« Il n’y a pas de projet de nationalisation des autoroutes dans les cartons », indique Jean-Baptiste Djebbari
Auditionné par la commission d'enquête du Sénat sur les concessions autoroutières, ce 2 juillet, le secrétaire d'État chargé des Transports a indiqué qu’il était encore trop prématuré pour esquisser la stratégie à adopter quand les concessions arriveront à leur terme.

« Il n’y a pas de projet de nationalisation des autoroutes dans les cartons », indique Jean-Baptiste Djebbari

Auditionné par la commission d'enquête du Sénat sur les concessions autoroutières, ce 2 juillet, le secrétaire d'État chargé des Transports a indiqué qu’il était encore trop prématuré pour esquisser la stratégie à adopter quand les concessions arriveront à leur terme.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Début de juillet intense au Sénat sur le front de la commission d’enquête sur le contrôle, la régulation et l'évolution des concessions autoroutières, qui enchaîne les auditions. Les sénateurs ont eu l’occasion de prendre la température du gouvernement, en entendant ce 2 juillet l’actuel secrétaire d’État chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Depuis mars, ce n’est pas seulement sur la genèse d’un processus de privatisation controversé sur laquelle les parlementaires enquêtent, ils cherchent également à préparer les décisions de demain. Entre 2031 et 2036, de nombreuses concessions autoroutières vont arriver à échéance : ce qui pose la stratégie de l’État.

L’horizon semble bien lointain. « Il n’y a pas de projet, pour être très clair, de nationalisation des autoroutes dans les cartons du gouvernement actuel », a fait savoir Jean-Baptiste Djebbari. « Mais il y a une réflexion actuelle sur l’après-concession. »

« Je ne doute pas qu’à l’horizon 2022 ce sujet reviendra »

Pour être encore plus clair, il n’y « a pas encore de doctrine sur l’avenir des concessions car c’est un peu loin. Parce que la réflexion sur ce que nous pouvons faire maintenant n’est pas encore aboutie », a-t-il avoué. Mais le secrétaire d’État « ne doute pas qu’à l’horizon 2022 ce sujet reviendra ». Et d’ajouter : « Il serait de bon ton, que notamment le parti politique auquel j’appartiens fasse des propositions, je n’en doute pas. »

Interrogé par le rapporteur de la commission d’enquête, Vincent Delahaye (Union centriste) sur ses anciennes positions, lorsqu’il était encore député, Jean-Baptiste Djebbari a répondu qu'il n'avait pas bougé d’un iota. « Je ne renie rien des propos tenus à l’époque », a-t-il insisté. Durant l’été 2019, l’ancien député LREM voulait « une société à capitaux publics » chargée de reprendre « l’exploitation des autoroutes à la fin des concessions ». L’ex-parlementaire constate que sa solution « n’a pas prospéré », car la loi d’orientation sur les mobilités a arrêté un cadre fiscal bien différent des orientations qu’il imaginait.

Une nationalisation à 44 milliards d’euros

Une chose est sûre, selon lui, la question se posera nécessairement pour l’État vis-à-vis de ces 9100 kilomètres de voies concédées : les gérer directement, ou les reconcéder. Le Parlement aura à se prononcer sur ces grands enjeux, allant du modèle de gestion, au financement, en passant par la durée des éventuels contrats, avec des préoccupations environnementales beaucoup plus présentes.

Afin de nourrir le débat, le secrétaire d’État a par ailleurs livré quelques éléments de compréhension. Les sociétés concessionnaires « ont prouvé qu’elles savaient entretenir, concevoir et exploiter des autoroutes pour un taux moyen au kilomètre qui, me semble-t-il, est dans la moyenne européenne », a-t-il salué. Il a par ailleurs précisé qu’une nationalisation aurait « un coût ». « Des études ont été faites. Fin 2019, cela aurait coûté 44 milliards d’euros si on avait voulu nationaliser au regard des contrats en cours et des recettes attendues », a-t-il soulevé.

La Cour des comptes critique la « superposition » des plans pour les autoroutes

Auditionnée avant le ministre, la présidente de la deuxième chambre de la Cour des comptes (compétente sur le sujet), Annie Podeur, a affirmé que le cadre réglementaire était désormais plus favorable à l’État. La magistrate a cependant déploré l’empilement des plans d’investissement « à répétition » pour les autoroutes (trois en l’espace de dix ans), « peu justifiés » selon elle « au regard des priorités de la politique de transport ». « En termes de dépenses globales des infrastructures de transport, la Cour ne peut que relever un maintien de flux d’investissements élevés sur le réseau concédé, alors qu’il y a de fortes interrogations sur l’état du réseau non concédé », a-t-elle fait remarquer. La situation des routes nationales et départementales notamment fait actuellement l’objet d’une étude par les chambres régionales.

La Cour des comptes a également regretté que la définition « insuffisante » des opérations menées par les sociétés concessionnaires susceptibles d’être compensées. « L’État a accepté des compensations de certaines opérations qu’il aurait refusées en faisant une lecture plus rigoureuse des cahiers des charges », a rappelé Annie Podeur.

Si l’Autorité de régulation des transports (ART) a pu analyser avec précision la nature des investissements réalisés, compensés dans les péages ou la durée des concessions, la Cour des comptes s’est permise une recommandation en direction de l’État. « Il faut fixer une doctrine », a insisté Daniel Vasseur, conseiller référendaire à la Cour des comptes. « C’est à l’État de fixer une doctrine, plutôt que d’ouvrir la porte à des marchandages où souvent les concessions ont l’avantage. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture
5min

Politique

Accord du Mercosur : aubaine ou menace ?

Le 18 décembre, lors du Conseil européen à Bruxelles, les 27 devraient donner leur feu vert à l’accord commercial avec les pays du Mercosur. Prise en étau entre les droits de douanes américains et la Chine, l’Union européenne cherche de nouveaux débouchés pour son industrie et son agriculture. Mais certains pays, comme la France, craignent un dumping sur les prix et les normes environnementales. Alors l’accord avec le Mercosur est-il un bon deal pour l’UE ? « Ici l’Europe » ouvre le débat, avec les eurodéputés Saskia Bricmont (Les Verts/ALE, Belgique) et Charles Goerens (Renew, Luxembourg).

Le

« Il n’y a pas de projet de nationalisation des autoroutes dans les cartons », indique Jean-Baptiste Djebbari
4min

Politique

« Il faut qu’autour des écoles, on n’ait pas de MacDo et de kebabs », déclare la sénatrice des Bouches-du-Rhône Brigitte Devésa

Le surpoids semble être la nouvelle épidémie du XXIè siècle. En France, près de la moitié de la population est concernée, constituant un véritable enjeu de santé publique. De quoi alerter le législateur qui entend renforcer les mesures de prévention et d’accompagnement sur le sujet. Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Brigitte Devésa et le nutritionniste créateur du nutri-score Serge Hercberg pour en débattre dans l’émission Et la santé ça va ?.

Le

« Il n’y a pas de projet de nationalisation des autoroutes dans les cartons », indique Jean-Baptiste Djebbari
5min

Politique

Budget de l’agriculture : le Sénat adopte des crédits en baisse, la gauche dénonce les coupes dans la transition écologique

Dans la nuit de vendredi à samedi, le Sénat a adopté les crédits de la mission agriculture du budget 2026. En prenant en compte les crédits européens, les dépenses fiscales et sociales, l’enveloppe allouée à l’agriculture s’élève à 25 milliards. Toutefois les crédits sont en baisse par rapport au dernier exercice effectivement exécuté en 2024. A gauche, les sénateurs ont dénoncé les fortes coupes dans la transition écologique.

Le

« Il n’y a pas de projet de nationalisation des autoroutes dans les cartons », indique Jean-Baptiste Djebbari
2min

Politique

Dermatose des bovins : « Nous ne laisserons aucun éleveur seul », promet Annie Genevard

Alors que le Sénat examine les crédits de la mission agriculture du budget 2026, la ministre, Annie Genevard a assuré que l’Etat serait aux côtés des éleveurs de bovins touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et a réaffirmé la politique d’abattage de toutes les bêtes des foyers affectés et d’une vaccination élargie.

Le