« Le pass sanitaire est souhaité par les organisateurs d’événements sportifs », insiste Roxana Maracineanu

« Le pass sanitaire est souhaité par les organisateurs d’événements sportifs », insiste Roxana Maracineanu

Alors que les députés viennent de rejeter l’instauration d’un pass sanitaire, Jean-Michel Blanquer et Roxana Maracineanu étaient auditionnés sur les mesures de déconfinement au Sénat. La ministre déléguée chargée des Sports estime le pass sanitaire « essentiel » dans la stratégie de réouverture et espère trouver une « voie positive au Sénat ».
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

7 min

Publié le

Pressés d’y voir plus clair sur les modalités de déconfinement élaborées par le gouvernement, les sénateurs étaient nombreux à interroger ce mardi soir Jean-Michel Blanquer et Roxana Maracineanu. Auditionnés par la mission d’information commune du Sénat, le ministre de l’Education et sa ministre déléguée chargée des Sports ont tenté d’éclairer les élus de la chambre Haute sur le maquis d’annonces de Jean Castex, touffu au premier coup d’œil. Président de la commission de la Culture du Sénat, le centriste Laurent Lafon fixe d’emblée trois souhaits : entendre les ministres sur un premier bilan de la réouverture des établissements scolaires, les modalités d’organisations des examens, et le calendrier de reprise des compétitions sportives amateurs.

« Les professeurs sont moins contaminés que le reste de la population »

Sans surprise, Jean-Michel Blanquer ne manque pas de se féliciter quant à la politique du gouvernement de maintenir les établissements scolaires ouverts le plus longtemps possible, « une spécificité française », fait-il valoir. Même en vacances prolongées, faute à la troisième vague du virus, les écoles ne sont pas vraiment restées fermées. Elles ont accueilli les enfants des personnels prioritaires, soit près de 100 000 bambins par semaine, rappelle le ministre qui embraye sur le protocole de tests massifs à l’école. « Nous avons voulu être les plus prudents possibles », insiste-t-il se fixant un objectif de 600 000 tests salivaires par semaine à la fin du mois de mai dans les établissements scolaires. Quid des problèmes de connexion aux plateformes pédagogiques, devenus récurrents à chaque reprise ? « Des problèmes de tuyaux » vite réglés, répète Jean-Michel Blanquer. Dans l’ensemble, la reprise à l’école le 26 avril « s’est bien déroulée » estime le ministre. Les centres de vaccination spécifiques mis en place ont quant à eux permis de vacciner « 20 000 professeurs ». « Les professeurs sont moins contaminés que le reste de la population. Ce qui montre au passage que le milieu scolaire n’est pas un milieu de contamination spécifique », poursuit-il.

Quant à la tenue des examens, qui a suscité beaucoup d’inquiétudes et d’interrogations chez les étudiants, Jean-Michel Blanquer martèle avoir « été guidé par la recherche au maximum de l’intérêt de l’élève ». « Je pense que c’est l’intérêt des élèves du baccalauréat d’avoir un contrôle terminal pour préparer la suite : mais il y a des adaptations comme le choix en philosophie de la note de contrôle continu ou de contrôle terminal », souligne-t-il. Il ajoute : « Tout élève aura le choix entre 6 sujets, nous avons doublé le nombre de sujets. »

« Les perspectives sont encourageantes »

Sa collègue des Sports veut quant à elle transmettre son enthousiasme : si le sport a été « touché en plein cœur », on peut « enfin regarder devant nous avec confiance » assure Roxana Maracineanu. Et de détailler le calendrier de reprise des activités sportives. Les mineurs pourront bien reprendre le chemin des gymnases et des piscines le 19 mai (les scolaires ont déjà repris la natation), pour les sports sans contacts dans une jauge de 50 % de la capacité de l’établissement. Les salles de sport, qui vont rouvrir le 9 juin, après des mois de fermeture, seront elles aussi concernées par cette jauge de 50 %. Pour les sports de contact, de type judo, il faudra attendre le 30 juin, ce qui correspond à la fin de saison en réalité pour les clubs et associations. S’agissant des jauges de spectateurs, la jauge est de 35 % jusqu’au 9 juin et 65 % jusqu’au 30 juin, mais dans un plafond de 1000 et 5000 pour les enceintes sportives extérieures comme les stades. Jusqu’au 19 mai, la limite est de 800 personnes en intérieur, pour assister à un match de basket par exemple, et passe à 5000 le 9 juin. Au 30 juin, il est prévu le retour à la normale pour l’intérieur et l’extérieur en termes de public. « Le 30 juin, nous visons la fin des limites de jauges. Nous avons donc souhaité une réouverture progressive, prudente. Mais les perspectives sont encourageantes », se réjouit-elle.

« 2200 professeurs remplaçants recrutés pour le second degré »

Première salve de questions venues des deux rapporteurs, le LR Jacques Grosperrin et du socialiste Jean-Jacques Lozach. Le premier s’inquiète de la solitude des étudiants, s’interroge sur la nécessité des autotests mais salue la politique du ministre. Le second revient quant à lui sur le terrain sportif.

Réponse de Blanquer sur les harcèlements en ligne et la situation étudiante : « C’est un phénomène de société mondial, difficile de prendre à bras-le-corps. On a fait baisser les chiffres du harcèlement scolaire, mais on rencontre des limites sur le cyber-harcelement. Nous devrons probablement passer à un stade plus important de lutte : formations, partenariats avec des associations. L’éducation aux médias est un point qui se développe aussi. » Et sur les autotests ? « Était-ce vraiment utile ? Nous contribuons à la stratégie sanitaire, à rompre les chaînes de contaminations. Une nouvelle culture de résilience se déploie. »

Dernière salve de questions, des professeurs remplaçants au Grenelle de l’Education, en passant par le pass sanitaire et les jauges dans les stades. Le Grenelle de l’Education « arrive à maturité » : « c’est au mois de mai que nous allons donner certaines conclusions avec un objectif de transformation des ressources humaines qui va se concrétiser dans les prochains temps », promet le ministre. Le Grenelle débouche également « sur une vision du rattrapage nécessaire des salaires des professeurs ». « Notre objectif est de montrer que l’on peut avoir une gestion des ressources humaine moderne et personnalisée pour tenir compte de la carrière de chacun », renchérit-il. Sur le volet budgétaire, le projet de loi de finances rectificatives de juillet pourrait inclure des mesures pour l’éducation : « il est fort possible que ça concerne l’Education nationale, pour du renforcement dans la perspective de la rentrée », explique Jean-Michel Blanquer. Le ministre balaie par ailleurs rapidement les critiques sur le manque de professeurs remplaçants, constaté par de nombreux sénateurs : « On a recruté 2200 remplaçants pour le second degré. On a plutôt des difficultés en ressources humaines. Mais on conserve un taux de remplacements qui reste supérieur à 90 %. »

Enfin au sénateur écologiste Thomas Dossus qui l’interroge sur l’opportunité d’un système de fermeture des classes à partir de 3 cas de contamination, contre 1 actuellement, Jean-Michel Blanquer répond attendre une « évolution positive de la crise ».

C’est sa ministre déléguée qui se fait la plus offensive sur le volet sanitaire. Roxana Maracineanu défend bec et ongles l’instauration d’un pass sanitaire. « Le pass sanitaire est souhaité par les organisateurs d’événements sportifs. C’est quelque chose de naturel pour eux, la production d’un test PCR ou d’une preuve de vaccination. On a la chance en France d’avoir des tests et des vaccins gratuits », argue-t-elle. Et termine : « Pour nous, ce pass sanitaire est essentiel et nous espérons que ce projet de loi suivra une voie positive au Sénat ». Sur ce point, l’Assemblée nationale doit rendre une nouvelle délibération dans la soirée.

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le