Infographie : le rattachement politique des sénateurs pour 2019
Public Sénat s’est penché sur les déclarations de rattachement des sénateurs aux partis politiques. Une quinzaine de mouvements sont à signaler.

Infographie : le rattachement politique des sénateurs pour 2019

Public Sénat s’est penché sur les déclarations de rattachement des sénateurs aux partis politiques. Une quinzaine de mouvements sont à signaler.
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Comme chaque mois de novembre, les parlementaires ont transmis leur déclaration de rattachement politique pour l’année civile suivante. Celles-ci ont été rendues publiques sur le Journal officiel du 19 décembre.

C’est sur la base de cette procédure que dépend une partie du financement des partis politiques en France. Le montant des subventions qui leur sont accordées chaque année dépend en effet de deux paramètres. Une partie est déterminée par les résultats obtenus par la formation politique aux dernières élections législatives : ses candidats doivent avoir au moins recueilli 1% des suffrages dans 50 circonscriptions. La deuxième partie dépend de sa représentation au Parlement : chaque parti reçoit un peu moins de 40.000 euros par an pour chaque parlementaire rattaché.

Pour l’année 2019, le détail des rattachements politiques au Sénat montre moins de bouleversements que pour 2018 (revoir nos infographies pour 2018), première année qui a suivi la recomposition politique et le renouvellement partiel du Sénat de 2017.

Un an après, les rapports de force entre les différentes formations représentées au palais du Luxembourg n’ont pas beaucoup évolué, mais néanmoins certains changements sont à signaler.

Selon nos calculs, 14 sénateurs ont modifié cette année leur parti de rattachement. Précisons qu’un rattachement politique n’est pas synonyme d’adhésion. Les parlementaires ne peuvent se rattacher qu’à des partis qui ont présenté des candidats aux dernières législatives. C’est la raison pour laquelle, même si le Sénat compte des élus membres d’ « Agir, la droite constructive » (présidé par Franck Riester), de Génération.s (le mouvement de Benoît Hamon) ou après encore d’APRÉS (Appel de l’alternative pour un programme républicain, écologiste et socialiste), cofondé par Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, aucun de ces mouvements n’apparaît dans les rattachements pour 2019.

Le groupe Les Républicains

Au groupe LR, pas de changements notables. Comme l’an dernier, 138 sénateurs sont rattachés au parti éponyme. Mais pas seulement. Deux élus dépendent de l’Union des Démocrates, Radicaux et Libéraux (UDRL), la structure financière de l’UDI créée en avril 2017 : Fabienne Keller (Agir) et le radical Alain Chatillon. Comme l’an dernier, les deux élus de Paris, Philippe Dominati et son ancienne colistière Céline Boulay-Espéronnier, sont rattachés au MoDem. Tous sont rattachés au groupe.

Corinne Imbert, sénatrice de la Charente-Maritime, elle aussi rattaché au groupe, a choisi pour 2019 de ne plus se rattacher au parti Les Républicains.

Le groupe socialiste et républicain

Par rapport à 2018, l’effectif du groupe socialiste et républicain est passé de 78 à 74, après plusieurs départs vers d’autres groupes, ou le gouvernement (dans le cas de Didier Guillaume).

En dehors de ces mouvements, une nouveauté : la situation de Sophie Taillé-Polian, qui a décidé début octobre de quitter le Parti socialiste pour rejoindre Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon (relire notre article). Comme il était impossible d’en tirer les conséquences pour la déclaration 2019 (le mouvement a été lancé après les législatives), la sénatrice du Val-de-Marne a choisi de se rattacher financièrement au Parti communiste français. C’est également la décision prise par Régis Juanico, l’unique député de Génération.s. Comme le révèlent nos confrères de Chez Pol, la newsletter politique de Libération, un accord a été noué avec le PCF pour rediriger la subvention politique vers le mouvement de Benoît Hamon, moyennant « une petite commission ».

À noter que Gilbert-Luc Devinaz, redevenu sénateur après le départ de Gérard Collomb (imposé par le non-cumum des mandats), ne figure pas dans la liste des rattachements 2019, vu la date tardive de son retour, le 6 décembre 2018.

Le groupe Union centriste

Un mouvement a eu lieu dans le troisième groupe du Sénat. C’est également le MoDem qu’a choisi pour 2019 Michel Canevet (Finistère), l’un des deux sénateurs du groupe Union qui étaient rattachés pour 2018 à la République en marche.

Le groupe La République en marche

En l’espace d’un an, le groupe représentant le mouvement présidentiel à la Haute assemblée a progressé. De 21 membres en 2017, il est passé à 23 membres, avec les renforts de Françoise Cartron et Bernard Buis, le successeur de Didier Guillaume arrivé le 17 novembre 2018.

Pour 2018, deux sénateurs n’étaient pas rattachés financièrement à La République en marche. En 2019, il n’y en aura plus qu’un seul : le sénateur de Guyane Antoine Karam passe du Parti progressiste martiniquais à LREM.

Le groupe RDSE

Groupe le plus hétéroclite du Sénat, le groupe RDSE (Rassemblement démocratique et social européen) comptera en 2019 encore six nuances politiques différentes (radicaux de gauche et de droite, écologistes, LREM, parti communiste et Archipel demain, parti politique de Saint-Pierre-et-Miquelon).

Comme une conséquence du rapprochement entre les deux partis formant la famille des radicaux (Parti radical de gauche et Parti radical valoisien), 4 sénateurs sont passés du PRG comme parti de rattachement en 2018, pour la structure financière de l’UDI (qui comprend les radicaux valoisiens) : Guillaume Arnell, Joseph Castelli, François Laborde et Jean-Claude Requier, le président du groupe RDSE.

Six sénateurs dans le groupe restent rattachés au PRG : Maryse Carrère, Éric Gold, Jean-Noël Guérini, Mireille Jouve, Raymon Vall et Jean-Yves Roux (membre auparavant du groupe PS et rattaché au PS).

Yvon Collin, ancien président du groupe, quitte LREM comme parti de rattachement (il avait parrainé Emmanuel Macron en 2017) pour le PRG.

Le groupe CRCE (communiste, républicain, citoyen et écologiste)

Dans le groupe CRCE (communiste, républicain, citoyen et écologiste), on relève une nouveauté : l’arrivée de la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann. Ancienne socialiste, elle a choisi de quitter le parti et le groupe en octobre 2018 (relire notre article) pour cofonder avec l’eurodéputé Emmanuel Maurel APRÉS (Appel de l’alternative pour un programme républicain, écologiste et socialiste). Ce nouveau mouvement, créé bien après les législatives, ne pouvait pas servir de rattachement financier. Comme son camarade Pierre-Yves Collombat avant elle, la sénatrice de Paris s’est donc tournée vers la France insoumise, avec laquelle elle verrait bien nouer une alliance pour les européennes de 2019.

Les Indépendants – République et territoire

Chez les Indépendants, Joël Guerriau, sénateur de Loire-Atlantique, n’est plus rattaché à l’UDI mais au MoDem.

Réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe

Dans ce qu’on appelle les « non-inscrits », la sénatrice Claudine Kauffmann, en froid avec son ancien parti le Front national, s’est rattaché cette année à un parti (elle n’en avait aucun pour 2018) : Debout la France. Le mouvement de Nicolas Dupont-Aignan compte désormais trois sénateurs au sein du Sénat.

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