Le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures relatives à l’école, la famille et les réseaux sociaux dans le cadre d’un discours où il a demandé un « sursaut d’autorité ». Si le diagnostic sur la violence des jeunes est partagé par les sénateurs de tous bords, ils veulent maintenant savoir comment cela se traduira concrètement.
Le Sénat lance une mission de contrôle sur la situation financière de la SNCF
Par Héléna Berkaoui
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La SNCF accuse une perte de 3 milliards d’euros en 2020 et un chiffre d’affaires en chute de 14 %. Le choc cumulé des grèves contre la réforme des retraites et de la crise sanitaire, a néanmoins été moins fort qu’attendu. « Nous avons su réagir en montant en urgence des plans d’économies et de maîtrise de nos coûts, qui ont eu un impact favorable sur la trésorerie de 2,5 milliards d’euros à fin 2020 », explique le PDG de la SNCF au Monde.
Le groupe a effectivement mis en place un plan d’économies de 2 milliards d’euros, et l’Etat a aussi mis la main à la poche avec plus de 4 milliards d’euros injectés dans le cadre du plan de relance.
« Cette situation était prévisible mais il ne faut pas que l’arbre Covid cache la forêt d’une situation structurelle très préoccupante », prévient le sénateur centriste, Hervé Maurey. L’ancien président de la commission de l’Aménagement du territoire dirigera avec le sénateur LR, Stéphane Sautarel, une mission de contrôle de la situation et des perspectives financières de la SNCF dès mars. Le Sénat a déjà alerté quant aux effets de la crise sanitaire sur le réseau (lire ici).
« La question de la dette est récurrente depuis 25 ans. Aujourd’hui, la question est de savoir si cette situation financière est ou non irrémédiable », explique Hervé Maurey. Au Sénat, le dossier de la SNCF tient une place importante du fait de son rôle pour les territoires. « La SNCF a des missions de service public, le rail est un élément structurant de l’aménagement du territoire au même titre que les routes », rappelle Hervé Maurey dont la préoccupation pour le maintien des petites lignes est connue.
« On ne peut pas néanmoins demander à la SNCF de faire une mission de service public et de se comporter comme une entreprise », poursuit Hervé Maurey qui estime que « la puissance publique doit financer ce qui relève de l’aménagement du territoire ».
Pour sortir de la crise, le PDG de la SNCF a esquissé une stratégie visant à attirer de nouveaux voyageurs. Les prix des billets seront revus à l’été avec une nouvelle grille tarifaire « plus simple et moins chère ». Un plan d’économies de 1 milliard d’euros est également prévu pour l’année 2021 ainsi que la suppression de 2700 suppressions de postes. Sur le papier, Hervé Maurey salue ce plan. Le PDG de la SNCF a également exclu de faire de nouveau appel aux aides publiques, une déclaration jugée cette fois un peu hâtive : « Personne ne peut encore prévoir les impacts de l’ouverture à la concurrence ».
L’ouverture à la concurrence, justement, représente un des grands défis qui attend la SNCF dans une période qui reste particulièrement instable. « On peut espérer que la situation actuelle produise un électrochoc », espère toutefois le sénateur de l’Eure. C’est en tout cas la mission qu’il souhaite accompagner en menant ses travaux sur la situation financière du groupe. « On veut aller très au fond des choses. On a le pouvoir d’aller sur place et de mener une investigation comme aucune autre commission, alors on ne va pas se contenter de bonnes paroles. On veut produire quelque chose qui permette d’y voir clair », annonce-t-il. La mission de contrôle commencera ses travaux le 9 mars prochain avec l’audition du PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou.