L’État doit investir pour rénover le réseau ferroviaire, selon Luc Lallemand

L’État doit investir pour rénover le réseau ferroviaire, selon Luc Lallemand

Luc Lallemand, le nouveau PDG de SNCF réseau a fait sa première apparition publique au Sénat, ce mercredi. Auditionné par la commission de l’Aménagement du territoire et du développement durable, il est revenu sur la gestion de la crise du coronavirus par SNCF réseau, il a également évoqué les enjeux qui l’attendent. 
Public Sénat

Par Cécile Sixou

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Luc Lallemand a pris ses fonctions de PDG de SNCF réseau le 1er mars, juste avant la crise du covid-19. Une prise en main un peu mouvementée où il a fallu « garantir la sécurité sanitaire des employés et des clients » mais aussi répondre aux besoins en circulation de trains. Si pendant cette période, le trafic passager s’est restreint au service minimum, le trafic de fret lui, a très peu baissé. « Chaque jour pendant le confinement environ 700 trains ont circulé sur le réseau, soit 70 % des trains de fret d’une journée ordinaire », explique Luc Lallemand. « C’est très peu connu », ajoute le président de l’entreprise mais « nous avons donné une priorité absolue à ce trafic ». Une circulation des trains en effet nécessaire, qui a permis aux entreprises un approvisionnement en carburants, produits alimentaires, matériels militaires mais aussi aux produits liés à l’industrie chimique et pharmaceutique pendant le confinement. Et si il y a eu une baisse du trafic, ajoute Luc Lallemand, « ce n’est pas parce qu’il y avait des difficultés pour satisfaire la demande mais bien parce qu’il y a eu une baisse de la demande ». 

85 % des chantiers ont repris

Luc Lallemand (SNCF) estime que 85 % des travaux de modernisation ont redémarré
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Au début de la crise, le nouveau patron de SNCF réseau a dû faire face à une autre difficulté : l’arrêt du jour au lendemain des travaux sur les réseaux. Cette suspension des chantiers est due « dans la majorité des cas à l’interruption du travail dans le secteur des travaux publics », selon Luc Lallemand. Mais La concertation entre l’État et le secteur du BTP dès le début du confinement pour garantir la sécurité sanitaire des salariés et la mise en place d’un guide, a permis « une reprise progressive de nos chantiers dès le début du mois d’avril ». Aujourd’hui, le président de SNCF réseau estime que 85 % des travaux ont redémarré et tous auront repris fin juin au plus tard. Quant aux travaux qui devaient débuter pendant la crise « nous faisons tout notre possible pour reprogrammer les travaux qui ont dû être déprogrammés pendant ces deux mois ». Le problème aujourd’hui, selon Luc Lallemand, c’est celui de la disponibilité des voies. « Quand nous faisons des travaux nous devons les anticiper très longtemps à l’avance pour ne pas déranger le trafic », explique Luc Lallemand. 

Investir pour empêcher la dégradation du réseau 


Après 11 semaines, Luc Lallemand pense désormais aux enjeux d’avenir pour l’entreprise, dont l’un des principaux est l’entretien du réseau. Et il le dit clairement, il n’y a pas assez d’argent pour maintenir en bon état les 33 900 km de voies ferrées françaises. Si les voies sont bien entretenues, les câbles qui alimentent les trains et la signalisation se dégradent. 

« Les enveloppes budgétaires actuelles ne permettent pas de stabiliser la situation de ces deux postes », estime Luc Lallemand . En d’autres termes, pour éviter leur détérioration il faut augmenter les budgets. C’est l’une des négociations qu’il devra mener avec l’État lors dans le cadre du futur contrat performance. « Ça va être difficile d’expliquer qu’un investissement supplémentaire n’est pas là pour faire mieux mais pour empêcher la dégradation ». Luc Lallemand estime à 600 à 700 millions d’euros le budget supplémentaire nécessaire pour y arriver. « Tout va dépendre de l’arbitrage final ».
 

L’avenir des petites lignes 

Petites lignes : Luc Lallemand (SNCF) espère de l'Etat "un plan d'investissement"
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Le nouveau PDG devra aussi décider de l’avenir des petites lignes, peu utilisées et chères à entretenir. « C’est un sujet difficile, notre rêve et notre ambition c’est que l’ensemble des lignes puissent être opérables mais si l’on veut maintenir toutes les lignes du pays, il faudra immanquablement se poser la question du financement ». D’autant qu’il va devoir composer avec deux nouvelles contraintes budgétaires. La suppression du glyphosate qui permet l’entretien des voies et dont la disparition pourrait coûter 100 millions d’euros par an à l’entreprise. Mais aussi le coût de la transition vers un nouveau régime de retraite des agents. Mais rien n’est encore joué pour la fermeture de ces lignes, estime Luc Lallemand, car le ministre des transports Jean-Baptiste Djebbari, discute actuellement avec les régions sur ces questions. « La loi d’orientation des mobilités peut nous permettre de repenser notre relation avec les régions sur ce sujet », selon Luc Lallemand. 

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