Législatives : que retenir des investitures de la majorité présidentielle ?

Législatives : que retenir des investitures de la majorité présidentielle ?

De nombreux ministres candidats, quelques prises du côté de chez LR ou des conseillers politiques, les investitures de la majorité présidentielle pour les législatives touchent à leur fin. Ses trois principales composantes, avec Renaissance (nouveau nom de LREM), le Modem et Horizons, sont représentées.
François Vignal

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Après avoir réussi à conclure un accord global entre LREM, rebaptisé Renaissance, le Modem et le parti d’Edouard Philippe, Horizons, la majorité présidentielle part unie aux élections législatives sous la bannière d’« Ensemble ! Majorité présidentielle ». La liste des candidats investis, qu’Emmanuel Macron a épluchée lui-même, a été présentée par vagues successives. Ce mardi, ils se réunissent tous au nord de Paris, aux Docks d’Aubervilliers, pour une journée de formation.

Les ministres candidats

Une série de ministres sont candidats pour le scrutin des 12 et 19 juin prochains. Tous ne se retrouveront pas dans le nouveau gouvernement, c’est une certitude. Il s’agit donc aussi d’assurer une porte de sortie, pour services rendus.

Plusieurs vont tenter pour la première fois d’être élus. Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, qui se cherchait un point de chute, se présentera ainsi dans le Loiret. La ministre du Travail, Elisabeth Borne, tentera sa chance dans le Calvados, le ministre des Affaires européennes, Clément Beaune, sera candidat à Paris, et la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, dans le Val de Marne.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sera candidat dans son fief de Tourcoing. Celui de la Santé, Olivier Véran, en Isère. Le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, sera à nouveau candidat en Ardèche. Le ministre chargé des Relations avec le Parlement, le Modem Marc Fesneau, sera candidat dans le Loir-et-Cher. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, est investi dans les Hauts-de-Seine.

Autres membres du gouvernement candidats : Laurent Pietraszewski, dans le Nord, Bérangère Abba, en Haute-Marne, Brigitte Bourguignon, dans le Pas-de-Calais, Franck Riester, en Seine-et-Marne, Geneviève Darrieussecq (Modem), dans les Landes, Joël Giraud, dans les Hautes-Alpes, Olivia Grégoire, à Paris, Brigitte Klinkert, dans le Haut-Rhin, Nadia Hai, dans les Yvelines, et Sarah El Haïry (Modem), en Loire-Atlantique.

Quelques prises chez LR

Ils ne sont pas légion. Mais on compte quelques débauchages venus de LR parmi les candidats de la majorité présidentielle, comme le député LR de l’Oise et ancien ministre, Eric Woerth, qui a déjà rejoint le candidat Macron pendant la campagne.

Depuis ce week-end, la dernière nouvelle prise de guerre importante est celle de Robin Reda, jeune député proche de Valérie Pécresse, qui sera candidat en Essonne. Constance Le Grip, autre sortante LR et ancienne conseillère de Nicolas Sarkozy, est investie dans la 6e circonscription des Hauts-de-Seine, un fief acquis à la droite. Marine Brenier, députée LR sortante des Alpes-Maritimes, est aussi investie. Cette proche du maire de Nice, Christian Estrosi, avait quitté les LR fin avril.

Elle n’est pas députée mais était candidate LR en 2017, avant de quitter le parti lors des municipales : Emmanuelle Haziza est candidate dans le Rhône pour le compte d’Horizons. Le maire ex-LR d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, lui aussi membre du parti d’Edouard Philippe, sera candidat en Corse. En Seine-et-Marne, un autre proche d’Edouard Philippe, le maire de Fontainebleau, Frédéric Valletoux, est aussi candidat pour les législatives.

Reste un gros point d’interrogation, qui devrait être levé lors de la quatrième vague d’investitures attendues d’ici la fin de journée : le cas de Damien Abad. Celui qui n’est autre que le président du groupe LR de l’Assemblée s’est abstenu lors d’un vote interne aux LR, après la présidentielle, déclarant l’indépendance du parti face au macronisme. Il a aussi été reçu à l’Elysée par le député (ex-LR) et conseiller d’Emmanuel Macron, Thierry Solère. En fin de semaine dernière, sa candidature sous les couleurs de la majorité semblait cependant moins probable. Mais ce lundi, il n’y a toujours pas de candidat investi dans sa circonscription de l’Ain…

Enfin, constat de ces investitures : le « deal » qu’a cherché à vendre Nicolas Sarkozy, à savoir que des députés LR sortants n’auraient pas de candidat marcheur en face d’eux, s’ils soutenaient Emmanuel Macron, a fait un flop. Il faut dire que les règles claires et pour le moins strictes, définies par les proches du Président, n’ont pas aidé. Jeudi dernier, le président de l’Assemblée, Richard Ferrand, a prévenu qu’il faudra « soutenir le projet présidentiel sans réserve », être dans « une logique majoritaire de construction » et, surtout, « rejoindre une des formations » (Renaissance, Modem ou Horizons) pour qu’un député LR ait l’investiture.

Et à gauche ?

On compte quelques personnalités issues de la gauche parmi les investitures, mais peu. Le gros des troupes était arrivé en 2017. Le plus médiatique est Manuel Valls, ancien premier ministre socialiste, qui avait cependant rejoint LREM dès 2017, avant de tenter une aventure politique à Barcelone, sans succès. Il sera candidat dans la cinquième circonscription des Français de l’étranger. Mais Stéphane Beaugé, le député sortant, ne l’entend pas de la sorte et maintient sa candidature.

En Côte-d’Or, un adjoint au maire ex-PS, François Rebsamen, est investi. Il s’agit de Benoit Bordat, membre de Cap 21, le parti écologiste de Corinne Lepage. François Rebsamen a créé la Fédération progressiste pour soutenir Emmanuel Macron avec l’objectif de présenter quelques candidats aux législatives.

A noter que l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, un ancien socialiste, a tenté d’obtenir jusqu’à ce week-end l’investiture dans le Rhône, selon Politico et Lyon Mag. Mais en vain.

Et aussi des conseillers, des cadres LREM

Parmi les investis, on retrouve sans surprise le délégué général de LREM/Renaissance, Stanislas Guerini, à Paris, ou le patron des députés marcheurs, Christophe Castaner, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Paul Midy, directeur général de LREM, et ancien de McKinsey, est candidat dans l’Essonne face au mathématicien Cédric Villani, qui s’était présenté en dissident lors des municipales à Paris. A noter aussi que le sénateur de Paris, Julien Bargeton, est candidat dans la capitale dans la circonscription qu’avait conquise Pierre Person. Mais celle-ci devrait être difficile à conserver.

Hadrien Ghomi, secrétaire général du groupe RDPI (LREM) du Sénat, un proche de son président, François Patriat, est candidat dans la 8e circonscription de Seine-et-Marne. Elle est laissée vacante par le député LREM Jean-Michel Fauvergue, l’ancien chef du Raid, qui ne se représente pas.

On trouve aussi des proches d’Emmanuel Macron ou des conseillers, comme le collaborateur David Amiel (Paris), le maire ex-LR de Poissy, Karl Olive (Yvelines), les conseillers politiques Jérôme Peyrat (Dordogne) et Thierry Solère (Hauts-de-Seine), ou encore l’économiste et conseiller du premier ministre, Marc Ferracci, dans la 6e circonscription des Français de l’étranger. Arthur Empereur, jeune conseiller en communication digital de Jean Castex, 31 ans, est lui candidat en Savoie.

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