement la direction à prendre : nous devons baisser et baisser plus vite les impôts »
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Si l’heure des annonces précises n’est pas encore venue, Edouard Philippe a retenu quatre exigences qui donnent une idée des orientations à venir. La première : « L’exaspération fiscale ». « Notre pays a atteint une sorte de tolérance fiscale zéro » selon Edouard Philippe. Il rappelle la baisse des cotisations, de l’impôt sur les sociétés ou la suppression de la taxe d’habitation, décidées par le gouvernement. Mais il reconnaît que ce n’est pas assez. Et d’ajouter : « Les débats nous indiquent clairement la direction à prendre : nous devons baisser et baisser plus vite les impôts ».

Pour Edouard Philippe, on comprend que cela ne doit pas passer par plus de déficit, mais par des économies :

« Les Français ont compris qu’on ne peut pas baisser les impôts si on ne baisse pas la dépense publique ».

Autre point : une exigence « de fraternité », de « lien quotidien ». « On vit dans un pays où on ne se voit plus, où on ne se parle plus » dit-il. Pour y remédier, Edouard Philippe veut « rétablir l’équilibre entre les métropoles et les communes à l’extérieur des logiques métropolitaines ». S’il y a 30 ans, l’objectif de l’aménagement du territoire était de rééquilibrer le rapport entre Paris et la province, « aujourd’hui, il faut faire le même travail de rééquilibrage entre ces métropoles et ces communes petites ou moyennes ». « On devra peut-être revoir nos règles d’urbanisme qui ont conduit à l’étalement et réorienter nos efforts d’investissement sur les transports du quotidien » ajoute Edouard Philippe.

Toujours du côté des collectivités, « il faudra mieux identifier qui fait quoi dans le mille-feuille ». Il faudra aussi « réorienter les services publics » sur le « contact et pas seulement le numérique ».

Sur les 80 km/h, Edouard Philippe ne se « résigne pas à abandonner cette ambition en matière de sécurité routière », mais il doit « apprendre à composer avec l’incompréhension ou le rejet d’un certain nombre de citoyens ».

80 km/h : « Je voulais sauver des vies. On m’a accusé de vouloir remplir des caisses » regrette Édouard Philippe
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Troisième point : le premier ministre insiste sur « l’exigence démocratique », rappelant « les mots durs, violents » à l’égard de la classe politique. Face à cette « défiance », il faut « bâtir une démocratie participative au long cours », « nous ne pourrons plus gouverner comme avant ».

Restitution du grand débat : « Nous sommes parvenus à une situation où hésiter serait une faute » selon Édouard Philippe

Restitution du grand débat : « Nous sommes parvenus à une situation où hésiter serait une faute » selon Edouard Philippe
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La dernière exigence du grand débat est « l’urgence climatique ». Le Premier ministre se félicite que « les Français ne [soient] pas climatosceptiques ». Il se félicite de cette « lucidité », considérant que le pays est « prêt à changer de comportement ». Toutefois, « les Français ne veulent pas que les taxes leur disent ce qu’ils doivent faire », tempère le chef du gouvernement, faisant écho au flop de la hausse de la taxe Carbone. Il confirme que le message a été reçu « cinq sur cinq, fort et clair ».

Pour lui, les orientations sont claires mais « pas faciles à atteindre », en raison « des paradoxes et des contradictions », normales avec un si grand nombre de contributions. L’enjeu est donc de dégager du consensus, un « compromis démocratique ».

C’est, selon Édouard Philippe, « le travail de la démocratie représentative », du Président de la République, du gouvernement et du Parlement, qui devra travailler « avec les partenaires sociaux, les élus locaux et les partenaires associatifs ». Édouard Philippe s’exprimera d’ailleurs devant l’Assemblée et le Sénat dans les prochains jours.

Le chef du gouvernement conclut qu’ « hésiter serait une faute », face à « un besoin de changement radical ». Dans cette situation, « tout conservatisme serait impardonnable ». Il rassure sur « sa détermination absolue », ainsi que celle du gouvernement et souhaite que le grand débat soit « une chance pour la France ».

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