Le projet de loi du « pardon » aux harkis arrive au Sénat

Le projet de loi du « pardon » aux harkis arrive au Sénat

Adopté par les députés en novembre 2021, le projet de loi de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les harkis arrive en séance publique au Sénat le 25 janvier. Si la commission estime que le texte « constitue une avancée », il ne « parvient pas pleinement à apaiser et à réunir », selon elle.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Traduction législative du discours d’Emmanuel Macron du 20 septembre à l’Elysée devant les représentants de cette communauté, le projet de loi de reconnaissance et de réparation des préjudices subies par les harkis avait été salué par la droite sénatoriale majoritaire au Sénat. Le chef de file du groupe LR, Bruno Retailleau avait toutefois dénoncé « l’arrière-pensée électorale d’Emmanuel Macron à quelques mois de la présidentielle ».

Emmanuel Macron : « Je demande pardon, nous n’oublierons pas

« Aux combattants abandonnés, à leurs familles qui ont subi les camps, la prison, le déni, je demande pardon, nous n’oublierons pas », avait déclaré le chef de l’Etat, promettant « avant la fin de l’année d’un projet de loi visant à inscrire dans le marbre de nos lois la reconnaissance et la réparation à l’égard des harkis ».

Adopté dans un hémicycle quasi vide à l’Assemblée, moins de 50 députés, le texte a provoqué beaucoup de déception chez les descendants de harkis qui jugent « humiliant » le montant des réparations.

De 1962 à 1975, parmi les 82 000 harkis et leurs familles rapatriés en métropole, la moitié furent relégués dans des camps de transit de reclassement, et dans des hameaux de forestage, où ils étaient engagés dans des chantiers d’aménagement de zones forestières. Le projet de loi prévoit réparation de ce préjudice. Est ainsi prévue une somme forfaitaire de 2 000 euros pour un séjour d’une durée inférieure à trois mois, de 3 000 euros pour une durée comprise entre trois mois et un an, puis 1 000 euros supplémentaires pour chaque année de séjour en camp ou en hameau. La somme maximale devrait donc s’élever à 15 000 euros pour un séjour de 1962 à 1975.

» Lire notre article : Emmanuel Macron « demande pardon » aux harkis et annonce une loi de réparation

« Une avancée qui, loin d’être un solde de tout compte »

« La commission a exprimé des réserves sur ce texte qui ne parvient pas pleinement à apaiser et à réunir la communauté harkie. Certains d’entre eux considèrent que les mesures de réparation proposées créent une distinction entre les harkis des villes et les harkis des camps », note le rapport de la sénatrice LR, Marie-Pierre Richer. La commission des Affaires sociales du Sénat soutient néanmoins le projet de loi qui « constitue une avancée qui, loin d’être un « solde de tout compte », poursuit le nécessaire chemin vers la réconciliation nationale et la transmission de la mémoire ».

Parmi les apports du Sénat, 16 amendements ont été adoptés en commission. A l’article 1, la rapporteure propose d’élargir la responsabilité de l’Etat pour les structures de « toute nature qui ont imposé à leurs résidents, des conditions de vie indignes et des atteintes à leur liberté » comme « les prisons reconverties en lieux d’accueil qui ne sont pas encore toutes identifiées ».

L’article 3 créé une commission nationale de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les harkis. Elle aura la charge de statuer sur les demandes de réparation de préjudice et de contribuer au recueil et à la transmission de la mémoire des harkis et de leurs familles. Un amendement de la rapporteure précise que le décret d’application devra déterminer les conditions de son indépendance. Ne jugeant pas opportun de multiplier les organismes dans lesquels les parlementaires peuvent siéger, la commission a aussi supprimé la présence d’un député et d’un sénateur en son sein.

Depuis 20 ans, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron, ont successivement exprimé par des discours la reconnaissance de la Nation envers les harkis.

 

Dans la même thématique

Brussels Special European Council – Emmanuel Macron Press Conference
3min

Politique

Élections européennes : avant son discours de la Sorbonne, l’Élysée se défend de toute entrée en campagne d’Emmanuel Macron

Ce jeudi 25 avril, le président de la République prononcera un discours sur l’Europe à la Sorbonne, sept ans après une première prise de parole. Une façon de relancer la liste de Valérie Hayer, qui décroche dans les sondages ? L’Élysée dément, affirmant que ce discours n’aura « rien à voir avec un meeting politique ».

Le

Le projet de loi du « pardon » aux harkis arrive au Sénat
8min

Politique

IA, simplification des formulaires, France Services : Gabriel Attal annonce sa feuille de route pour « débureaucratiser » les démarches administratives

En déplacement à Sceaux ce mardi dans une maison France Services, quelques minutes seulement après avoir présidé le 8e comité interministériel de la Transformation publique, le Premier ministre a annoncé le déploiement massif de l’intelligence artificielle dans les services publics, ainsi que la simplification des démarches. Objectif ? Que « l’Etat soit à la hauteur des attentes des Français ».

Le

Brussels Special European Council – Renew Europe
10min

Politique

Européennes 2024 : avec son discours de la Sorbonne 2, Emmanuel Macron « entre en campagne », à la rescousse de la liste Hayer

Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».

Le

Jordan Bardella visite Poste-Frontiere de Menton
5min

Politique

Elections européennes : la tentation des seniors pour le vote RN, symbole de « l’épanouissement du processus de normalisation » du parti, selon Pascal Perrineau

Alors que la liste menée par Jordan Bardella (31.5%) devance de plus de 14 points la liste Renaissance, menée par Valérie Hayer (17%), selon le dernier sondage IFOP-Fiducial pour LCI, le Figaro et Sud-Radio, le parti de Marine Le Pen, mise désormais sur l’électorat âgé, traditionnellement très mobilisé pour les élections intermédiaires. Désormais deuxième force politique chez les plus de 65 ans (le RN conquiert 24% de cet électorat, 7 points de moins que Renaissance), la stratégie semble porter ses fruits. Décryptage avec le politologue Pascal Perrineau, professeur émérite à Sciences Po Paris et récent auteur de l’ouvrage Le Goût de la politique : Un observateur passionné de la Ve République, aux éditions Odile Jacob.

Le