Incident aux QAG : Philippe Dallier reste «sans voix» après la réponse de Christophe Castaner

Incident aux QAG : Philippe Dallier reste «sans voix» après la réponse de Christophe Castaner

Le sénateur LR de Seine-Saint-Denis revient sur la séance tendue de questions d'actualité au gouvernement, qui a opposé le nouveau ministre de l’Intérieur au Sénat. Il considère que Christophe Castaner, avec sa réponse sur la rixe mortelle en Seine-Saint-Denis, a cédé à une forme de «petite politique».
Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

On le sent encore atteint par l’échange qui l’a opposé à Christophe Castaner, mardi après-midi, lors des questions d’actualité au gouvernement. Au lendemain de cette séance agitée, le sénateur (LR) Philippe Dallier exprime encore ce matin un sentiment d’incompréhension après les réponses du nouveau ministre de l’Intérieur, qui ont provoqué le départ du groupe Les Républicains de l’hémicycle.

Tout était parti d’une intervention de l’élu de Seine-Saint-Denis, après la mort d’un enfant de 13 ans ce week-end dans la commune des Lilas, après une rixe d’une grande violence. Avec une interrogation simple : le Premier ministre a-t-il « entendu » les parlementaires de ce département il y a trois semaines lorsqu’ils l’alertaient sur la détresse de ce territoire ?

« Je me suis posé la question. J’ai regardé les images à nouveau […] Je n’ai pas compris. Personne n’a compris dans l’hémicycle », réagit auprès de Public Sénat Philippe Dallier.

« J’espérais obtenir une réponse du Premier ministre, et c’est le ministre nouvellement nommé qui me répond à côté de la plaque. Je considère que ni le sujet traité – la mort de ce jeune, quelles que soient les conditions, les causes, de son décès – ni le ton de ma question, ni les mots que j’ai choisis, ne justifiaient une telle réponse du ministre. »

Philippe Dallier interrogé par PublicSenat.fr

Incident avec Christophe Castaner : « Je n’ai pas mis en cause le gouvernement ! » se défend Philippe Dallier
03:29
« Je n’ai pas mis en cause le gouvernement ! » se défend Philippe Dallier

Les premiers mots du successeur de Gérard Collomb au sénateur Dallier avaient vite brusqué les sénateurs sur les bancs de droite. « Partir des faits, c’est peut-être la meilleure façon d’agir plutôt que de se complaire dans la parole politique », avait expliqué Christophe Castaner. « Partir des faits c’est notamment ne pas affirmer que cet enfant n’a pas été roué de coups de barres de fer et c’est attendre le résultat des enquêtes. »

« Une rebuffade du patron de la République en marche »

Ce matin, les conclusions de l'autopsie ont révélé que le décès de l’adolescent est la conséquence d’un « œdème pulmonaire » après un malaise, qui n’était pas directement lié à l’altercation. Le parquet a également précisé que le jeune homme avait déjà « connu des alertes d’ordre cardiaque ».

« Les causes du décès, est-ce que c’était le sujet ? La question, c’est la compréhension par le ministère de l’Intérieur de ce qui se passe dans les banlieues et de la dégradation de la situation que l’on connaît depuis des années », considère Philippe Dallier. « J’espérais que le Premier ministre allait nous dit on va s’y mettre. Au lieu de cela, je me prends une rebuffade du patron de la République en marche plutôt que du ministre de l’Intérieur. J’en reste sans voix. »

Quand le ministre déclare, en réponse à un autre sénateur que le « sujet qui mérite plus que de la politique politicienne », Philippe Dallier et ses collègues quittent aussitôt l’hémicycle en signe de protestation (relire notre article).

De la « petite politique »

Le sénateur de Seine-Saint-Denis estime que Christophe Castaner a « vraiment fait de la petite politique ». « J’attendais de la hauteur de vue sur le sujet. Celle de M. Castaner m’a donné le vertige », souffle Philippe Dallier, qui a également été applaudi pendant sa réplique sur les bancs du centre et de la gauche.

« Sidéré » par ce qu’il a entendu la veille, Philippe Dallier a reçu le soutien de tout son groupe, notamment du président Bruno Retailleau qui a dénoncé une forme de « désinvolture » de la part de Christophe Castaner. Le sénateur de Seine-Saint-Denis n’a pas assisté au retour du ministre dans la salle des Conférences, espace qui jouxte l’hémicycle, sous les huées d’élus de la droite et sous les cris de « Collomb, Collomb ».

De l’avis des membres du groupe, ce coup d’éclat en séance est « rare ». La sénatrice LR du Nord, Brigitte Lherbier, fustige pour sa part la « posture un peu arrogante » de Christophe Castaner. « Ce mépris qu’il a eu c’était blessant, et c’est extrêmement rare qu’on sorte de l’hémicycle au Sénat. Pour en arriver là c’est que vraiment il y a eu un sentiment d’humiliation. »

Brigitte Lherbier (LR) fustige la « posture un peu arrogante » de Christophe Castaner
01:30
Brigitte Lherbier (LR) fustige la « posture un peu arrogante » de Christophe Castaner (images : Stéphane Hamalian)

François Patriat évoque une « forme de cynisme » dans la question de Philippe Dallier

Vu du groupe La République en marche, les mots de Christophe Castaner étaient justifiés. Leur président parle même d’une forme de « cynisme » de la part de Philippe Dallier. « On a assisté, non pas à un coup monté, mais à une opération fortuite, d’une convergence qu’on voit bien au Sénat. Des partis totalement opposés, qui aspirent à reprendre une place qu’ils ont perdue, et un seul but : tenter de faire échec à la politique du gouvernement », estime le sénateur François Patriat. « La façon de poser les questions, sans doute avec talent, mais néanmoins sur un ton très politicien et avec une forme de cynisme, amenait une réponse qui était juste du ministre de l’Intérieur. »

François Patriat (LREM) évoque une « forme de cynisme » dans la question de Philippe Dallier (LR)
01:15
François Patriat évoque une « forme de cynisme » dans la question de Philippe Dallier (images : Stéphane Hamalian)

Les relations entre le nouveau ministre et la majorité au Sénat commencent mal, elles qui n’étaient déjà pas au beau fixe quand Christophe Castaner était ministre chargé des Relations avec le Parlement, autrement dit, chargé de fixer l’agenda des débats et de la présentation des projets de loi. « J’espère que les maladresses de M. Castaner resteront un épiphénomène », commente Philippe Dallier, pour la suite. « On va fermer cette parenthèse. Moi je ne souhaite qu’une chose, c’est que le gouvernement de la République regarde la situation telle qu’elle est, et en tire les conséquences qu’il faut en tirer. »

Dans la même thématique

Paris: Macron gestures during an interview on the french TV France 2
8min

Politique

Guerre en Ukraine, situation à Gaza : ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron

C’était une interview très attendue, quelques jours après les propos polémiques d’Emmanuel Macron, qui avait affirmé « ne rien exclure » quant à l’envoi de troupes sur le sol ukrainien. Interrogé par Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau, le président de la République a reconnu une situation « difficile » et appelé à nouveau ses homologues européens à « ne pas être lâches », affirmant que « « nous serons prêts à prendre les décisions qui s’imposent pour que la Russie ne gagne jamais ».

Le