« Inflation législative » : choqué par le discours d’Emmanuel Macron, Bruno Retailleau interpelle Jean Castex

« Inflation législative » : choqué par le discours d’Emmanuel Macron, Bruno Retailleau interpelle Jean Castex

Le nouvel appel d’Emmanuel Macron à réformer le droit d’amendement a hérissé les parlementaires de l’opposition. Le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau a demandé au Premier ministre de s’expliquer aux questions d’actualité au gouvernement. Jean Castex lui a reproché d’avoir fait une lecture « erronée » des propos du chef de l’État.
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« Lundi, à Poitiers, les foudres de Jupiter se sont abattues sur les parlementaires. » Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, a été froissé dans sa chair de parlementaire par le discours d’Emmanuel Macron en ouverture des États généraux de la justice. Le chef de l’État a incriminé « l’inflation législative », et derrière le droit d’amendement, qui a contribué à « l’illisibilité de notre droit ». Le sénateur de la Vendée y a perçu une critique directement adressée au pouvoir législatif. Elle a été ressentie comme telle par d’autres sénateurs. « Franchement, Monsieur le Premier ministre, il fallait oser. » Bruno Retailleau a rappelé que le droit d’amendement était un droit garanti par la Constitution mais aussi « très encadré ».

« Multiplication des ordonnances », à un niveau « sans précédent » depuis 1958, ou encore « multiplication des amendements de dernière minute » : le chef de la droite sénatoriale a fait savoir que le gouvernement était loin d’être exempt de tout reproche dans ce domaine. « La déclaration de Poitiers, était-ce de l’humour ou était-ce une diversion pour faire porter le chapeau au pouvoir législatif, en prenant à témoin l’autorité judiciaire ? »

« Il a cédé à une conception très autocentrée de la Ve République »

Le Premier ministre, qui était ce lundi en visite au Vatican, n’a pas été surpris outre mesure. « Je commence à avoir quelques heures de vol », a-t-il souri. « Je reconnais là votre talent pour faire dire au président de la République ce qu’il n’a pas dit et d’en tirer des enseignements politiques erronés. » Il s’en est fallu de peu pour que Jean Castex se contente de relire l’extrait du discours présidentiel et aille se « rasseoir ». « Nous tous collectivement contribué à une inflation législative », a cité le chef du gouvernement. « Je n’ignore pas que la loi est votée par le Parlement et que le gouvernement contribue à son édification, y compris au droit d’amendement. » Jean Castex a ajouté que le droit d’amendement était un « droit légitime » du Parlement, toujours en citant le discours d’Emmanuel Macron.

Pas de quoi convaincre Bruno Retailleau. De retour au micro pour une réplique, le sénateur a conclu son intervention en affirmant que l’appel du chef de l’Etat à réformer le droit d’amendement était symptomatique de son rapport au pouvoir. « Pour le président de la République, ce n’est pas tellement l’exercice du droit d’amendement que le Parlement lui-même. Je pense que malheureusement il a cédé à une conception très autocentrée de la Ve République, selon laquelle pour que le président de la République soit grand, le Parlement devrait être petit. »

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