« Les constats, nous les connaissons » : le Sénat auditionne François Braun, à la tête de la mission flash sur la crise de l’hôpital

« Les constats, nous les connaissons » : le Sénat auditionne François Braun, à la tête de la mission flash sur la crise de l’hôpital

En plein mouvement social, les sénateurs convoquent François Braun, à qui Emmanuel Macron a confié une mission d’urgence. Le médecin doit recenser en un mois les carences de l’hôpital et formuler des solutions. Un travail similaire a pourtant été conduit il y a deux mois par la commission d’enquête sénatoriale.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Deux ans se sont écoulés depuis le Ségur de la santé, et force est de constater que la situation de l’hôpital en France reste extrêmement tendue et préoccupante. L’été s’annonce à haut risque, dans un contexte de fermetures ou de réductions d’activité dans plusieurs services d’urgence. Ce 7 juin, une journée de mobilisation et de grève a été lancée à l’appel de neuf organisations syndicales et collectifs. Ces représentants des soignants, épuisés par les sous-effectifs chroniques, alertent à nouveau sur les dangers d’un système de santé proche de l’asphyxie. « Hôpital désespérément maltraité : il va y avoir des morts », mettent-ils en garde dans un communiqué commun.

Leurs revendications demeurent « inchangées » depuis 2019. Ils demandent notamment des recrutements supplémentaires et immédiats, pour permettre un « ratio de personnel adapté à la charge de travail ». Les syndicats plaident pour une « revalorisation générale » des salaires, pour « rattraper les dix ans de blocage », ainsi qu’une prise en compte du travail durant la nuit et les week-ends. Outre un renforcement « significatif » des moyens financiers dédiés à l’hôpital, un arrêt de la fermeture des établissements et de services est exigé.

Le malaise prégnant des personnels hospitaliers n’a pas laissé l’Elysée indifférent. En réaction, Emmanuel Macron a annoncé le 31 mai une « mission flash », d’une durée d’un mois, pour « dès cet été apporter des réponses très fortes pour consolider nos urgences dans cette période ». Elle est conduite par François Braun, président du syndicat Samu-Urgences de France (SUdF). Son rapport, attendu au plus tard le 1er juillet, devra notamment dresser une cartographie des manques et des pénuries de professionnels de santé et recenser les difficultés traversées par les soignants.

« Que va nous apprendre une nouvelle mission ? »

L’initiative a été jugée de mauvais goût à la commission des affaires sociales, qui a eu l’occasion de travailler plusieurs mois sur cette problématique, en multipliant les auditions. Au lendemain de l’annonce présidentielle, la sénatrice Catherine Deroche (LR) qui préside la commission, et auteure du rapport de la commission d’enquête sur l’hôpital, s’est étonnée du lancement d’une énième mission. « Les constats, nous les connaissons et nous avons rendu fin mars le rapport de la commission d’enquête sur l’hôpital après quatre mois de travaux. Que va nous apprendre une nouvelle mission ? Que l’hôpital manque d’infirmiers, de manipulateurs radio, de kinés ? Nous le savons. Que la médecine de ville doit être rapidement mobilisée pour soulager l’hôpital ? Nous l’avons recommandé. Que le Gouvernement utilise nos travaux, ce sera du temps gagné pour l’hôpital ! » a-t-elle réagi.

La sénatrice du Maine-et-Loire appelle donc à se saisir sans tarder des préconisations formulées par le Sénat, dont beaucoup font écho aux revendications des soignants, comme la revalorisation des gardes de nuit et des week-ends. La commission sénatoriale recommandait par ailleurs de mieux coordonner la permanence des soins par les médecins généralistes, de recruter en urgence des infirmiers afin de soulager les services d’urgence.

La parlementaire s’étonne surtout « que le recensement des besoins établissement par établissement, territoire par territoire, jugé impossible par le ministère quand le Sénat le réclamait, soit désormais annoncé dans le mois par le Président de la République. » En février, une audition de la direction générale de l’offre de soins (DGOS), dépendante du ministère de la Santé, s’était crispée sur ce point en particulier.

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le