Greta Thunberg au Parlement : « Elle est venue dire son désarroi à la représentation nationale »

Greta Thunberg au Parlement : « Elle est venue dire son désarroi à la représentation nationale »

La venue de la jeune militante écologiste suédoise, Greta Thunberg à l’Assemblée nationale a suscité de farouches réprobations chez certains parlementaires. Cinq sénateurs étaient présents, ce mardi, pour écouter un « discours sagace, court, efficace et plutôt prenant ».
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« Au départ, je n’avais pas du tout prévu de venir. Mais en voyant les réactions absolument scandaleuses ou scandalisées, de voir cette jeune personne être entendue à l’Assemblée nationale, je me suis dit qu’il y avait quelque chose d’intéressant à venir écouter » confie le sénateur centriste, Loïc Hervé, à son arrivée au 101 rue de l’Université. En effet, la venue de la jeune militante écologiste, Greta Thunberg à l’Assemblée nationale, ce mardi, a entraîné des propos bien peu amènes chez de nombreux parlementaires de droite et du RN.

« Jeanne d’Arc et fée clochette »

Qualifiée de « fée clochette », par le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, de « Jeanne d’Arc du climat » par l’eurodéputée RN, Jordan Berdella, ou encore de « gourou apocalyptique » par le député LR, Guillaume Larrivé (voir notre article), la présence de Greta Thunberg a tourné au concours du qualificatif le plus méprisant chez certains. « Ceux qui critiquent sont encore dans les schémas d’avant (…) Ils pensent qu’on va continuer avec la fameuse croissance verte… Ils sont, à mon sens, à côté de la plaque » leur répond le sénateur écologiste, Joël Labbé, quelques minutes avant l’arrivée de Greta Thunberg.

Des propos qui ont également choqué Loïc Hervé. « Je crois à un Parlement ouvert, ouvert sur la société, ouvert sur les grands débats, ouvert aux jeunes. On dit assez que les jeunes ne s’intéressent pas sassez à la vie politique, pour que quand ils se saisissent d’un sujet, qui est celui du changement climatique, qui nous nous concerne tous, nous devions, nous, parlementaires, nous mettre à leur disposition et débattre avec eux » a-t-il réagi cet après-midi.

Loïc Hervé réagit à la venue de Greta Thunberg au Parlement
01:13

Devenue célèbre pour avoir lancé les grèves scolaires, « vendredis pour le futur », Greta Thunberg était invitée à prendre la parole dans une salle de l’Assemblée nationale avec trois jeunes de l’association « Youth for the climate » et la climatologue, Valérie Masson-Delmotte. Une invitation lancée par le collectif de députés transpartisan « Accélérons la transition » animé par Matthieu Orphelin (ex-LREM) et à laquelle 5 sénateurs du collectif « urgence climatique » ont répondu.

« Vous n'êtes pas assez matures pour dire les choses telles qu'elles sont »

« Vous n'êtes pas obligés de nous écouter, nous ne sommes que des enfants après tout. Mais vous devez écouter la science. C'est tout ce que nous demandons : unissez-vous derrière la science » (…) » C'est presque comme si vous ne saviez pas que (ces chiffres) existent, comme si vous n'aviez pas lu le dernier rapport du Giec dont dépend l'avenir de notre civilisation » (…) Ou peut-être simplement que vous n'êtes pas assez matures pour dire les choses telles qu'elles sont. Même cette charge, vous nous la laissez à nous, les enfants » a lancé à la tribune l’adolescente. Une manière de répondre aux critiques.

« Je me dis qu’on ne peut pas laisser une planète comme ça à ces jeunes »

À la sortie, le sénateur PS, Olivier Jacquin semblait encore sous le choc du discours de la jeune militante. « C’était un discours sagace, court, efficace et plutôt prenant » (…) Moi, je me dis qu’on ne peut pas laisser une planète comme ça à ces jeunes (…) C’est excellent ce qui se passe. J’espère profondément que ça va changer la donne (…) Je me suis dit que ces jeunes, un jour, seront à notre place. Ils auront le pouvoir. Et je me suis dit, qu’un jour, il y aura peut-être un tribunal pénal sur les crimes contre l’environnement » imagine le sénateur socialiste en référence à la proposition de loi de son groupe sur le crime d’écocide, rejetée dans l’hémicycle en mai dernier.

« Face au désarroi qu’elle exprime, les réponses apportées ne sont pas à la hauteur des enjeux »

« Greta Thunberg incarne d’abord un désarroi. Et elle est venue dire son désarroi à la représentation nationale. Mais on voit bien, au fur et à mesure du débat, des interventions des uns et des autres, que face au désarroi qu’elle exprime, les réponses apportées ne sont pas à la hauteur des enjeux » a constaté le sénateur écologiste de Loire-Atlantique, Ronan Dantec.

Un désarroi qui a également gagné, la semaine dernière, le sénateur écologiste, Guillaume Gontard, lors de l’examen du projet de loi Énergie et Climat. « Je me souviens d’un amendement (déposé par les sénateurs du collectif urgence climatique) sur l’arrêt des panneaux lumineux de publicité (pendant la nuit). C’est quelque chose de simple, de basique et pourtant ça ne passe pas. C’est assez désolant ».

Greta Thunberg était présente au Parlement le même jour que la ratification du CETA (le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada) par l’Assemblée nationale. Au sein même de LREM, certains ont pointé ce paradoxe. « On ne peut pas être Greta et CETA, ça me paraît parfaitement antinomique » a estimé le député Loïc Dombreval sur France Inter. Cet après-midi, les députés ont adopté la ratification du CETA par 266 voix contre 213 et 74 abstentions. 52 députés LREM se sont abstenus 9 ont voté contre le texte, comme l'ensemble de la gauche. LR et UDI-Indépendants se sont en majorité opposés au texte qui doit maintenant être soumis au Sénat à une date encore indéterminée.

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