Législatives : pour Stéphane Le Foll (PS), un accord avec Mélenchon serait « l’effacement final »

Législatives : pour Stéphane Le Foll (PS), un accord avec Mélenchon serait « l’effacement final »

Invité de notre matinale, Stéphane Le Foll est revenu sur les perspectives d’accord entre le PS et LFI pour les législatives. L’ancien ministre de François Hollande estime que les socialistes ne pourraient gouverner avec Jean-Luc Mélenchon et ne devraient donc pas nouer d’accord électoral avec la France Insoumise.
Louis Mollier-Sabet

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Stéphane Le Foll a été silencieux pendant la campagne d’Anne Hidalgo « pour respecter le vote [des militants] », après avoir plusieurs fois exprimé ses réserves lors du processus de désignation de la candidate et du Congrès de Villeurbanne, notamment. Après la trêve, l’ancien ministre de François Hollande a lancé l’offensive contre la stratégie de son ancien parti politique ce matin, trop proche de la France Insoumise à son goût : « Aujourd’hui il y aurait 3 solutions : on se lepénise, on se mélenchonise, ou on se macronise. Moi je dis, ni l’un, ni l’autre, ni l’autre. » Stéphane Le Foll se montre critique des positions de LFI et de Jean-Luc Mélenchon sur le fond, notamment sur l’Europe, les relations internationales ou, de façon plus inhabituelle pour un élu socialiste, sur la question des retraites : « Il y a à réaffirmer que sur la question de la retraite, ce n’est pas la ligne de Mélenchon qui est la bonne. En termes de coûts on est entre 30 et 60 milliards d’euros. En tant que socialistes, on reste sérieux, on est capable de gouverner. On porte un projet politique de justice, mais on reste en responsabilité. »

« La stratégie du PS a consisté, depuis 5 ans, à jouer l’effacement »

Face à ce que Stéphane Le Foll considère comme une incompatibilité politique, le maire du Mans récuse toute possibilité d’accord électoral : « Est-ce que JLM renoncera à son programme ? Je ne crois pas. Est-ce que, en tant que socialiste en responsabilité, je serais capable de gouverner en appliquant le programme de Jean-Luc Mélenchon ? Non. Alors, on fait semblant pour gagner quelques députés ? La politique est en train de se tuer aujourd’hui. » Stéphane Le Foll préfère envisager un accord « de désistement républicain », où les candidats de gauche qui se maintiendraient éventuellement au 2nd tour se désisteraient pour le candidat de gauche arrivé en tête. Un principe historique à gauche, qui a notamment permis au « bloc des gauches » de gouverner la France dans une période de crise après l’affaire Dreyfus. « Cela doit être un principe majeur. On a confondu ce principe qui fondait l’unité de la gauche, avec l’idée que pour avoir une gauche unie il faudrait que l’on passe des accords dès le 1er tour, c’est une erreur stratégique, politique et historique », ajoute l’ancien ministre de François Hollande.

D’après Stéphane Le Foll, cela serait le signe de la « stratégie d’effacement » porté par le Parti socialiste depuis la fin du quinquennat Hollande : « La stratégie du PS a consisté, depuis 5 ans, à jouer l’effacement. On a choisi M. Glucksmann pour les européennes en considérant que le quinquennat de Hollande était impossible à assumer, et on s’est effacés derrière l’écologie et Place publique. Ensuite Anne Hidalgo s’est d’abord présentée comme écologiste au début de sa campagne. Or sans affirmation de ligne politique, les électeurs se sont tournés vers ceux qui s’affirmaient. C’est un problème plus large qu’Anne Hidalgo, mais elle y a participé et a rajouté des erreurs stratégiques, comme entamer sa campagne sur une mesure catégorielle [sur le salaire des professeurs]. » Ainsi, un accord avec LFI pour les législatives serait « l’effacement final » du PS pour le maire du Mans : « Olivier Faure se trompe : la stratégie de l’effacement a abouti à l’effacement électoral. Maintenant, se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon, c’est l’effacement final, l’effacement politique. »

Rencontre avec Delga, Cazeneuve, Hollande, mais pas Appéré et Rolland

Pour éviter cet « effacement final », Stéphane Le Foll propose à « ceux qui veulent travailler », de se rencontrer le 16 juillet prochain pour « poser les bases […] d’une réflexion. » D’après lui, il n’est pas question de changer le nom du parti, mais surtout « de changer la manière dont on aborde les sujets et de rebâtir un programme. » Le processus de vote se veut différent d’un Congrès du Parti socialiste, mais le but sera bien d’abord « d’analyser les causes de l’échec », puis de définir « les grands enjeux des politiques publiques » pour rassembler une France déchirée. « La sociale démocratie ne disparaît pas à l’échelle européenne parce que l’équilibre dans la démocratie représentative garantit une stabilité porteuse d’espoir », ajoute Stéphane Le Foll à propos de la ligne politique de cette réflexion.

Et c’est bien ça d’après lui qui déterminera qui pourra être de ce rendez-vous du 16 juillet ou pas. Pour reconstruire un parti « mort », Stéphane Le Foll semble tracer une limite à la proximité à la France Insoumise : « Ce parti est mort. On est arrivé à la fin d’un cycle qui a commencé en 2002. En 2012 on n’a pas traité la question entre les frondeurs et le gouvernement, exacerbée par l’attitude de Manuel Valls qui a profité au frondeur en chef : Jean-Luc Mélenchon. Il est temps de poser les bonnes questions pour reconstruire un nouveau cycle. » Ainsi Carole Delga, par exemple, avec laquelle Stéphane Le Foll « a été en désaccord », « a toujours été claire vis-à-vis de LFI et de la ligne politique. » Ce n’est pas « parce qu’il faut être contre les Insoumis » pour le maire du Mans, qui reconnaît à Jean-Luc Mélenchon « une cohérence » et l’affirmation « d’un projet. »

Mais d’après lui, « si on veut gouverner avec Mélenchon », il faut être d’accord avec son programme, or « les maires de l’équipe de France d’Anne Hidalgo sont-ils d’accord avec la suppression des métropoles ? Ils ne répondent à aucune question programmatique. » Ainsi, Nathalie Appéré, la maire de Rennes, ou Johanna Rolland, la maire de Nantes, qui ont annoncé « être d’accord » pour discuter avec LFI, sont invités à reconsidérer leur position pour « reconstruire quelque chose de totalement différent. » Stéphane Le Foll a aussi annoncé vouloir inviter Bernard Cazeneuve et François Hollande.

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