« Il ne faut pas brader les Chantiers navals de l’Atlantique » alerte Sophie Primas

« Il ne faut pas brader les Chantiers navals de l’Atlantique » alerte Sophie Primas

Alors que l’accord de cession des Chantiers navals de l’Atlantique par Fincantieri arrive à échéance samedi, la commission des Affaires économiques du Sénat présente son rapport qui plaide pour que le gouvernement trouve une solution pour « sauver ce fleuron de l’industrie française ».
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« Nous sommes assez préoccupés, de façon transpolitique, par les rachats tonitruants, très médiatiques et très nombreux d’une partie de notre fleuron industriel ». Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue ce mercredi, la présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat, Sophie Primas, a fait part de son inquiétude quant à la situation des Chantiers navals de l’Atlantique et a présenté le rapport de la commission sur le sujet. Signé en 2018, l’accord de cession entre les Chantiers et Fincantieri, déjà reconduit trois fois, arrive à échéance le 31 octobre, l’occasion pour la sénatrice « de saisir ce moment comme un créneau de réaction ». Si les Chantiers de l’Atlantique ont connu des soubresauts, à cause de nombreux rachats depuis 2006, la commission des Affaires économiques porte toute son attention sur le dossier depuis janvier 2020, en raison du poids que représentent les Chantiers pour l’économie et l’industrie françaises.

« Les Chantiers de l’Atlantique représentent un des derniers atouts industriels de la France, emblématique de ce qu’est sa puissance industrielle », rappelle Sophie Primas. « Ils sont les dépositaires d’un savoir-faire unique en France et très rare dans le monde. L’infrastructure est non seulement indispensable de point de vue de la défense nationale, mais elle représente aussi un moteur économique engageant plus de 500 entreprises du Grand-Ouest et représentant 9000 emplois sur ce secteur, avec 60% des achats réalisés en France. » Accorder le rachat des Chantiers navals de l’Atlantique, pour la somme estimée de 70 millions d’euros serait un non-sens, loin des enjeux économiques et militaires, estime la commission des Affaires économiques.

« Nous espérons peser dans la balance »

Plusieurs points suscitent l’inquiétude des sénateurs. D’abord, la stratégie d’expansion lancée par Fincantieri entraînerait, selon eux, un risque de transfert de production vers des sites italiens. Par ailleurs, la proximité du groupe et son partenariat avec le CSSC chinois, qui souhaite devenir le leader mondial de la construction de paquebot, est jugé par Sophie Primas comme un « sujet de transfert de technologie qui nous semble dangereux ». « Les Français ont pris conscience de l’enjeu que représentent ces Chantiers navals, il serait curieux que nous bradions cet actif industriel important », plaide la commission économique.

Et pour éviter qu’une telle hypothèse se réalise, les sénateurs ont formulé plusieurs propositions à l’attention du gouvernement. D’abord, une implication plus importante de « l’écosystème économique local », en développant ce que les parlementaires nomment un « capitalisme territorial », qui comprendrait la participation des entreprises et collectivités locales au projet. Ensuite, la commission des Affaires économiques n’exclut pas la possibilité de faire entrer un partenaire privé dans le capital des Chantiers, mais recommande que ce dernier présente « un véritable projet industriel avec une gestion des risques commerciaux équilibrée  et un potentiel développement futur », en bref, un « engagement sur du long terme ». « Nous sommes suspendus à la décision du gouvernement de reconduire ou non l’accord de cession », admet Sophie Primas. « Mais nous espérons pouvoir peser dans la balance, et nous avons l’espoir que le gouvernement entendra notre analyse et travaillera à une nouvelle solution pour un meilleur avenir pour les Chantiers navals de l’Atlantique. »

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