Grand Débat, Sénat, élus locaux:  les temps forts de la conférence de presse de Gérard Larcher

Grand Débat, Sénat, élus locaux: les temps forts de la conférence de presse de Gérard Larcher

Lors de sa conférence de presse de rentrée, le président du Sénat a répondu aux nombreuses questions des journalistes. Défense du Sénat, des élus locaux et quelques confidences sur ses échanges avec Emmanuel Macron. Revoir les temps forts.
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Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, répond ce jeudi aux questions de l’Association des journalistes parlementaires. Grand débat, Brexit, élections européennes, réforme constitutionnelle… les sujets sont nombreux.

Le sénateur des Yvelines est notamment attendu sur l’idée de transformation du Sénat, thème lancé par Emmanuel Macron dans la lettre aux Français. Elle est mal perçue par les sénateurs.

La conférence de presse commence à 11 heures, à suivre dès 10h30 sur l’antenne de Public Sénat.

Gérard Larcher sur l’Europe : « Le Brexit peut avoir des conséquences très graves »

Gérard Larcher sur l’Europe : « Le Brexit peut avoir des conséquences très graves »
01:28

Gérard Larcher s’exprime d’abord sur l’Europe, « une incroyable construction de paix. » Au sein de l’Union européenne, l’année 2019 est « une année décisive. » Le président du Sénat déplore « le rejet par le peuple des institutions européennes. » L’Europe est, selon lui, « paralysée par la technostructure et l’empilement normatif. » Gérard Larcher propose des solutions. Tout d’abord, « une France forte proche de l’Allemagne », puis, « des 27 qui soient solidaires. » Il s’inquiète enfin du Brexit, « qui peut avoir des conséquences très graves. » À ce sujet, il « n’est pas très optimiste. » Les élections européennes qui approchent seront l’occasion « de clarifier les projets et les alliances. »

Gérard Larcher décrit une France prise de « vertige »

Gérard Larcher décrit une France prise de « vertige »
02:56

Le président du Sénat, Gérard Larcher a livré un constat pessimiste de l’État de la France en 2019. « Elle vient d’achever 2018 comme si elle était prise de « vertige » avec le sentiment qu’il n’y aurait plus ni solidarité, ni règle commune, ni cohésion, ni ordre républicain. Une partie de notre nation s’est sentie « abandonnée » parce qu’elle a eu, à raison, le sentiment de n’être pas entendue, écoutée, respectée, d’être « à côté » a-t-il ajouté en référence au titre éponyme du rapport qu’il avait remis à François Hollande en avril 2015.

Contrairement au patron des députés LREM, Gilles Le Gendre, Gérard Larcher n’a pas trouvé « que nous avions été trop intelligents ou trop subtils » (…) « Nous devons tous regarder dans les yeux cette France-là. La regarder dans les yeux, c’est comprendre mais ce n’est jamais accepté l’inacceptable » a-t-il prévenu. « Ne jamais accepter le désordre, les saccages, les violences qui ont émaillé les dernières manifestations. Ne jamais accepter la surenchère des revendications qui ont décrédibilisé ce mouvement de protestation. Ne jamais accepter qu’on puisse remettre en question la liberté de la presse. Ne jamais accepter l’expression des haines ».

Le président du Sénat a ensuite formulé trois attentes pour la France cette année : « Un besoin d’autorité, un besoin de dialogue et un besoin de cohésion ».

« La légitimité démocratique, c’est l’élection et non pas le nombre de followers », insiste Gérard Larcher

« La légitimité démocratique, c’est l’élection et non pas le nombre de followers », insiste Gérard Larcher
02:18

Gérard Larcher est revenu sur sa rencontre avec Emmanuel Macron lundi, avec lequel il a évoqué le sort de la réforme institutionnelle, en pause depuis l’été.

« J’ai aussi rappelé au Président de la République lundi que j’ai vu en tête à tête avant le déjeuner qui a rassemblé le président Ferrand, le président Bernasconi [président du Cese, NDLR] et le Premier ministre, le président de la République et moi-même, qu’aucune révision constitutionnelle ne se fera sans le strict respect des dispositions prévues par la loi fondamentale. Qu’on se le dise, c’est dit ! »

Une manière de dire que toute révision de la Constitution devra passer par les dispositions de l’article 89, à savoir qu’un référendum sera précédé par une adoption du texte dans les mêmes termes par les deux assemblées parlementaires.

Le président du Sénat « n’est pas dupe » sur le grand débat national qui s’est ouvert. Il regrette que les parlementaires n’aient pas été « associés » à la façon dont il a été imaginé par l’exécutif. Sans être contre sur le principe d’un dialogue, le président du Sénat insiste qu’il « faut être prudent », «  vigilant » mais aussi « attentif à toute tentative d’instrumentalisation ». « Il faudra être exigeant sur la suite que l’exécutif proposera de donner à cette consultation », a-t-il ensuite ajouté. Le plus important est de sortir « de la logique de la contestation par la seule rue ».

Dans cette période, Gérard Larcher rappelle l’importance de la légitimité de la démocratie représentative. « Nous avons, nous tous, élus, le devoir de respecter le mandat que nous a été confié par le peuple. La légitimité démocratique, c’est l’élection et non pas le nombre de followers, qu’on soit clair ! »

Gérard Larcher nommera Pascal Perrineau, politologue, comme « observateur » du grand débat

Gérard Larcher nommera Pascal Perrineau, politologue, comme « observateur » du grand débat
03:08

Gérard Larcher revient sur le grand débat national. Le gouvernement a confié à Emmanuelle Wargon et Sébastien Lecornu le soin de l’organiser. Il a également offert de nommer cinq « garants » pour en assurer l’indépendance.

Ainsi, le président du Sénat doit nommer ce qu’il préfère appeler « un observateur ». Cet observateur sera Pascal Perrineau, politologue et ancien directeur du CEVIPOF, le centre de recherches politiques de Sciences Po.

Pour Gérard Larcher, le terme de garant n’est pas approprié car « il n’y a rien à garantir, seulement à observer le bon déroulement des débats ». Même si, regrette-t-il, « la méthode et les thèmes n’ont pas été concertées avec nous. »

Gérard Larcher rappelle « croire en nos institutions, qui nous ont permis de traverser bien des crises. » Il « croit au bicamérisme » et rappelle l’utilité du Sénat qui « tient bon quand l’essentiel est en cause. »

Le Président du Sénat propose de « redécouvrir la trame irremplaçable des élus territoriaux, qui permettent à la République de se tenir. » Il constate que, en ces temps de crise, « c’est la commune que l’on appelle au secours. » Cet échelon permettra à la République de « retrouver un cap, son souffle et la raison. »

Grand débat national : Gérard Larcher révèle qu’il a conseillé à Emmanuel Macron d’aller à la rencontre des maires

Grand débat national : Gérard Larcher révèle qu’il a conseillé à Emmanuel Macron d’aller à la rencontre des maires
02:11

« C’est moi qui lui ai conseillé historiquement […] J’avais dit qu’il n’était pas possible de ne pas aller voir les maires », a répondu Gérard Larcher, interrogé sur la manière dont Emmanuel Macron a investi le grand débat national, en commençant par un long échange avec les maires normands.

Le président du Sénat a encore en mémoire le rendez-vous raté du congrès de l’Association des maires de France en novembre. « J’avais tellement regretté qu’il n’aille pas au congrès des maires […] C’est tellement mieux de dialoguer, de se confronter. »

Cette façon de se réunir auprès des maires est un bon signal pour le président du Sénat. « Je crois qu’on a enfin retrouvé les fondamentaux de la République », dit-il.

Gérard Larcher révèle qu’Emmanuel Macron ne veut pas de fusion entre le Sénat et le CESE

Gérard Larcher révèle qu’Emmanuel Macron ne veut pas de fusion entre le Sénat et le CESE
01:47

 

Pour Emmanuel Macron, « il n'est pas question » d'une fusion entre le Conseil Economique Social et Environnemental et le Sénat. Cette confidence a été faite par Gérard Larcher lors de ses vœux à la presse. 

« Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil Économique, Social et Environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ? Faut-il les transformer et comment ? » Ce passage de la lettre d’Emmanuel Macron adressé aux Français a bien évidemment suscité l’inquiétude des sénateurs et de ceux attachés au bicamérisme. D’autant que la suppression du Sénat figure parmi les revendications des gilets jaunes.

Lors de ses vœux à la presse, Gérard Larcher a clarifié l’intention du chef de l’État. « Comme gaulliste », le président du Sénat a indiqué qu’il « ne récusait en rien » le mode de consultation que constitue le référendum. Mais comme gaulliste, Gérard Larcher est forcément très attaché à la Constitution de 1958. « L’article 11 (portant sur la prérogative du chef de l’État de soumettre un projet de loi à un référendum NDLR) n’est pas une voie de révision de la Constitution. Donc si à l’issue du débat, le président de la République décide de consulter les Français. Il pourra les consulter sur un certain nombre de sujets dans les formes prévues par les textes » a-t-il rappelé.

En effet, pour supprimer ou modifier le rôle et les pouvoirs du Sénat par référendum, le chef de l’État devrait passer par l’article 89 de la Constitution portant sur la révision constitutionnelle. Mais le texte soumis au vote des Français passerait d’abord par le vote « en termes identiques » des deux assemblées. « Et sur ce point, je vais vous dire, je suis peut-être rond, mais là-dessus… ». Une manière de dire qu’il ne l’accepterait pas.

D’ailleurs, Gérard Larcher a posé lui-même la question à Emmanuel Macron. « Est-ce que vous vous affranchissez de votre déclaration faite au Congrès : je crois au bicamérisme ? Il m’a dit non. Il n’est pas question de fusion dans ma tête entre le Conseil Economique et Social et le Sénat » a confié Gérard Larcher.

Européennes : Larcher veut une tête de liste LR « qui puisse rassembler »

Européennes : Bellamy tête de liste LR ? Larcher préfère quelqu'un « qui puisse rassembler »
01:30

Gérard Larcher n’est pas emballé par perspective d’une liste Les Républicains aux Européennes qui pourrait être emmenée par François-Xavier Bellamy, adjoint au maire de Versailles. « J’ai plutôt de la sympathie pour ce garçon. Il était prof de philo dans ma ville de Rambouillet. Je le connais depuis longtemps », a d’abord répondu le premier des sénateurs. « Il a des prises de position que je respecte, qui ne sont pas tout à fait les miennes sur un certain nombre de sujets de société. »

En réalité, Gérard Larcher aimerait quelqu’un de plus au centre. « Ma conception d’une tête de liste, c’est quelqu’un qui puisse rassembler », explique-t-il. Pour lui, celle-ci doit incarner «  l’équilibre, l’épicentre du mouvement tel qu’il est ».

Elections européennes : « Je ne vais pas déchirer ma carte des Républicains ! » rassure Gérard Larcher

Elections européennes : « Je ne vais pas déchirer ma carte des Républicains ! » rassure Gérard Larcher
05:34

Gérard Larcher s’exprime à nouveau sur les élections européennes. Les Républicains, son parti, « fait partie du PPE et s’inscrit dans son héritage. » Il ne voit rien, dans le projet en cours de rédaction, « en antagonisme avec ces valeurs. »

Gérard Larcher convient qu’ « il est important de renouveler profondément la liste. » Ainsi, « il faut bien réfléchir à l’équipe. » Pour cela, il y aura un débat suivi d’un vote.

Si jamais ses idées ne sont pas représentées, Gérard Larcher « ne déchirera pas sa carte des Républicains. » Le sénateur « croit à la vie de son parti, même s’il ne va pas très bien. » La responsabilité est, selon lui, « de ne pas laisser vide l’espace entre LREM et le Rassemblement national. » Il conclut : « Je ne quitte pas le navire quand la force 6 monte. »

Sur l’évocation d’une réforme du Sénat dans la Lettre aux Français, Gérard Larcher assure « ne pas avoir été prévenu. »

Il a d’ailleurs contacté le Président pour s’en ouvrir. Il déclare qu’il faut « être attentif à la démocratie représentative. » Il poursuit : « Sur qui s’appuie le Président, si ce n’est les maires et les conseillers municipaux ? La démocratie représentative va du Conseil municipal au Président de la République. »  

La règle du non cumul des mandats « mérite d’être interrogée de nouveau »

La règle du non cumul des mandats « mérite d’être interrogé de nouveau »
01:16

Le président du Sénat a fait une nouvelle confidence concernant ses échanges avec Emmanuel Macron. « J’ai dit que je ne le dirais pas publiquement, mais bon, il ne m’en voudra pas. Sinon, on s’écrira une lettre » a-t-il commencé. La discussion portait sur la règle du non-cumul des mandats mis en place en 2014. Une réforme que le président du Sénat ne porte pas dans son cœur. « Une erreur majeure » (…) qui est en train de construire une déconnexion. C’est un sujet qui mérite d’être interrogé de nouveau » selon lui.

Il poursuit. « Le président de la République m’a dit : c’est vrai, un président de département ne peut plus siéger au Parlement. Je lui ai dit : oui, Monsieur le Président. C’était très très mal vu, c’était vieux monde. Et moi je vous dis, c’est un sujet sur lequel on va reréfléchir » annonce-t-il.

Gérard Larcher sur l’ISF : « Je ne suis pas favorable au rétablissement de l’ISF »

Gérard Larcher sur l’ISF : « Je ne suis pas favorable au rétablissement de l’ISF. »
01:55

Interrogé sur le rétablissement de l’ISF, Gérard Larcher reconnaît que « ça fait partie de la mythologie. » Il comprend « le côté symbolique de la mesure. »

Le Président du Sénat rappelle que « nous sommes le pays le plus fiscalisé » et que « l’ISF marque le départ de ceux et celles qui auraient pu investir. »

Il s’interroge : « Peut-on continuer à être champions ? »

Ainsi, Gérard Larcher affirme « ne pas être favorable au rétablissement de l’ISF » car « ce n’est pas avec ça que l’on va retrouver l’équilibre. » Il considère que « nous avons besoin d’attirer, or certains sont à 68 % de prélèvements. »

Invoquant son patriotisme, il demande : « Est-ce qu’on préfère que ce soient des fonds chinois ou des fonds de pension qui contribuent ? J’aime mieux que ce soient des Français qui investissent. »

Disparition de la taxe d’habitation : une « bêtise », pour Gérard Larcher

Disparition de la taxe d’habitation : une « bêtise », pour Gérard Larcher
02:43

« J’étais surtout favorable à ce qu’on ne fasse pas la bêtise de la supprimer mais de la moderniser », a expliqué le président du Sénat, interrogé sur la volonté de l’exécutif de supprimer progressivement la taxe d’habitation. « On fait disparaître le lien entre citoyens, services et assemblées délibérantes locales, je crois que c’est une bêtise. »

« Cette affaire de taxe d’habitation va empoisonner le gouvernement, l’exécutif », estime-t-il, même si, dans son esprit, une révision des valeurs locatives n’aurait pas été « illégitime ».

Le président du Sénat, qui respecte la décision des Français du printemps 2017, espère toutefois que ce sera désormais l’opportunité de refonder les impôts locaux. « C’est l’occasion de refonder une fiscalité territoriale », déclare-t-il, tout en se montrant « peu inquiet de ne pas voir dans le programme législatif le projet de loi de finances rectificatif ».

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