Impôts : vers un ras-le-bol fiscal des Français de l’étranger
Votées dans une relative discrétion l’année dernière, des amendements au projet de loi de Finances, pourraient faire exploser le taux d’imposition des Français établis hors de France. Les sénateurs représentant les Français de l’étranger croulent sous les mails de contribuables inquiets.

Impôts : vers un ras-le-bol fiscal des Français de l’étranger

Votées dans une relative discrétion l’année dernière, des amendements au projet de loi de Finances, pourraient faire exploser le taux d’imposition des Français établis hors de France. Les sénateurs représentant les Français de l’étranger croulent sous les mails de contribuables inquiets.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Voilà bien un ras-le-bol fiscal que le gouvernement n’avait pas vu venir. Votée en fin d’année dernière, dans le cadre du projet de loi de Finances (PLF), l’alignement de la fiscalité des Français non-résidents sur le territoire national sur celle les résidents, provoque bon nombre d’inquiétudes dont les parlementaires des Français de l’étranger se font l’écho.

« Les non-résidents seront sacrifiés sur l’autel de la convergence des systèmes »

La vice-présidente socialiste du Sénat, Hélène Conway-Mouret nous a fait parvenir un exemple de mail assez illustratif de l’état d’esprit des contribuables établis hors de France. « À la place (d’une) grille spécifique, il est prévu de nous attribuer un taux minimum d’imposition, préjudiciable dans tous les cas par rapport au précédent système (une augmentation jusqu’à 4 fois de notre imposition). Ce taux minimum consiste en une taxation à 30% de l’ensemble de nos revenus (…) Si vous n’agissez pas, les non-résidents seront sacrifiés sur l’autel de la convergence des systèmes » peut-on lire.

De quoi s’agit-il ?

Sans rentrer dans les détails de cette réforme extrêmement technique et dont l’application est prévue au 1er janvier 2020, on retiendra que jusqu’à présent les non-résidents bénéficiaient d’une retenue à la source de 0% pour les revenus annuels allant jusqu’à 14 839, de 12% pour les revenus compris entre 14 839 et 43 047, et de 20% pour les revenus supérieurs à 43 047. L’année prochaine, un nouveau système est censé entrer en vigueur entraînant une taxation des revenus de 20% dès le premier euro gagné et de 30% pour ceux qui dépassent le plafond de 27 520 euros annuels. Certains foyers pourraient alors voir leurs impôts multipliés par deux ou par trois comme l’explique le journal Les Échos.

Les plus touchés par la réforme seraient les retraités et les travailleurs frontaliers. Sur Twitter, Denis Vinckier, conseiller régional des Hauts-de-France, évoque « les conséquences dramatiques pour 30 000 non-résidents et fonctionnaires Français qui travaillent en France ».

« Le sujet est pris très aux sérieux par Bercy »

« Pour être honnête, lors de l’examen du dernier PLF, on ne l’a pas vu passer » reconnaît Richard Yung sénateur LREM des Français établis hors de France. À l’instar d’Hélène Conway-Mouret, lui aussi a reçu de nombreux mails de non-résidents. « J’ai demandé à Gérald Darmanin (ministre de l’action et des comptes publics) de faire une étude d’impact. Le sujet est pris très aux sérieux par Bercy » assure-t-il.

Dans un communiqué publié ce mercredi, la députée LREM, Anne Genetet à l’origine des amendements au PLF qui modifient la fiscalité des non-résidents, se justifie et rappelle qu’elle avait défendu « en vain des amendements pour maintenir à 20% (au lieu de 30%) le taux de l’impôt sur les revenus de source française des non-résidents ».

« On les avait alertés sur le fait qu’aligner tout le monde sur le même régime fiscal, sans tenir compte des spécificités des non-résidents, allait aboutir à ce type d’injustice. À l’époque, on nous a dit que tout était prévu. Mais s’il existe des conventions fiscales internationales pour les personnes résidentes à l’étranger, ce n’est pas pour rien » s’agace Christophe Frassa, sénateur LR des Français établis hors de France.

Par des mails adressés aux sénateurs des Français établis hors de France, de nombreux résidents souhaitent obtenir un moratoire d’au moins un an et une étude d’impact sur ce nouveau système. Des amendements pourraient également apporter un correctif lors de l’examen de la prochaine loi de Finances.

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Buste de Marianne
2min

Politique

Sondage : 76% des Français s’intéressent aux prochaines municipales

Comme lors des précédentes élections municipales, le thème de la « sécurité et de la lutte contre la délinquance » se dégage largement comme prioritaire pour 50% des Français interrogés, en particulier chez les sympathisants de droite et d’extrême droite, dans un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. La santé et le niveau des impôts locaux suivent, avec 35% de citations chacun.

Le

107th anniversary of the 1918 Armistice
3min

Politique

Sondage : Sébastien Lecornu reste beaucoup moins impopulaire qu’Emmanuel Macron

L'impopularité du Premier ministre est bien moindre que celle du chef de l’Etat : Sébastien Lecornu bénéficie de 35% d’opinions favorables contre 21% pour Emmanuel Macron, selon le dernier baromètre Odoxa de décembre 2025. Cet écart s'est même creusé, puisque le locataire de Matignon a progressé de 5 points depuis octobre tandis que le président stagne.

Le

3min

Politique

Municipales : le front « anti-LFI » désormais plus fort que le front « anti-RN »

59% des Français sont disposés à se reporter sur un candidat qui ne bénéficie pas de leurs faveurs politiques afin d'empêcher LFI de l’emporter aux prochaines municipales. Ce chiffre dépasse de loin les 44% qui se disent prêts à faire de même contre le RN, selon un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. C’est au sein de la droite et du centre que le sentiment anti-LFI s’exprime avec le plus de force.

Le

Impôts : vers un ras-le-bol fiscal des Français de l’étranger
4min

Politique

Budget : « Nous avons tout à fait matière à trouver le compromis », estime la ministre de l’Action et des Comptes publics

Adopté sans surprise par les sénateurs, le projet de loi de finances éveille malgré tout des crispations au sein de la Chambre haute, le chiffre du déficit avoisinant désormais les 5,3% du PIB, loin de la volonté de la majorité sénatoriale de le contenir à 4,7%. La pression s’accroit et se déporte désormais sur la commission mixte paritaire qui se tiendra les 19 et 20 décembre.

Le